Le rapport glaçant du GIEC sur l'océan et la cryosphère

30.09.2019

Environnement

Fonte des glaces, élévation du niveau de la mer, réchauffement et acidification de l'océan... autant de dégradations d'écosystèmes qui démultiplient les risques pesant sur les populations. Le GIEC le répète : il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre !

Approuvé le 24 septembre 2019 par les 195 Gouvernements membres du GIEC, le Rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique (IPCC Special report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate) livre de nouveaux constats plus qu'alarmants et souligne l'urgence de prendre les mesures opportunes pour réagir.
Précision : la cryosphère est le nom donné aux régions gelées de notre planète : neige, glaciers, calottes glaciaires et plates-formes de glace, icebergs, glace de mer (banquise), glace de lac et de rivière, ainsi que pergélisol et sol gelé saisonnier.
À l'instar du précédent rapport sur les sols (v. notre actualité du 21 août 2019 "L'importance des sols dans la lutte contre le changement climatique"), voilà un ouvrage qui devrait indiscutablement nourrir les prochaines négociations sur le climat et l’environnement, notamment celles de la COP25 qui se tiendra au Chili en décembre.
Fonte des glaces, réchauffement et acidification de l'océan, élévation du niveau de la mer, intensité des phénomènes extrêmes...

Au cours des dernières décennies, le réchauffement planétaire a entraîné un rétrécissement généralisé de la cryosphère, avec une perte de masse des calottes glaciaires et des glaciers, une réduction de la couverture neigeuse et de la glace marine arctique, ainsi qu'une augmentation de la température du permafrost.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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Depuis 1970, l'océan mondial s'est réchauffé sans relâche et a absorbé plus de 90 % de l'excès de chaleur dans le système climatique. En absorbant plus de CO2, l'océan a subi une acidification de surface croissante. il est également devenu moins fécond.

Le rapport acte également que le niveau moyen de la mer à l'échelle mondiale est en hausse, avec une accélération au cours des dernières décennies, en raison notamment des pertes de glace des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique.

En outre, l’intensification des vents et de la pluie associés aux cyclones tropicaux exacerbe les valeurs extrêmes du niveau de la mer et les aléas côtiers.

La grande fragilité des communautés côtières et de haute montagne

Selon le rapport, les populations des régions montagneuses sont de plus en plus exposées aux aléas et à la diminution de l’eau disponible.

Les glaciers, la neige, la glace et le pergélisol sont en déclin et continueront de l’être. Selon les projections, ce recul devrait accroître les risques pour les populations, par exemple les aléas tels que les glissements de terrain, les avalanches, les chutes de pierres et les inondations. Et la fonte de la cryosphère en haute montagne continuera d’avoir des répercussions négatives sur les loisirs, le tourisme et les biens culturels.

Les communautés côtières sont quant à elles exposées à de multiples dangers liés au climat, notamment les cyclones tropicaux ou encore les inondations. Selon le rapport, certains États insulaires pourront devenir inhabitables, mais les seuils d’habitabilité demeurent très difficiles à évaluer. Certaines communautés côtières ont prévu de se réinstaller ailleurs.

Des phénomènes qui n'iront qu'en s'amplifiant

La perte de masse des glaciers à l'échelle mondiale, le dégel du pergélisol et la diminution de la couverture de neige et de l'étendue de la glace de mer arctique devraient se poursuivre à court terme (2031-2050) en raison de la hausse de la température de l'air en surface.

Au cours du XXIe siècle, le rapport prévoit que l'océan passera à des stades sans précédent avec des températures plus élevées, une plus grande stratification de sa couche supérieure, une acidification accrue, un déclin de l'oxygène.

Les vagues de chaleur marines et les phénomènes El Niño et La Niña extrêmes devraient devenir plus fréquents.

La circulation de retournement méridien de l'Atlantique (AMOC) devrait s'affaiblir.

Des événements extrêmes du niveau de la mer qui sont historiquement rares (une fois par siècle dans un passé récent) devraient se produire fréquemment (au moins une fois par an) à de nombreux endroits d'ici 2050, particulièrement dans les régions tropicales.

L'augmentation prévue de l'intensité des cyclones tropicaux et des précipitations aggravera le niveau extrême des mers et les risques côtiers.

Pour les écosystèmes sensibles tels que les prairies d'herbiers marins et les forêts de varech, des risques élevés sont prévus si le réchauffement planétaire dépasse de plus de 2°C la température préindustrielle, combinés à d'autres risques liés au climat.

Les coraux d'eau chaude sont déjà à haut risque et devraient passer à un risque très élevé, même si le réchauffement planétaire est limité à 1,5°C.

Le rapport prévoit également que les changements futurs de la cryosphère sur les terres affecteront les ressources en eau et leur utilisation, comme l'hydroélectricité.

Comment s'adapter ? En émettant moins !

Pour favoriser la résilience aux changements climatiques et le développement durable, le GIEC préconise de réduire d'urgence et de manière ambitieuse les émissions de gaz à effet de serre.

Le renforcement de la coopération et de la coordination entre les autorités gouvernementales est fondamental. L'éducation et la connaissance du climat, le suivi et la prévision, l'utilisation de toutes les sources de connaissances disponibles, le partage de l'information et des connaissances ou encore la lutte contre la vulnérabilité sont également essentiels.

Le rapport donne également des preuves des avantages qu’il y a à associer les connaissances scientifiques et les savoirs locaux et autochtones, afin de développer des options appropriées pour gérer les risques liés au changement climatique.

►Retrouvez le Résumé à l’intention des décideurs, une fiche d’information et les documents se rapportant au rapport (en anglais) sur une page dédiée du site du GIEC (IPCC).

Camille Vinit, Code permanent Environnement et nuisances
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