Le télétravail accroît les pratiques addictives

Le télétravail accroît les pratiques addictives

03.11.2020

Gestion du personnel

Selon une enquête d’Odoxa réalisée auprès de quelque 3 000 personnes pour GAE conseil, le télétravail entraîne un risque accru de développer des pratiques addictives. Quelques clefs pour se prémunir !

Drogues, médicaments, alcool, écrans... Le télétravail, développé à grande échelle durant la période de confinement, n’est pas sans risque sur les pratiques addictives. 41 % des salariés sondés estiment que le travail à distance présente des risques d’hyperconnexion ou de consommation plus forte de tous les produits psychoactifs. C'est ce que dévoile un sondage d’Odoxa réalisé auprès de 3 002 personnes, salariés, managers, télétravailleurs, pour GAE conseil, spécialisé dans la prévention des pratiques additives, et dévoilé aujourd’hui.

Les addictions étaient déjà la bête noire des DRH. 31 % des salariés et 41 % des managers affirment, en effet, que ces pratiques sont fréquentes dans leur entourage professionnel et personnel. Mais l’isolement social, le stress, la surcharge de travail, ressentis en travaillant à distance, rajoutent de la tension et ravivent le risque de telles conduites chez les salariés. De même, la difficulté à marquer la frontière entre vie professionnelle et vie privée ou encore l’incertitude économique sont susceptibles de faire plonger plus d’un collaborateur.

Tous les secteurs sont concernés

Et si jusqu’ici les addictions étaient l’apanage de certains secteurs - le transport, l’industrie et la construction en raison de la péniblité du travail - "le phénomène se banalise désormais dans tous les milieux professionnels notamment le secteur bancaire, des médias, des bureaux d’études, ou encore les professions libérales", alerte Alexis Peschard, addictologue, président de GAE Conseil.

Et c’est là que le bât blesse : ces secteurs n’ont aucune culture de la prévention. "Ils ne craignent aucun risque majeur par rapport à leur activité professionnelle : ni d’engin dangereux à manipuler, ni d’usager à transporter. Le phénomène est donc renvoyé à une question d’ordre privée plutôt que collective".

Le confinement rebat les cartes de cette interprétation. Tout le monde peut être concerné. Avec en tête des risques, l’hyperconnection (81 % d’avis favorables), le tabac (75 %), l’alcool (66 %). Puis la consommation du cannabis (38 %), de médicaments (34 %) ou d’autres drogues (35 %).

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Des managers à la peine

Pour prévenir et réduire les consommations à risque des salariés, les managers sont en première ligne. 77 % des personnes sondés indiquent ainsi qu’ils doivent redoubler de vigilance. Or, beaucoup sont démunis. "Ils se tournent rarement vers les services RH ou uniquement quand la situation devient ingérable", poursuit Alexis Peschard. Une démarche qui s’explique principalement par la crainte d’une mesure disciplinaire ultérieure suite à une remontée d’information. De même, les services prévention santé-sécurité et la médecine du travail sont peu sollicités.

Mesures ciblées

Mais comment identifier les personnes à risques ? "En télétravail, nous voyons moins les gens, donc nous sommes moins sensibles aux difficultés. La détection devient plus difficile", poursuit Alexis Peschard qui se souvient d’une personne piégée par un taux d’alcoolémie très élevé au moment d’une visio-conférence organisée… à l’improviste en fin de journée.

Parmi les mesures à mettre en place, l’addictologue recommande tout d’abord des mesures ciblées, c’est-à-dire qui visent à agir directement auprès de la personne ayant des problèmes d’addictions. Par exemple, en encourageant les visio-conférences plutôt que de simples coups de fil, en adaptant les objectifs sur le court terme, en lui laissant la possibilité de parler de son vécu… "Est-il à l’aise avec les outils numériques mis à sa disposition" ? "Le télétravail ne doit être en aucun cas un prétexte ou une excuse pour ne pas aborder le sujet".

Attention toutefois à ne pas être dans une approche de contrôle, jugée "contre-productive".

Mesures collectives

Au-delà, les mesures collectives ne sont pas à négliger. Avec à la clef, "une communication sur l’impact du travail à distance et la santé psychologique, le rappel du règlement intérieur notamment en ce qui concerne la consommation d’alcool ou de stupéfiant au travail". Des règles qui s’appliquent, dans le cas du confinement, au domicile du salarié. La formation ou encore l’élaboration d’une chartre sur le télétravail sont également perçues comme des actions positives.

Dans les prochains jours, comme au début du printemps, des cellules de soutien psychologique refleuriront également. D’ores et déjà, Alexis Peschard redoute des rechutes. "Les pathologies risquent cette fois d’être plus graves car les gens ont peur de revivre le traumatisme vécu lors du premier confinement".

Anne Bariet
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