Le modèle de l’expert-comptable certifié peut-il réussir en France ?

Le modèle de l’expert-comptable certifié peut-il réussir en France ?

19.04.2016

Gestion d'entreprise

Le président de l’éditeur de logiciel comptable Itool Systems estime avantageux pour le client final que de nouveaux acteurs référencent les experts-comptables. S’agit-il d’un fantasme ou de l’expression d’un visionnaire ?

"La capacité pour une start-up à référencer les experts-comptables selon de nombreux critères (adresse, notation, spécialité, prix, disponibilité, ancienneté) apporterait un réel avantage au client final. Et comme Booking ou Tripadisor/La Fourchette, l’impact à moyen terme est évident : la relation clients est coupée entre le client et le cabinet par la plate-forme qui devient à la fois la marque de référence et le pourvoyeur de nouveaux clients. C’est une défragmentation du marché à prévoir". Grégoire Leclerc, président de l’éditeur de logiciel de comptabilité Itool Systems, une filiale d'EBP, vient de jeter un pavé dans la marre. Dans un article consacré à l’ubérisation de la profession comptable, il prévoit l’émergence d’un modèle qui reviendrait à certifier les experts-comptables.

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Des professionnels certifiés Quickbooks aux Etats-Unis

D’une certaine façon, ce modèle existe aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, l’éditeur de logiciel Intuit propose aux entrepreneurs de les mettre en relation avec des professionnels certifiés pour son logiciel Quickbooks. Il revendique référencer 20000 certified Quickbboks proadvisors qui sont généralement des experts-comptables mais aussi — précision importante — des comptables, des teneurs de comptes ou des conseillers pour petites entreprises.

Ce modèle existe-t-il en France ? A notre connaissance, pas en tant que tel. Est-ce que cela pourrait changer, comme le laisse à penser Grégoire Leclerc ? La question se pose d’autant plus que Quickbooks s’est installé récemment dans l’hexagone. De plus, les prémices de ce modèle apparaissent sans que l’on sache vraiment quelle en est l’ampleur. Certains sites proposent de mettre en relation des entrepreneurs avec des experts-comptables mais «seulement» par la fourniture de devis en ligne (lire notre article). C’est le cas de Campaneo, Cherchecomptable.fr ou encore 1001expertscomptables.com. Ils revendiquent référencer respectivement 300, 150 et 450 professionnels du chiffre libéraux en France.

Commentaires sur les avocats publiés en ligne

Dans d’autres secteurs, le référencement en ligne de professionnels se développe. Cela concerne surtout le business to consumer (B to C) à l’image de ce que propose Tripadvisor. Plus récemment, certains sites se sont lancés dans la mise en relation de clients et de professionnels réglementés, comme le montre l’étude intitulée La profession va-t-elle se faire ubériser ?, réalisée par Les Moulins, un think thank financé par Intuit. Or, certaines de ces professions réglementées s’adressent (notamment) aux entreprises, c’est-à-dire cette fois-ci également au business to business (B to B). C’est le cas surtout pour les prestations d'avocats. Alexia propose ainsi aux particuliers et, théoriquement, aux entreprises des avocats référencés selon plusieurs critères dont celui du domaine d’activité. Mais dans les faits, le site s’adresse surtout aux particuliers. Les fiches pratiques et les questions résolues mises en avant sur la page d’accueil concernent exclusivement ce type de clientèle. On y trouve aussi un classement des avocats par spécialité — par exemple "les avocats les plus actifs en changement d’état civil ces 60 derniers jours" — sur la base du nombre de problèmes résolus. Cette méthodologie pose question, notamment en termes de pertinence. Les réponses des avocats et les commentaires des utilisateurs sont publiés en ligne.

Autre exemple, celui d’Avostart, un service en ligne lancé fin 2015 pour mettre en relation avocats et clients particuliers comme, théoriquement, entreprises. Pour chaque avocat, le site précise son (ses) domaine (s) de compétence et le nombre d’années d’exercice dans la profession. Mais aucune notation ni commentaire d'utilisateur ne sont publiés en ligne. Pourtant, Avostart voulait, à l’origine, juger les avocats. Alors, existera-t-il un marché pour référencer en ligne les experts-comptables exerçant en France ?

Ludovic Arbelet
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