L’entreprise, pro-active dans la gestion du compte personnel de formation

L’entreprise, pro-active dans la gestion du compte personnel de formation

20.05.2016

Gestion du personnel

Selon le baromètre annuel de la formation professionnelle en Europe, dévoilé hier par le groupe Cegos, les entreprises reprennent la main sur le compte personnel de formation. Elles complètent la prise en charge des Opca et permettent aux bénéficiaires de se former sur le temps de travail.

Alors que le compte personnel de formation (CPF) est conçu comme un droit individuel, attaché à la personne et non plus au contrat de travail, il devient de plus en plus un outil au service de l’entreprise, selon le baromètre annuel de la formation professionnelle en Europe, dévoilé hier, par le groupe Cegos. 44% des 120 DRH et responsables de formation sondés accompagnent leurs salariés dans la mobilisation de ce droit : instruction des dossiers de prise en charge, conseils dans le choix des formations… A tel point que l’entreprise est devenue la première source d’information sur le sujet, bien avant les médias, les opca ou encore les conseils en évolution professionnelle. Et ce, sans même avoir internalisé la gestion du dispositif.

Budgets en berne

L’intérêt des responsables de formation est double : tout d’abord, 38% considèrent le CPF "comme un levier pour la professionnalisation et la qualification des salariés de leur entreprise". Surtout, "avec la fin de la mutualisation, ils ont dû revoir leurs budgets formation à la baisse",  alerte Mathilde Bourdat, experte Cegos du management de la formation. C’est ce que confirment 47% des DRH des entreprises de plus de 2 000 salariés. La suppression du 0,9% au titre du plan de formation limite, de fait, le mécanisme de redistribution à l’œuvre avant la réforme. D'où l'idée de récupérer cette manne supplémentaire au service de l’employabilité des salariés intra-muros.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Co-construction ou détournement?

Le Cnefop (Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles), dénonçait, pourtant, en avril dernier, ce type de procédé : certaines entreprises en quête d’optimisation financière transférant les formations obligatoires, traditionnellement financées par le plan de formation, vers le CPF. Soit un "détournement des objectifs initiaux du dispositif", observaient les auteurs du rapport. Mais pour Mathilde Bourdat, cette intrusion des RF dans la gestion du CPF n'est pas négative puisque les "attentes des collaborateurs rencontrent les besoins de l’entreprise".

Co-financement

D'ailleurs, les DRH ne lésinent pas sur les moyens. 60% des entreprises ont, d’ores et déjà, permis aux bénéficiaires de suivre des actions de formation sur leur temps de travail. L’accord préalable de l’employeur est, en effet, nécessaire pour les formations suivies en tout ou partie pendant les heures de bureau. En outre, 43% des entreprises complètent le financement du CPF pour les coûts qui ne sont pas pris en charge par l’Opca. Un effort qui va bien au-delà des intentions initiales. L’an passé, seuls 27% des RF y étaient favorables. Enfin, la plupart des entreprises apportent leur quote-part dans la prise en charge des frais d’inscription et de transport.

Principaux bénéficiaires : les mieux armés

Reste que tous les salariés ne partagent pas le même engouement pour le CPF. Sans surprise, les plus mobilisés sont les cadres et les moins de 35 ans, c'est-à-dire les "mieux armés". 38% d’entre eux ont choisi une formation éligible. Mais les autres? Le risque étant que le "CPF rate sa cible principale, à savoir les publics les plus fragiles dans l’emploi", avertit Mathilde Bourdat. Ainsi, si 65% des salariés disent avoir bénéficié d’un entretien professionnel depuis mars 2014, seuls 36% des ouvriers y ont eu droit.

Anne Bariet
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