Le ministère du travail ouvre le chantier de la reconnaissance des travailleurs "de deuxième ligne"

Le ministère du travail ouvre le chantier de la reconnaissance des travailleurs "de deuxième ligne"

08.11.2020

Gestion du personnel

Le ministère du travail a ouvert, vendredi, les discussions autour d'une meilleure reconnaissance des travailleurs "de deuxième ligne", ceux qui, lors du confinement, ont continué à travailler pour assurer la continuité de la vie économique et sociale. La mission chargée des travaux a deux mois pour établir des indicateurs permettant d'identifier les salariés concernés et d'ouvrir des négociation dans les branches.

Alors que la France était confinée au printemps dernier, eux ont continué à travailler avec le risque sanitaire que cela représentait afin d'assurer la continuité de la vie économique et des besoins essentiels de la société : caissiers, agents de propreté, livreurs, éboueurs,... Autant de métiers qui pêchent pourtant par un manque de reconnaissance. La crise sanitaire a donc été l'occasion de mettre sur le devant de la scène les conditions de travail et le manque de reconnaissance que subissent ces "travailleurs de la deuxième ligne", terme qui devrait d'ailleurs évoluer, le ministère du travail reconnaissant lui-même qu'il n'est pas forcément approprié. Réclamé depuis le printemps par les organisations syndicales, ce chantier s'ouvre enfin. 

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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La mission confiée à Christine Erhel, économiste du travail et de l’emploi et chercheuse, et à Sophie Moreau-Follenfant, directrice générale adjointe en charge des ressources humaines au sein de la société RTE, travaillera en étroite coordination avec les partenaires sociaux, au niveau interprofessionnel d'abord, puis dans un second temps avec les branches. L'idée n'est en effet pas d'aboutir à un ANI, même si la question pourra se poser si les négociations de branches achoppent, mais bien de trouver des mesures appropriées à chacun des secteurs concernés. 

La première séance, qui s'est tenue ce vendredi, a permis d'élaborer une méthode et un calendrier. 

Identifier les indicateurs des métiers de "deuxième ligne"

La première étape qui débute dès à présent consiste à définir objectivement les travailleurs concernés via l'élaboration de critères. Il s'agira ensuite, sur la base de ce tableau de bord d'indicateurs partagés, d'objectiver leurs conditions de travail afin de permettre la comparaison, qu'il s'agisse des rémunérations, des conditions de travail, de l'accès à la formation professionnelle, des classifications, des transitions professionnelles et de la mobilité ou bien encore de leur évolution de carrière. Le but : identifier et quantifier au maximum les déficits de reconnaissance que rencontrent ces métiers. 

L'idée est donc d'abord de construire une méthode objective et rigoureuse, suffisamment solide pour permettre ensuite de bâtir des solutions secteur par secteur. 

Ce chantier pourra entraîner la remise en cause de modèles économiques, d'autant plus, que s'agissant majoritairement d'emplois non délocalisables, ils ne sont pas soumis à la concurrence internationale. Le ministère du travail a bien conscience que ces secteurs représentent autant de gisements d'emplois et que, derrière la question de la reconnaissance c'est aussi l'attractivité des emplois qui se profile.

Trouver des solutions secteur par secteur

Ce n'est que dans un troisième temps, au premier trimestre 2021, que les branches concernées seront sollicitées. "Un travail propre à chacun de ces secteurs et conforme à l'équilibre économique et à l'écosystème de chacune de ces branches" sera ainsi réalisé, indique-t-on au ministère du travail. Le groupe paritaire de travail suivra de près les négociations de branches avec des réunions au moins une fois tous les deux mois.

Mais les branches sont-elles disposées à effectuer ce travail ? "Certaines qui sont concernées ont une volonté d'avancer", assure-t-on au sein du ministère du travail. Tout en reconnaissant "qu"il est nécessaire d'impulser quelque chose au niveau interprofessionnel et que les pouvoirs publics se saisissent eux-mêmes d'une partie du sujet". Le ministère va même plus loin estimant qu'il s'agit de "[sa] responsabilité de travailler avec les branches en faisant ce travail préalable d'objectivation afin que les branches se sentent obligées moralement de négocier". En effet, pas question de créer pour autant une nouvelle obligation de négocier qui supposerait de modifier la loi et ferait perdre du temps. 

D'autant que certaines organisations syndicales estiment que la mission arrive un peu tard. Le ministère du travail rétorque qu'il ne s'agit pas de prendre des mesures dans l'urgence mais "de se donner le temps d'une méthode pour régler ces problèmes de manière structurelle". 

Florence Mehrez
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