La future loi PACTE permettra-t-elle la résiliation à tout moment des contrats de prévoyance ?
24.01.2019
Gestion du personnel

Le 18 décembre dernier, lors de la réunion organisée à l’Elysée avec les organismes de complémentaire santé sur le Reste à charge zéro, les pouvoirs publics évoquaient leur volonté d’assouplir les conditions de résiliation des contrats de prévoyance (prévoyance lourde et frais de santé), individuels et collectifs.
{{widget type="EL\AddLe 18 décembre dernier, lors de la réunion organisée à l’Elysée avec les organismes de complémentaire santé sur le Reste à charge zéro, les pouvoirs publics évoquaient leur volonté d’assouplir les conditions de résiliation des contrats de prévoyance (prévoyance lourde et frais de santé), individuels et collectifs.
Gestion du personnel
La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :
- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.
L’idée est simple : à l’instar des contrats d’assurance automobile et habitation, le gouvernement veut permettre aux particuliers (contrats individuels) et aux entreprises (contrats collectifs) de résilier leur contrat de prévoyance à tout moment, après un an d’adhésion.
Un projet d’amendement en ce sens sera prochainement déposé au projet de loi PACTE, actuellement discuté au Sénat.
Sans attendre ce dépôt, le Comité technique des institutions de prévoyance (Ctip), la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) et les confédérations syndicales ont fait connaître leur profonde hostilité à cet assouplissement.
Le Ctip alerte le gouvernement sur la probable augmentation des frais de gestion que ne manquerait pas d’engendrer un turn-over important des contrats. Il juge également la durée de préavis de dénonciation incompatible avec la négociation des contrats collectifs.
Remarque : aujourd’hui, l’entreprise peut résilier son contrat de prévoyance tous les ans en envoyant une lettre recommandée à son assureur au moins 2 mois avant la date d’échéance anniversaire. Ce préavis de 2 mois est-il maintenu ? Devra-t-il être augmenté ? Il est vrai que, en cas de changement d’assureur de contrats collectifs, la reprise d’un certain nombre d’engagements doit faire l’objet d’une négociation (revalorisation des rentes en cours de service, prise en charge de la garantie décès des malades et invalides).
La FNMF ajoute que cette mesure réduirait « les mécanismes de mutualisation et solidarité » et mettrait à mal le mécanisme du tiers payant.
Remarque : plus précisément, l’inquiétude des mutuelles portent sur la tentation des entreprises présentant un risque faible ou modéré d'aller chercher auprès d'un assureur concurrent des tarifs plus bas que ceux négociés au sein de leur branche, entraînant ainsi une hausse des tarifs de la branche. Mais elles pouvaient déjà le faire depuis l’interdiction des clauses de désignation de l’assureur. L’assouplissement des règles de résiliation accélérera-t-il ce mouvement ?
Dans un courrier adressé à la ministre des Solidarités et de la Santé en date du 23 janvier, les 5 confédérations nationales considèrent que, s’appuyant sur une décision récente du comité européen des droits sociaux, cette mesure restreint considérablement leur droit constitutionnel de négocier librement. Elles demandent à être reçues rapidement par la ministre.
Remarque : saisi d’une réclamation collective déposé par Force Ouvrière après l’invalidation du Conseil constitutionnel des clauses de désignation d’un organisme assureur par les branches en matière de protection sociale complémentaire, le Comité européen des droits sociaux (CEDS), organe préposé à l’interprétation de la Charte Sociale Européenne, a conclu que l’interdiction ces clauses était contraire à l’article 6 § 2 de la Charte Sociale Européenne relatif au droit de la négociation collective (CEDS, déc., 3 juill. 2018, n° 118/2015, rendu publique le 26 nov. 2018). Rappelons toutefois que les décisions prises par le CEDS dans le cadre d’une réclamation collective ne sont pas exécutoires dans l’ordre juridique interne ; elles sont purement déclaratives.
Des voix dissonantes se sont toutefois faites entendre. Certains assureurs, tout comme l’UFC-Que Choisir, considèrent cette mesure progressiste, pointant le doigt sur les difficultés réelles qu’éprouvent bon nombre d’assurés en cas de résiliation de tels contrats. Une difficulté accrue pour les entreprises souhaitant changer d’organisme gestionnaire de leur régime prévoyance. Notons toutefois que la Fédération française de l’assurance (FFA) n’a pas encore communiqué sur le sujet.
A l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse le 22 janvier, la ministre des Solidarités et de la Santé, Madame Agnès Buzyn, a confirmé cette volonté gouvernementale : le principe d’une résiliation infra-annuelle sera bien inscrit dans la loi PACTE. Elle a précisé toutefois que les modalités exactes de la mise en œuvre de cette mesure n’étaient pas encore cadrées. Si cette résiliation infra-annuelle était a priori possible pour les contrats individuels et les contrats collectifs, cette question, indique-t-elle, fait encore l’objet de travaux et les modalités de sa mise en œuvre effective seront regardées en concertation avec les complémentaires. Le débat est donc ouvert.
Reste à savoir ce qu’en diront les sénateurs.
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