La sédentarité, un risque professionnel méconnu

La sédentarité, un risque professionnel méconnu

20.10.2021

Gestion du personnel

Les problèmes de santé liés à une position assise sans interruption sont spécifiques aux situations de travail et ne sont pas compensés pas le sport, explique Frédéric Dutheil, chef du service Santé au travail du CHU de Clermont-Ferrand et chercheur au CNRS, spécialiste des questions de sédentarité qu’il souhaiterait voir mieux prises en compte.

De quoi parle-t-on quand on évoque la sédentarité ?

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Selon la définition scientifique internationale, la sédentarité c’est toute position assise ou allongée, sans dormir, avec une dépense énergétique inférieure à 1,5 MET (metabolic equivalent of task), le Met étant l’unité de mesure de l’activité physique. Pour faire simple, c’est rester assis ou allongé sans dormir, sans faire d’activité physique. Or, les études au niveau international ont montré que nous ne sommes sédentaires que dans la vie professionnelle, c’est un risque professionnel. Pour ces études, on a fait porter des actimètres à des cohortes de travailleurs en continu pendant une semaine. Les résultats sont sans équivoque : nous ne sommes pas sédentaires dans notre vie de loisirs, il y a toujours des interruptions de sédentarité. Même quand vous regardez la télé, vous vous levez pour ouvrir la porte au chat ou pour lui donner du lait, pour vous laver les dents ou boire un verre d’eau. Le travail est la seule condition où il n’y a pas ou très peu d’interruptions de sédentarité. Beaucoup de salariés restent assis plusieurs heures de suite pendant leur journée de travail et certains mangent même devant leur ordinateur pour rendre un travail urgent.  

Quels problèmes de santé pose le fait de rester assis trop longtemps sans interruption ?  

La sédentarité est la première cause de mortalité évitable dans les pays développés, elle est passée devant le tabac en 2012. Concrètement, elle modifie le cycle du cholestérol, provoquant un relargage de cholestérol plus important qui va boucher les petites artères du cerveau et du cœur, d’où des accidents vasculaires cérébraux, des infarctus du myocarde, des problèmes de cécité. La sédentarité crée aussi une inflammation chronique de l’organisme - la balance pro- et anti-inflammatoire est dérégulée - ce qui peut produire de l’hypertension artérielle, fragiliser les artères et majorer le risque d’infarctus.

Le sport à côté du travail peut-il compenser la sédentarité ?

Non, car la sédentarité n’est pas l’inactivité physique, ce sont deux notions différentes. L’inactivité consiste à faire moins que les 30 minutes d’activité physique par jour recommandées par l’Organisation mondiale de la santé. La sédentarité, c’est rester assis ou allongé sans production de mouvement. Ce sont deux risques totalement indépendants. Vous pouvez très bien passer votre journée au travail assis pendant 8 ou 9 h et aller faire un marathon le soir, ce que font beaucoup de cadres. La journée ils travaillent principalement sur informatique et n’interrompent pas leur sédentarité, le soir ils font un footing pour se défouler en pensant que c’est bon pour leur santé. Oui, c’est bon, mais cela ne compense pas leur sédentarité de la journée. Les études montrent qu’une personne qui reste assise plus de 6 heures par jour mais qui court tous les jours a exactement la même mortalité qu’une personne qui reste assise moins de 3 heures par jour mais ne fait pas d’activité physique. Cela peut paraître surprenant, mais l’homo erectus n’est pas fait pour être assis, il est fait pour être debout. Le point positif, c’est qu’il est très facile de changer les comportements quand on comprend la nocivité de la sédentarité.   

Qu’est-ce qu’on peut préconiser aux entreprises et aux salariés qui travaillent assis la plupart du temps ?

Ce qui est primordial, c’est que les gens soient informés et comprennent la pathologie. Nous en sommes au tout début des études interventionnelles, les premières datent de 2016. La seule étude qui a été faite a comparé deux groupes d’individus. Les premiers restaient assis pendant 8 heures sans interruption. Les autres se levaient 5 minutes toutes les 30 minutes, sans même marcher, ils restaient juste debout. Le résultat est que ceux qui se levaient présentaient une glycémie inférieure de 34 % par rapport aux autres, et une sécrétion d’insuline inférieure de 38 %. De plus, ces effets bénéfiques perduraient puisque 24 heures plus tard, on observait toujours une différence importante entre les deux groupes, alors que certains avaient fait du sport entre-temps et d’autres pas. Mais comme c’est la seule étude dont nous disposons, on ne peut pas donner de recommandations plus précises sur la fréquence et la durée des interruptions de sédentarité. Le conseil à donner, c’est de se lever le plus fréquemment possible.

La sédentarité est un risque qui n’est absolument pas pris en compte. Quand on aura compris son importance, on trouvera des solutions. Dans les bureaux, on peut supprimer les imprimantes individuelles pour obliger les gens à bouger, ou installer des bureaux modulables en hauteur. En Australie où j’ai longtemps travaillé, ce type de bureaux est la norme. La doyenne d’une des premières universités du pays m’a reçue avec son bureau modulable en position debout. C’est impensable en France. Evidemment il n’est pas question de rester debout pendant 8 heures car cela pose d’autres problèmes. L’être humain a besoin de variété, de changements de mouvements, de tâches, de positions.

Fanny Doumayrou
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