Après une érosion sur la période 2009/2013, la rentabilité des structures d'expertise comptable et d'audit légal exerçant en France a plutôt tendance à s'améliorer. Cela tient notamment à une meilleure maîtrise des charges de personnel. Explications.
Les faits sont têtus. Depuis 2014, ils montrent que la rentabilité des cabinets comptables en France s'améliore. Un retournement de tendance après un cycle défavorable qui coïncide — mais y-a-t-il un lien de cause à effet ? — avec l'après-crise financière de 2008. Tel est notre diagnostic, établi sur la base des informations brutes fournies par l'Insee (voir dans l'encadré ci-dessous la méthodologie). Ainsi, le taux de bénéfice net (bénéfice net/chiffre d'affaires) est à la hausse. Descendu à 8,6 % en 2013, il est remonté à 10,39 % en 2016 — nous ne disposons pas de données plus récentes —, soit une progression de 1,79 point qui le replace au niveau atteint en 2008. Sur cette même période 2013/2016, la tendance est également positive pour le taux de résultat d'exploitation (résultat d'exploitation / chiffre d'affaires) qui gagne 1,41 point et pour le taux de résultat courant (résultat courant / chiffre d'affaires) qui progresse de deux points, ce dernier indicateur retrouvant ainsi presque son niveau de 2008. La rentabilité des capitaux propres (bénéfice net / capitaux propres) s'améliore elle aussi sur cette même période mais de façon beaucoup moins marquée (+ 0,52 point).
Quelles sont les pistes d'explication à la lecture de ces informations de l'Insee ? La première tient probablement aux charges de personnel. Leur part dans le chiffre d'affaires baisse de 0,74 point entre 2013 et 2016. Cela peut provenir de l'effet du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (Cice) et/ou d'une meilleure maîtrise (hors Cice) des frais de personnels. Rappelons que le Cice a été mis en place grosso modo sur cette période. Fixé à 4 % des salaires de 2013 éligibles, son taux a été porté à 6 % de 2014 à 2016. Une autre raison réside dans la progression du résultat financier. Mais ce phénomène, qui se manifeste essentiellement en 2016, est très curieux. Il reflète à la fois une explosion des produits financiers (ils sont passés de 491 millions d'euros en 2015 à 1 493 millions d'euros en 2016) et des charges financières (elles sont passées de 152 millions d'euros en 2015 à 1 064 millions d'euros en 2016).
Bien qu'orientés à la hausse, deux indicateurs restent toutefois à un niveau encore inférieur à celui de 2009 — nous ne disposons pas, contrairement aux autres indicateurs, des données 2008. C'est le cas du taux de résultat d'exploitation et de la rentabilité des capitaux propres. Enfin, ces données ne reflètent que des moyennes qui, de plus, n'ont pas été retraitées et peuvent donc inclure des situations atypiques. Elles peuvent donc — théoriquement — cacher des rentabilités différentes selon les cabinets comptables, notamment selon leur taille.
Comment calculer la rentabilité des cabinets comptables en France ? |
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Pour notre étude, nous nous sommes basés sur les données de l'Insee issues du secteur des activités comptables (code Naf 69.2). Ces activités englobent notamment les services de tenue comptable, de vérification comptable, d’établissement financier, d’audit financier, de paie, d’établissement d’attestations ou encore de conseil fiscal (voir le document pour la liste des activités incluses). Le secteur des activités comptables comprend toutes les entreprises et rien que les entreprises dont l’activité principale est comptable, c’est-à-dire appartenant à l'activité Naf 69.2. Cela intègre exclusivement les structures d’expertise comptable (y compris les AGC), d’audit légal et les organismes de gestion agréés. La notion de branche d’activité regroupe quant à elle des entreprises et des parties d'entreprises qui produisent la même catégorie de prestations (ou de biens). Cela signifie que la branche activités comptables prend en compte non seulement l'activité comptable réalisée par les cabinets comptables, libéraux comme associatifs, ainsi que celle des entreprises qui ne relèvent pas du secteur comptable — ces dernières entreprises peuvent appartenir au secteur conseil en gestion, à l'édition de logiciel ou bien être une société qui facturerait une activité comptable à une entité de son groupe. Le périmètre du secteur est donc plus adapté que celui de branche pour analyser spécifiquement les cabinets d'expertise comptable et/ou d'audit légal des comptes. Nous avons choisi, en fonction des données disponibles, les indicateurs qui nous semblent les plus pertinents. Il faut toutefois être prudent car la méthodologie de l'Insee a changé sur cette période et les données peuvent donner lieu à des révisions. Depuis 2012, les données sont établies au niveau des entreprises (notion économique) et non plus au niveau des unités légales. |