Le bilan vert pâle du G7

27.08.2019

Environnement

L'Amazonie a volé la vedette aux autres questions environnementales, notamment celle portant sur la lutte contre le changement climatique.

Après deux jours d'échanges au sein du Groupe des sept (v. notre article du 23 août 2019 "Les attentes environnementales du G7"), les dirigeants ont exprimé officiellement leurs points d'accord sur le commerce, l'Iran, l'Ukraine, la Libye et Hong Kong dans une déclaration finale.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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En matière d'environnement, c'est la proposition d'aide financière pour l'Amazonie qui a occupé le devant de la scène : peu avant la clôture du sommet, Emmanuel Macron a annoncé, à l'occasion d'une conférence de presse conjointe avec le Président de la République du Chili, la décision commune de débloquer une aide d'urgence de 20 millions d'euros, principalement afin d'y envoyer des avions bombardiers d'eau Canadair basés dans le secteur. Le chef de l'Etat a aussi annoncé le "soutien militaire français dès les prochaines heures dans la région". Le G7 est également tombé d'accord sur un volet d'aide à moyen terme destiné à la reforestation, qui devrait être présenté à l'Assemblée générale des Nations Unies fin septembre. La réponse brésilienne ne s'est pas faite attendre : "nous remercions [le G7 pour son offre d’aide], mais ces moyens seront peut-être plus pertinents pour la reforestation de l’Europe", a déclaré le chef de cabinet du président Jair Bolsonaro.

 
Dernière minute du 27 août : le Président Bolsonaro s'est finalement dit "ouvert" à une aide financière "d'organisations étrangères et même de pays" pour lutter contre les incendies en Amazonie, à condition de contrôler les fonds.

 

Des ONG, rassemblées au sein du réseau Action Climat (RAC) ont réagi à la clôture du sommet et ont notamment déploré l'absence d'avancée sur la question du climat :

  • le Réseau Action Climat (RAC) : "hormis l’annonce à l’oral (...) du doublement de la contribution de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France au Fonds vert, la déclaration finale du G7 reste entièrement muette sur le climat. Le Président de la République a misé sur des initiatives "vitrines" destinées à pallier l’absence de volonté des pays du G7 de se mettre sur une trajectoire compatible avec l’accord de Paris" ;
  • Greenpeace France : "le climat n’est même pas mentionné dans la déclaration finale des chefs d’Etat : c’est un échec diplomatique. Emmanuel Macron s’est malheureusement borné à agiter des initiatives anecdotiques, comme sur la mode ou le transport maritime. Il aurait fallu obtenir des résultats sur la rehausse des objectifs climatiques à 2030 de ces pays qui comptent à eux seul pour 20% des émissions de CO2, et des engagements clairs sur la sortie des énergies fossiles" ;
  • CARE France : "si les pays du G7 ont choisi de venir au chevet de l’Amazonie, ils ont oublié que stopper les incendies et planter massivement des arbres ne sera pas la solution miracle pour compenser les 10 milliards de tonnes de CO2 qu’ils relâchent chaque année dans l’atmosphère. Parmi les pays les plus pollueurs de la planète, les pays du G7 ont raté l’opportunité du sommet de Biarritz pour s’engager chacun à augmenter leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre avant 2020. C’est un échec cinglant pour la France, garante de l’accord de Paris. Ce G7 fait aussi l’impasse sur la manière dont ses membres vont stopper toute subvention aux industries fossiles d’ici 2025 qui représentent 100 milliards de dollars par an. Non seulement il est urgent d’y mettre fin mais aussi de taxer l’extraction des énergies fossiles pour dégager des financements conséquents pour aider les populations les plus vulnérables à s’adapter aux impacts du changement climatique, y compris dans les pays du Sud" ;
  • Fondation Nicolas Hulot : "si l’annonce d’aider les pays amazoniens à éteindre les feux qui ravagent actuellement l’Amazonie par les pays du G7 est nécessaire, elle est clairement insuffisante car elle ne traite pas le problème à la racine. Les pays qui continuent d’importer les produits qui sont à l’origine de la déforestation doivent prendre des mesures commerciales urgentes et exigeantes. La décision d’Emmanuel Macron de ne pas ratifier l’accord de commerce avec les pays du MERCOSUR doit être complétée par des sanctions commerciales dès maintenant sur les produits agricoles concernés à savoir la viande de bœuf et le soja" ;
  • Oxfam France : "malgré les nombreux discours sur la lutte contre les inégalités et sur l’urgence d’agir contre le changement climatique, le sommet du G7 n’aura permis que des résultats minimes qui finiront rapidement dans les abîmes de l’Histoire. (...) Seul point positif : les annonces financières du Royaume-Uni et de la France qui reconnaissent ainsi l’importance du Fonds vert pour le climat ​pour les populations vulnérables dont les besoins pour s’adapter aux conséquences des changements climatiques sont criants" ;
  • CCFD-Terre Solidaire : "nous sommes face à un G7 qui, d’un côté, dénonce des brasiers amazoniens résultant de l’appétit de l’agro-industrie pour des terres agricoles et qui, de l’autre, promulgue des initiatives volontaires mettant les multinationales agro-industrielles sur le devant de la scène. Ce G7 prétend lutter contre les inégalités, mais il n’a pas daigné évoquer les négociations en cours aux Nations Unies visant à contraindre les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement".
Martine Tudez, Code permanent Environnement et nuisances
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