"L'absentéisme va continuer à progresser en 2022"

"L'absentéisme va continuer à progresser en 2022"

27.06.2022

Gestion du personnel

Selon le courtier en assurances, Verlingue, qui publie aujourd’hui son premier baromètre, le taux d’absentéisme a atteint 5,5% en 2021. En 2022, il devrait progresser de 0,1 point, en raison de plusieurs "facteurs aggravants". A commencer par les pénuries de main-d’œuvre et les conditions de travail des salariés âgés.

Les arrêts de travail ne faiblissent pas. Selon l’étude du courtier en assurances spécialisé dans la protection des entreprises, Verlingue, réalisée auprès d’une base de données de près de 300 000 salariés et dévoilée aujourd’hui, le taux d’absentéisme a atteint 5,5 % en 2021, contre 4,8 % en 2019 (5,7 % en 2020). Le baromètre prend en compte les maladies ordinaires, les accidents du travail et les maladies professionnelles, les mi-temps thérapeutiques, issues des données des Déclarations sociales nominatives des clients du cabinet, enrichies par des sources Opendata (de santé, économiques et climatiques).

Une moyenne de 38,8 jours par salarié

Globalement, la durée moyenne annuelle d’absence est de 38,8 jours par salarié en 2021 (contre 36,2 jours en 2019). Et plus d’un tiers des salariés a posé au moins un arrêt dans l’année 2021. Un résultat supérieur aux années précédentes (35 % en 2019). 91 % des arrêts ont pour motif la maladie ordinaire. Toutefois, le poids des mi-temps thérapeutiques bien que mineur (3 % des arrêts) a doublé depuis 2019.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

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- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
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Cadres : des arrêts plus longs

Des disparités existent néanmoins. Par catégorie socio-professionnelle, tout d’abord. Les arrêts ont davantage concerné les ouvriers et les employés que les cadres et les agents de maîtrise, avec un taux d’absentéisme de 7,1% pour les premiers et de 3,1 % pour les seconds. Il n’empêche. "Les cadres ont eu des arrêts plus longs en 2021, en moyenne 30,2 jours en 2021, pointe Laurence Abiven, directrice actuariat, au sein du cabinet de courtage. Avec pour corolaire une augmentation de 14 % du coût de l’absentéisme, ente 2018 et 2021, pour cette catégorie".

Ensuite, les salariés âgés sont plus absents (9 % pour les plus de 60 ans, contre 5,4 % pour les 40-45 et 4,6 % pour les 30-35 ans).

A noter également : le taux d’absentéisme des moins de 25 ans est de 4,5 % quant celui des 25-30 ans est inférieur (4,2 %).

Par sexe, enfin, les arrêts touchent davantage les femmes que les hommes (6,8 %, contre 4,6 %).

Autres constats : les salariés titulaires d’un CDD sont moins en arrêt que ceux en CDI. Le taux d’absentéisme fluctue également avec l’ancienneté. Il grimpe ainsi à 6,3 % pour ceux qui affichent plus de 10 ans d’ancienneté alors qu’il se stabilise à 3,1 % pour ceux qui ont moins d’un d’expérience dans l’entreprise.

La santé et l’agroalimentaire, deux secteurs fortement pénalisés

Côté secteur d’activité, la santé et de l’agroalimentaire, exposés au premier plan de la crise Covid, décrochent la palme des arrêts de travail avec respectivement des taux de 7,7 % et 7,1 %. Le BTP présente aussi une forte augmentation (4,2 %) mais avec un absentéisme qui reste inférieur aux autres secteurs. Seuls les services ont retrouvé un niveau d’absentéisme similaire à l’avant Covid.

Par région, si l’Ile-de-France affiche un taux d’absentéisme inférieur à la moyenne nationale (4,1 %), notamment en raison d’une surreprésentation des cadres, le Sud et les Hauts-de-France voient leurs scores grimper avec des taux respectifs de 6,7 % et de 6,1 %.

Les PME et ETI plus affectées

Enfin côté structure, toutes les entreprises ont connu des revers ; les PME et les ETI ayant été plus affectées que les grandes sociétés.

"Si les TPE comme les grands groupes affichent des taux d’absentéisme plus bas, les entreprises de taille intermédiaire présentent un taux plus élevé, souvent en raison de l’absence de politiques de prévention.
Les salariés peuvent percevoir leur rôle comme plus valorisant dans les TPE et la couverture sociale complémentaire souvent moins protectrice peut également avoir un effet dissuasif. A l’inverse, dans les grandes entreprises, les politiques de prévention mises en place portent leurs fruits : l’amélioration des conditions de travail, la gestion des carrières ou encore l’aide au retour à l’emploi après un congé maladie y sont souvent plus développés", observe Jean-Marc Esvant, directeur général adjoint de Verlingue.

"Facteurs aggravants"

Reste que si l’année 2021 fut, comme 2020, atypique, la progression des arrêts de travail est bien réelle, estime le courtier qui table sur un taux d’absentéisme, à 5,6%, en 2022, en hausse par rapport à 2021. Sans toutefois prendre en compte une éventuelle sixième vague de Covid. Pour Jean-Marc Esvant, "on ne reviendra pas à la situation antérieure de 2019". "Plusieurs facteurs aggravants expliquent ces prévisions. A commencer par les tensions sur l’emploi qui accroîtrait la charge de travail des équipes, faute de candidats disponibles".

En outre, les entreprises restent à la traîne sur les conditions de travail des seniors. D’où la nécessité pour le courtier de "réfléchir au temps de travail, à l’aménagement des postes, aux horaires, aux conditions de travail mais aussi à la question managériale".

La pandémie a aussi révélé l’émergence d’une période de fragilité mentale. Un sujet encore tabou dans l’entreprise. En septembre 2021, plus de 25 % des Français estimaient que leur bien-être mental s’était dégradé avec la crise.

Pour les deux experts, il n’y a toutefois pas de solution toute faite. "Les DRH n’ignorent pas le sujet mais peinent à déployer des mesures de prévention pour infléchir la tendance". "C’est d’une parfaite compréhension de la situation que découle les solutions les plus appropriées, propres à chaque entreprise".

Un coût moyen de 85 euros par jour d’absence

Il y a urgence. Car pour les entreprises la facture est salée. Le coût du maintien de salaire 2021 est estimé en moyenne de 85 euros par jour d’absence et de 3 293 euros par an par salarié absent. Ce qui représente 3,3 % de la masse salariale, en hausse de 27 %  par rapport à 2018. Sans compter les coûts indirects (coût de remplacement, perte de productivité) qui pourraient alourdir, selon le courtier, de "deux à quatre fois" les coûts directs.

 

Anne Bariet
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