La CFE-CGC hausse le ton

La CFE-CGC hausse le ton

02.10.2019

Gestion du personnel

Alors que le congrès électif de la CFE-CGC se déroulera les 9 et 10 octobre prochains, François Hommeril, le président de la CFE-CGC, a raillé hier le positionnement "réformiste" de certains syndicats qui interdit toute critique des réformes.

A quelques jours du 37e congrès électif de la CFE-CGC, qui se tiendra à Deauville les 9 et 10 octobre prochains, François Hommeril, président de la confédération depuis 2016, et Gérard Mardiné, secrétaire national en charge des questions économiques, de l’emploi, de la RSE, ont porté un jugement sévère sur les réformes en cours mené par l’exécutif. L’acte II du quinquennat, défini, le 12 septembre, par Edouard Philippe par "plus de dialogue avec les corps intermédiaires" reste, à leurs yeux, encore très théorique.

" Une stratégie qui porte ses fruits"

Le congrès de Deauville devrait confirmer le tournant protestataire du syndicat. "La CFE-CGC poursuit son développement sur le terrain. Nos résultats aux élections professionnelles le démontrent. Notre stratégie porte ses fruits", a ainsi déclaré, hier, François Hommeril devant l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis). Il revendique 147 000 adhérents "à jour de cotisation", contre 145 668 en 2018 et 144 147 en 2017.

"Depuis le 2 juin 2016, ma volonté est de sortir de la case réformiste. Etre réformiste c’est avoir une assignation à résidence qui interdit toute critique des réformes".

François Hommeril s'est ainsi félicité d'avoir permis à la CFE-CGC de conquérir "cette forme d'indépendance qui nous permet aujourd'hui d'assumer l'entièreté de nos positions, en fonction de nos propres éléments d'analyse et non pas d'une appartenance à tel ou tel camp idéologique qu'on nous aurait imposé de l'extérieur".

"Une réforme des retraites inutile"

Et les motifs de mécontentement sont nombreux. A commencer par la future réforme des retraites. Si François Hommeril salue le travail de Jean-Paul Delevoye, "qui devait servir de base à une négociation", il craint, en revanche, que les derniers revirements du gouvernement, à savoir une référence à une durée de cotisation plutôt que la définition d’un âge pivot, sème le trouble dans les futures concertations.

"Aujourd’hui, l’entrée dans la carrière se fait en moyenne à 25 ans pour les cadres. Avec 43 ans de cotisations obligatoires, comme cela est déjà prévu, ça fait une retraite à 67 ans. Donc un âge pivot à 64 ans, c’était plus favorable !".

La CFE-CGC ne jouera pas pour autant la politique de la chaise vide. "A ce stade, on continue d’honorer les rendez-vous". Il reconnaît toutefois avoir "un problème de relations avec le gouvernement". François Hommeril reste toutefois convaincu qu’il s’agit d’une "réforme inutile et dangereuse". Il revendique une vision pragmatique, en corrigeant les injustices des différents régimes de retraite, plutôt que d’imposer un système universel.

Assurance chômage : un recours devant le Conseil d'Etat

De même, la réforme de l’assurance chômage passe mal. Le syndicat a d’ailleurs, à l’instar de la CGT et de FO, déposer un recours devant le conseil d’Etat pour contester le décret instaurant une dégressivité des allocations chômage pour les cadres ayant un revenu de travail supérieur à 4 500 euros brut.

Loi Pacte: renforcer la place des administrateurs salariés

Autre dossier dans le viseur du syndicat : la loi Pacte. "Nous appelons à une gouvernance plus responsable", indique, de son côté, Gérard Mardiné. Autrement dit, à "une prise en compte de l’ensemble des parties prenantes". Il s’agit ici de renforcer la place des administrateurs salariés et de rendre plus engageante la prise en compte de critère sociaux, environnementaux et responsables. "En la matière, les éléments de formulation qui figurent dans la loi Pacte sont de nature cosmétique. La « raison d’être », par exemple, a été introduite dans le code civil mais elle n’y est que de manière facultative". A la place, les "guidances" financières et les perspectives de rentabilité à trois ou cinq ans sont toujours à l’œuvre dans les entreprises. Avec à la clef, une "maximisation des profits des actionnaires" qui porte aujourd’hui l’économie et "génère de la souffrance au travail".

Négociation sur l’encadrement

Durant ces derniers mois, la CFE-CGC s’est également opposée à la réforme de la formation de 2017 et notamment à la nouvelle version du CPF. "Ce n’est pas une application supplémentaire sur un smartphone qui pourra (permettre à un individu) de choisir en un clic son avenir professionnel", a ironisé François Hommeril qui dénonce "un gadget". Surtout, il s’inquiète de l’orientation donnée par la loi qui tend vers "un système d’individualisation des droits". Or, "nous ne croyons pas à l’individualisation des droits à la CFE-CGC". Les bénéficiaires seront, à son avis, "ceux qui en ont le moins besoin". En clair, les mieux formés.
Mais le syndicat catégoriel est aussi attendu sur la négociation interprofessionnelle sur l’encadrement, débutée fin 2017. La défense de cette catégorie de personnel est, de fait, un leitmotiv du syndicat. Compte tenu de cette particularité, elle ne peut faire l’impasse sur le sujet. D’autant que la fusion des régimes de retraite Agirc-Arrco a rebattu les cartes. Or, les discussions sont au point mort, le Medef ayant annulé plusieurs séances de discussion. Un enjeu pourtant d’importance pour le syndicat. Et même une véritable "raison d’être".

 

Les thématiques du congrès de Deauville
Le congrès doit aussi être un temps fort de débats. Avec trois grandes thématiques : "l'encadrement, la qualité de vie au travail et l'environnement de travail, et enfin l'impasse à laquelle nous mène la gestion par les coûts".

 

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Anne Bariet
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