Les entreprises font partie des premières cibles de la culture woke et de la cancel culture par le truchement des réseaux sociaux. Comment répondre à ces attentes ? Comment prévenir le risque réputationnel ?
« À l’origine, le wokisme est un terme très positif qui renvoie à la lutte contre les inégalités raciales et sociales aux États-Unis », a rappelé la journaliste Anne de Guigné au cours de la table-ronde intitulée “Risque réputationnel : culture woke et cancel culture” organisée dans le cadre des Débats du Cercle Montesquieu, le 1er juin dernier à Paris. Or, le terme comporte désormais une connotation assez négative en France. « Les critiques portent sur les dernières mutations essentialistes et communautaristes du wokisme », a-t-elle expliqué. Ainsi, si « les entreprises doivent être vigilantes sur les discriminations, elles ne doivent pas entrer dans des logiques communautaristes comme aux États-Unis », a déclaré la journaliste, auteur du livre Le capitalisme woke.
Le wokisme et la cancel culture menacent-ils le droit comme fondement de la norme ? Les réseaux sociaux sont-ils les nouveaux tribunaux ? Comment le droit peut-il être menacé par le tribunal médiatique ? « Les règles sur les discriminations existent depuis longtemps en France, mais on n’appelle pas ça le wokisme », a répondu Basile Adler, avocat spécialisé en droit de la presse. « Ce qui est assez nouveau, c’est la dénonciation sur les réseaux sociaux, et c’est pour cela que le wokisme a mauvaise presse aujourd’hui. Il se nourrit du scandale, et la règle de droit est alors plus difficile à mettre en œuvre. »
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
« C’est fondamentalement un progrès que de mettre les entreprises face à leurs responsabilités pour que les plafonds de verre cessent, pour que toute la diversité soit représentée, et ce, même si ce n’est pas forcément la culture de l’entreprise », a poursuivi l’avocat. « Pour autant, lorsqu’on en vient à stigmatiser publiquement le comportement d’une entreprise – en portant des accusations quelques fois à partir de rien –, cela devient très problématique. Nous les juristes, nous n’aimons pas ce nouveau paradigme qui est la morale, le bien, le mal. (…) On peut avoir des convictions personnelles, mais je suis de ceux qui pensent que la morale ne doit pas régler le comportement des entreprises à elle toute seule, mais la règle de droit et ses nombreuses obligations. »
Comment les entreprises appréhendent-elles ce mouvement, les attentes qu’il génère et les risques qu’il peut entraîner en termes de réputation ? « Le wokisme, à l’origine, c’est s’éveiller aux discriminations que subissent certaines personnes », a rappelé Besma Boumaza, directrice juridique & compliance du groupe Accor, or « les discriminations sont un sujet que les entreprises ont pris en main ». Sur le terrain du recrutement, par exemple, « nous sommes obligés de bouger avec la société, de répondre aux attentes des jeunes, et c’est une opportunité de réfléchir à nos savoir-être et nos façons de travailler, parce que le monde bouge ».
Comment la direction juridique peut conseiller la direction générale sur ces sujets qui se réfèrent à la morale, à la limite du droit ? « Les directions juridiques font ce qu’elles peuvent » car « on est au-delà du droit », a-t-elle répondu. « Le juriste est garant des valeurs de l’entreprise et chargé de les faire vivre », mais « le risque réputationnel est très difficile à anticiper ». C’est pourquoi, « il n’y a pas de règles claires », il faut faire « une évaluation du risque au cas par cas ».
Reste que « nous avons quand même une problématique avec les discriminations et il ne faudrait pas que les termes wokisme et cancel culture – parce que ce sont des repoussoirs – occultent cette problématique à laquelle les entreprises font face », a-t-elle ajouté. Il y a « une pression [sur la société] pour mieux prendre en compte la diversité et je pense profondément que les entreprises ont un rôle à jouer » sur ce terrain, en premier lieu « parce que les entreprises sont des employeurs et l’emploi est un ascenseur social ». Enfin, « je crois que nous, juristes, nous avons un rôle à jouer en tant que conseillers des entreprises – on ne fait pas de morale mais on participe à l’intégrité de l’entreprise ». C’est pourquoi « il ne faut pas s’arrêter aux mots et regarder comment on peut améliorer les choses de l’intérieur ».
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