La robotisation fait évoluer les compétences recherchées

La robotisation fait évoluer les compétences recherchées

17.01.2017

Gestion du personnel

Si moins de 10% des emplois existants sont menacés par l’automatisation et la robotisation, ce sont près de la moitié des emplois qui sont susceptible de se transformer. Les compétences recherchées pourraient aussi évoluer. C'est le constat que fait le Conseil d'orientation de l'emploi (COE) dans une étude publiée jeudi.

Le rapport du Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) tombe à pic ! Alors que la question de la robotisation est revenue en force dans le débat de la présidentielle, le COE a publié la semaine dernière son rapport "Automatisation, numérisation et emploi". Peut-on craindre une raréfaction du travail dans les années à venir, au point de devoir changer de modèle, comme le prédit Benoit Hamon ? Le COE se montre plus nuancé.

Des métiers amenés à disparaitre, d'autres à évoluer

Le COE, à la différence d’autres organismes, se refuse à fournir des chiffres précis en matière de destruction d'emplois ; il préfère formuler des "ordres de grandeur". Le Conseil estime ainsi que moins de 10% des emplois pourraient être "exposés" par l'automatisation et la robotisation. Tandis que près de 50% des emplois pourraient voir leur "contenu évoluer". Et ce, même si pour l'heure, la France affiche un retard en matière d'utilisation des outils numériques et de robotisation de l'outil de production industrielle. Un retard qui devrait toutefois se réduire au cours des prochaines années, pronostique-t-il.

Parmi les emplois "exposés", le COE identifie 30 métiers surreprésentés, avec une prédominance de métiers manuels et peu qualifiés, notamment de l’industrie. "C’est le cas par exemple des ouvriers non qualifiés des industries de process qui sont 5 fois plus nombreux parmi les emplois concernés, par rapport à l’emploi total. C’est le cas également des ouvriers non qualifiés de la manutention qui sont 4,1 fois plus nombreux dans les emplois exposés que dans l’emploi total", constate le COE.

Parmi les emplois "susceptibles d’évoluer", le COE liste 34 métiers surreprésentés. "Si les métiers manuels et peu qualifiés de l’industrie sont toujours assez représentés, on peut souligner ici la présence de davantage de métiers des services. C’est le cas par exemple des employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration qui sont 1,7 fois plus nombreux dans les emplois susceptibles d’évoluer, par rapport à l’emploi total. C’est également le cas des aides à domicile et aides ménagères qui sont 1,6 fois plus nombreux dans les emplois susceptibles d’évoluer, par rapport �� l’emploi total", explique le rapport.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Des suppressions d'emplois compensées ?

Les suppressions d'emplois seront-elles compensées par la création de nouveaux emplois ? Si le COE se montre optimiste dans le secteur du numérique, il n'en est pas de même dans le secteur de la robotique.

"Les perspectives de créations de postes dans le secteur du numérique dans les années à venir devraient continuer à être dynamiques, même si elles restent conditionnées par un certain nombre de facteurs", prédit le rapport. Parmi les écueils identifiés, les difficultés que rencontrent les entreprises pour recruter des salariés disposant des compétences requises notamment s'agissant des ingénieurs et cadres d'étude en matière de R & D.

"Au‐delà de cet aspect purement quantitatif, les métiers de l’informatique devraient fortement évoluer d’ici à 2018 (montée en puissance des systèmes ouverts, émergence du big data, déploiement du web, essor de l’informatique embarquée, offshoring) ce qui impliquera des besoins en compétences nouvelles ou fortement enrichies", estime le COE.

En revanche, dans le secteur de la robotique, les créations d’emploi envisageables sont nettement plus limitées compte tenu principalement de la faible taille du secteur. Des créations d'emploi pourraient toutefois émerger du fait de l'essor des objets connectés, mais aussi de la robotique personnelle domestique.

Des compétences qui évoluent

Au-delà des suppressions ou de créations d'emploi, ce sont les compétences mêmes, celles qui sont recherchées, qui pourraient bien évoluer. Le COE pronostique un "essor des compétences analytiques et interactives exigées au travail", sans oublier les compétences transverses, à savoir la gestion de projet, la capacité à travailler au sein d’équipe pluridisciplinaire, la capacité à développer un réseau ou à communiquer avec des collègues ou des clients, la bonne compréhension de la stratégie d’entreprise ou bien encore la prise en compte des enjeux commerciaux notamment.

Le coût de la robotisation

Le COE pointe toutefois une autre question qui pèsera dans la balance des entreprises : celle de la rentabilité économique de l'automatisation et de la robotisation. "Ces nouvelles technologies requièrent souvent des investissements initiaux pour les entreprises. Leurs montants constituent des barrières à l’entrée significatives, ou peuvent se révéler plus onéreux que ceux des salaires versés aux travailleurs".

Florence Mehrez
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