Légère amélioration de la rentabilité des cabinets comptables en France

18.02.2021

Gestion d'entreprise

Le taux de bénéfice net du secteur comptable a augmenté en 2018 d'environ 0,5 point de pourcentage, selon nos calculs issus des dernières données de l'Insee. Cette performance tient essentiellement au résultat financier. La rentabilité de l'exploitation est stable.

Il n'y a pas de paupérisation de la profession comptable en France. En tous cas pas au niveau agrégé. Et pas jusqu'en 2018, année la plus récente pour laquelle les données de tout le secteur comptable sont publiquement disponibles. C'est ce que montrent nos calculs issus des dernières informations diffusées par l'Insee pour l'ensemble des entités appartenant au code Naf 69.2 des activités comptables (voir ci-dessous la méthodologie et le graphique).

Stabilité

Schématiquement, les cabinets se trouvent, sur les deux années 2017/2018, plutôt dans une phase de stabilité de leur rentabilité relative. Ils avaient connu une amélioration de leur rentabilité entre 2014 et 2016 laquelle succédait à une détérioration entre 2009 et 2013.

Toutefois, en 2018, le taux de bénéfice net (bénéfice net/chiffre d'affaires) progresse d'environ 0,5 point de pourcentage. Ce signe encourageant ne tient pas à l'amélioration de la rentabilité de l'exploitation. Le taux de résultat d'exploitation (résultat d'exploitation/chiffre d'affaires) est en effet stable. On peut néanmoins noter un très léger mieux du taux d'excédent brut d'exploitation (excédent brut d'exploitation/chiffre d'affaires) lequel progresse de 0,12 point de pourcentage. L'amélioration du taux de bénéfice net provient en fait essentiellement du résultat financier. Un phénomène qui s'explique surtout par la progression relative des produits financiers, la baisse de la part de charges financières étant peu prononcée.

 

Source : Insee (Esane) / calculs actuel-expert-comptable ; (1) pour les années 2008 à 2011, les données que nous avons retenues sont celles au niveau des unités légales ; pour les années 2012 à 2016, les données que nous avons retenues sont celles partiellement au niveau des entreprises (notion économique) ; (2) pour les années 2016 à 2018, les données que nous avons retenues sont celles entièrement au niveau des entreprises (notion économique)

Externalisation

Il est également intéressant de relever l'existence, depuis 2017, d'évolutions relatives à la "main d'oeuvre". Bien que son coût total — ce coût comprend le coût du personnel, celui du personnel extérieur à l'entreprise et celui de la sous-traitance mais n'intègre pas les éventuels achats d'études et prestations de services (compte 604) car l'information n'est pas disponible — soit quasiment stable en valeurs relatives, sa répartition a évolué. Le coût du personnel interne à l'entreprise a diminué (2018/2016) de 1,2 point de pourcentage de chiffre d'affaires. Une baisse compensée par une augmentation du coût de la sous-traitance (+ 0,65 point de pourcentage de chiffre d'affaires) et du coût du personnel extérieur à l'entreprise (+ 0,62 point de pourcentage). Bref, la part (dans le chiffre d'affaires) de la main d'oeuvre extérieure à l'entreprise augmente.

 

Source : Insee (Esane) / calculs actuel expert-comptable. Les charges sont exprimées en pourcentage de chiffre d'affaires. Le coût de la "main d'oeuvre" n'intègre pas les éventuels achats d'études et prestations de services (compte 604) car l'information n'est pas disponible.

Comment calculer la rentabilité des cabinets comptables en France ?

Pour notre étude, nous nous sommes basés sur les données de l'Insee issues du secteur des activités comptables (code Naf 69.2). Ces activités englobent notamment les services de tenue comptable, de vérification comptable, d’établissement financier, d’audit financier, de paie, d’établissement d’attestations ou encore de conseil fiscal (voir Icône PDFle document pour la liste des activités incluses).

Le secteur des activités comptables comprend toutes les entreprises et rien que les entreprises dont l’activité principale est comptable, c’est-à-dire appartenant à l'activité Naf 69.2. Cela comprend exclusivement les structures d’expertise comptable (y compris les AGC), d’audit légal et les organismes de gestion agréés et éventuellement certains autres prestataires de ce secteur telles qu'une entreprise dont l'activité principale est la paie (hors édition de logiciel).

La notion de branche d’activité regroupe quant à elle des entreprises et des parties d'entreprises qui produisent la même catégorie de prestations (ou de biens). Cela signifie que la branche activités comptables prend en compte non seulement l'activité comptable réalisée par les cabinets comptables, libéraux comme associatifs, ainsi que celle des entreprises qui ne relèvent pas du secteur comptable — ces dernières entreprises peuvent appartenir au secteur conseil en gestion, à l'édition de logiciel ou bien être une société qui facturerait une activité comptable à une entité de son groupe. Le périmètre du secteur est donc plus adapté que celui de branche pour analyser spécifiquement les cabinets d'expertise comptable et/ou d'audit légal des comptes. Nous avons choisi, en fonction des données disponibles, les indicateurs de rentabilité qui nous semblent les plus pertinents.

Changement de méthodologie

Il faut toutefois être prudent car la méthodologie de l'Insee a changé sur cette période. Précédemment, l'Insee indiquait que, depuis les données sectorielles portant sur 2012, celles-ci étaient établies — théoriquement — au niveau des entreprises (notion économique) et non plus au niveau des unités légales. Mais en réalité ce n'est que depuis fin 2019 que l'Insee diffuse, pour la première fois, entièrement les données sur les secteurs d'entreprise pour 2017 selon la définition de l'entreprise au sens économique (les données pour 2016 ont également été ajoutées à des fins de comparaison). Cela signifie que cet institut de la statistique prend désormais en compte la structure des groupes de sociétés afin de constituer des entreprises au sens économique (lire les explications ici), ce qui n'était fait auparavant que par exception pour certains groupes. Le groupe est défini dans ce contexte comme un ensemble de sociétés liées entre elles par des participations au capital et parmi lesquelles l'une exerce sur les autres un pouvoir de décision étant précisé que pour l'Insee une filiale est une unité légale détenue à plus de 50 % par une autre unité légale. La généralisation de cette nouvelle méthodologie donne lieu à la consolidation de certaines données dites non additives (le chiffre d'affaires, les achats, les créances, les dettes, etc.) lorsqu'elles représentent des flux internes à l'entreprise.

 

Ludovic Arbelet

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