La COP26 pointe les limites de certaines pratiques économiques

La COP26 pointe les limites de certaines pratiques économiques

15.11.2021

Environnement

La vingt-sixième conférence des parties s’est soldée samedi 13 novembre par un accord politique a minima. Avec quelques messages clés envoyés aux acteurs économiques, parfois par le biais de coalitions de pays qui veulent avancer plus vite, parfois via des messages de la société civile qu’il n’est plus possible de ne pas entendre.

Urgence et espoir. Au lendemain de la COP26, réunie en Écosse du 30 octobre au 13 novembre 2021, le principal message des uns et des autres semble copié-collé des précédentes grandes conférences internationales.

Selon les scientifiques, le cru 2021 n’est pas bon. Le "pacte de Glasgow" se contente de quelques recommandations. Plafonner le réchauffement climatique à 1,5 degrés est désormais une "chimère", pour reprendre l’expression de François Gemmene, l’un des auteurs du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Hôte de ces lieux, le président britannique de la COP, Alok Sharma, s’est senti obligé de s’excuser en clôturant les débats. Avec une émotion palpable. Comme chaque année, il n’est pourtant pas inutile d’aller gratter derrière le vernis pour comprendre que des engagements, des décisions voire des non-décisions devraient impacter la vie des industriels.

Le greenwashing pointé du doigt

Qualifiée par beaucoup d’observateurs de "COP des lobbies", la conférence de Glasgow a d’abord mis en évidence les limites de certaines pratiques de communication. Avec plus de 500 représentants, l’industrie fossile était tout simplement la principale délégation en Écosse.

La COP26 a par ailleurs servi de tribune à de nombreuses entreprises comme Amazon qui s’est engagée à compenser l’ensemble de ses émissions d’ici 2040. "Ce discours grandiloquent détourne l'attention et lui permet de ne rien changer à son modèle économique. En réalité, les émissions d'Amazon ont augmenté de 19 % l'année dernière", souligne-t-on chez Les amis de la terre. Pour chaque entreprise, pour chaque secteur, attention à cette tentation de ne rien changer. Et à l’illusion qui consiste à penser que cela ne se verra pas.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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Gouvernement et entreprises, même combat

Plusieurs coalitions se sont organisées à Glasgow. La France s’est alliée à une centaine de pays pour "stopper et inverser la déforestation et la dégradation des terres d’ici 2030".

Les entreprises devront y prendre leur part. D’abord en soutenant des projets de reforestation et compenser ainsi leurs émissions (sans tomber dans le piège du syndrome Amazon). Ensuite en évaluant plus systématiquement et plus précisément l’impact de leur activité sur la déforestation "importée", celle dont on se rend coupable par négligence, par exemple en consommant de l’huile de palme et autre bois issu de forêts qui ne sont pas gérées durablement.

Cette nécessité de changer infuse. Huit grandes écoles de commerce mondiales se sont engagées mercredi 10 novembre à promouvoir l’impératif climatique dans le monde des affaires. Parmi elles, deux françaises : l’Insead et HEC Paris.

Chasse au méthane

Parallèlement, "plus de cent pays ont rejoint le Global methane pledge", se félicite le ministère de la Transition écologique. Objectif : réduire de 30 % les émissions du deuxième gaz à effet de serre après le CO2. Et ce, d’ici 2030. Fin octobre, l’Ineris (institut national de l'environnement industriel et des risques)a publié une étude montrant que les installations de méthanisation avaient tout intérêt à lutter contre les fuites de méthane. Les sites qu’elle a étudiés relâchent à l’atmosphère entre 0,1 et 3 % du biogaz produit du fait de raccords mal serrés ou d’équipements abimés.

Mieux, l’institut a constaté que des manipulations basiques permettaient de réduire ces fuites de 75 à 95 %. Parallèlement, la réglementation s’est durcie et va continuer à le faire sur les gaz d’effluents, dits off-gaz, obtenus après l’épuration et qui contiennent principalement du dioxyde de carbone… mais aussi un résidu de méthane qu’il va falloir apprendre à valoriser.

Des directions à suivre

Si la Chine et l’Inde n’ont pas voulu entériner la fin du recours au charbon, le sort des énergies fossiles semble scellé, ce qui n’était pas si évident il y a quelques années encore. En rejoignant une trentaine de pays déjà engagés à ne plus apporter de soutiens financiers au projets étrangers visant à valoriser du charbon, du pétrole ou du gaz à partir de la fin 2022, la France a cédé vendredi 12 novembre à la pression de la société civile… Bien plus tardivement que l’Allemagne ou les États-Unis par exemple, mais en promettant d’aller plus loin.

L’accord international exclut les installations avec séquestration de CO2, jugés acceptables. La France, qui s’était déjà engagée à cesser tout financement pour le charbon, puis pour le pétrole (2025), puis pour le gaz (2035), promet de revoir sa trajectoire pour aller plus vite, y compris sur les projets avec séquestration. Même si les ONG rappellent que le diable se cache dans les détails, le message adressé aux acteurs économiques est clair. Il n’est plus raisonnable d’investir dans les énergies fossiles.

Olivier Descamps

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