Les aides publiques, peu efficaces pour l'emploi des jeunes

Les aides publiques, peu efficaces pour l'emploi des jeunes

25.01.2017

Gestion du personnel

Malgré leur nombre, les aides à l'emploi à destination des jeunes ne parviennent pas à endiguer la progression du chômage des moins de 26 ans. C'est le constat dressé par un rapport dévoilé hier par France Stratégie et la Dares. Selon ce document, la complexité des dispositifs pour l'emploi fait obstacle à leur pleine utilisation par les entreprises.

Les politiques en matière d'emploi des jeunes ne portent pas leurs fruits. Et la situation devient critique : en 40 ans, le taux de chômage des 15-24 ans est passé de 7 à 24%. La France, "dans la moyenne haute" par rapport aux autres pays de l'Union européenne, est moins bonne élève en la matière que ses voisins allemands ou britanniques. C'est ce que constate le rapport élaboré par France Stratégie, organisme de réflexion rattaché au Premier ministre, et la Dares, institut de statistique du ministère du travail, qui a été remis hier à Myriam El Khomri. Ce document est le résultat d'une concertation autour de l'emploi des jeunes lancée fin septembre dernier par le ministère du travail. Cette dernière devrait aboutir, in fine, à l'ouverture de négociations interprofessionnelles.

Les diplômés du secteur de la santé et du social moins touchés par le chômage

Si les jeunes sont globalement de plus en plus touchés par le chômage, ils ne sont pas tous égaux face à ce fléau. Au 1er rang des facteurs de différences, le niveau de qualification. Le taux de chômage des peu diplômés (Brevet, CEP et sans diplôme, CAP-BEP) est ainsi plus de deux fois supérieur à celui des diplômés. En outre, les jeunes les moins diplômés ont plus de mal à atteindre la stabilité dans l'emploi, et ils subissent davantage les effets d'une mauvaise conjoncture du marché du travail.

Autre facteur important d'hétérogénéité des situations des jeunes face à l'emploi : la spécialité de leur formation. 86% des diplômés en bac+2/3 dans le secteur de la santé et du social accèdent rapidement à l'emploi durable, contre 51% pour les diplômés de même niveau dans d'autres secteurs.  Cependant, dans l’enseignement secondaire, la filière industrielle fournit un avantage sur les filières tertiaires et générales pour accéder durablement à l’emploi. Ainsi, muni d’un bac pro industriel, un jeune a globalement le même taux d’accès durable à l’emploi immédiat qu’un diplômé bac+5 (hors écoles de commerce ou ingénieur).

Un cumul de difficultés face à l'emploi

L'étude fait apparaître que les difficultés d'insertion professionnelles rencontrées par les jeunes sont pour partie externes au marché du travail et concernent souvent les jeunes ayant peu de soutien financier familial : compétences de base non-acquises, défaut de maîtrise du numérique, capacité de mobilité...

Mais un grand nombre de freins à l'emploi des jeunes restent liés au fonctionnement du marché du travail. Ainsi, le rapport constate une augmentation du nombre d'embauches en contrats à durée limitée, et pour des périodes d'emploi de plus en plus courtes. On note également une part important de CDI rompus avant un an pour les 15-24 ans, qui atteint 46% soit près de 10 points de plus que les autres classes d'âge. En cause, une nombre plus élevé de démissions et de ruptures à l'issue de la période d'essai.

Si coût du travail en France peut constituer un obstacle - le Smic français étant relativement élevé en comparaison des autres pays du monde - les entreprises qui emploient des jeunes bénéficient de nombreux allégements : plus de 80% des emplois salariés occupés par des jeunes sont concernés par des exonérations : allégements généraux sur les bas salaires, allégements spécifiques (exonération de la contribution patronale assurance chômage pour les embauches en CDI de jeunes de moins de 26 ans), allégements ciblés pour certains types de contrats et emplois (contrats aidés, contrats d'apprentissage, zones territoriales spécifiques...).

Un potentiel d'aides mal exploité

Les emplois aidés constituent un réel levier pour l'emploi des jeunes : en 2014 , les moins de 26 ans étaient 27 % à en bénéficier. Toutefois, le rapport déplore la complexité et la multiplicité des dispositifs d'aide existants, qui nuisent à leur efficacité et peuvent les amener à se concurrencer. De ce fait, l'impact des politiques d'emploi ciblées est entravé : on compte entre 40 et 50% d'entreprises bénéficiaires sur le nombre total d'entreprises potentiellement éligibles à ces aides.

 

Le rapport évalue les points positifs et/ou négatifs de la plupart des dispositifs existants, que nous avons rassemblés sous forme de tableau.

 

Nombre de jeunes atteints en 2015

Ce qui marche Ce qui ne marche pas
Contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis) 200 000 12 mois après leur entrée dans le dispositif, 50% des bénéficiaires occupent un emploi et 25% un emploi durable.  
ANI jeunes du 7 avril 2011 non précisé Un portefeuille de conseillers limité à 50 ou 60 jeunes suivis, un taux d’emploi durable des jeunes bénéficiaires à la sortie du programme d'environ 44%  
Revenu contractualisé d'autonomie non précisé Maintien de liens durables entre les jeunes et leurs conseillers. Aucun effet sur l'accès à l'emploi (durable ou non).
Missions locales 570 000

70 % des jeunes non diplômés sortis du système scolaire en 2015 ont eu au moins un entretien avec une mission locale au cours des trois premières années d’activité.

 
 
Garantie jeunes non précisé Dynamisation encourageante de l'accès à l'emploi et à l'emploi durable à la sortie du programme (14 mois en moyenne après l'entrée), résultats finaux attendus au printemps-été 2017. Médiation active partiellement appliquée par les missions locales en raison d'une importante hétérogénéité entre missions locales.
Accompagnement intensif des jeunes (Pôle Emploi) 80 000

Impact positif sur le retour à l'emploi compris entre 6 et 10 points selon le public.

 
Emploi d'avenir 90 000

Résultats sur l'insertion indisponibles pour l'instant, les jeunes étant allés au bout de leur contrat ayant commencé à sortir au début de l’année 2016.

Contrat de génération Entre 15 000 et 17 000 contrats signés chaque année depuis la création du dispositif le 1er mars 2013. 6% des contrats ont été utilisés dans le cadre d’une transmission d’entreprise. Les ruptures des CDI associés aux contrats de génération ont été d’une ampleur moins importante que pour les CDI de droit commun, sans doute en raison d'une meilleure sélection des jeunes bénéficiant du contrat de génération par les entreprises. Complexité de la procédure de négociation préalable dans les entreprises de 50 salariés et plus, soulignée par la Cour des Comptes dans son rapport annuel 2016.
Cui-CIE 9 700 63% d'insertion dans l'emploi à 6 mois  
Cui-CAE 55 000 43% d'insertion dans l'emploi à 6 mois  

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Laurie Mahé Desportes
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