Les ambitions cachées de l'intérim

Les ambitions cachées de l'intérim

31.03.2016

Gestion du personnel

Prism’emploi, la puissante fédération du travail temporaire, prépare un livre blanc à destination des candidats à la présidentielle de 2017. Parmi les objectifs, formuler des propositions pour encadrer le "travail gris", c’est-à-dire les pratiques des professionnels utilisant les plateformes d’intermédiation.

Après le placement en CDI et CDD en 2005 et le CDI intérimaire, en 2014, les entreprises de travail temporaire ou agences d’emploi cherchent désormais à compléter leur offre. Leur nouveau crédo ? "Viser le marché des professionnels qui s’appuient sur des plateformes d’intermédiation pour rapprocher offre et demande, en encadrant les pratiques de cette zone grise", indique François Roux, délégué général de Prism’emploi. Seraient notamment concernés les autoentrepreneurs et les indépendants qui proposent des services payants via des plateformes de relation, comme Uber, Airbnb ou Blablacar.

Concrètement, la fédération patronale du travail temporaire propose de prendre en charge la gestion administrative de ces contrats : paiement des cotisations sociales ou fiscales. Voire, comme le préconisait, le rapport Terrasse, de participer à leur protection sociale via le financement de leur formation et le recours facilité au logement et au crédit. Ou encore l’aide à la comptabilité pour les indépendants.

Groupe de travail

L’idée avait été soufflée à Emmanuel Macron, lors de la préparation du projet de loi Noé, destiné à saisir les nouvelles opportunités économiques apportées par la révolution numérique, en novembre dernier. Mais la proposition avait depuis été enterrée. Le texte ayant été  dispatché dans d’autres projets du gouvernement : la réforme du code du travail de Myriam El Khomri et le projet de loi sur l’éthique et la transparence financière préparé par le ministre des Finances, Michel Sapin. Prism’emploi ne compte pas pour autant baisser les bras. La fédération du travail temporaire prépare un livre blanc dont les premières propositions devraient être dévoilées en juin prochain. Il sera adressé à tous les candidats à la présidentielle. Un groupe de travail, composé d’une dizaine d’adhérents de la fédération, s’y attelle depuis décembre dernier.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

Découvrir tous les contenus liés
Statut de tiers employeur

Parmi ses atouts, la fédération patronale met en avant son maillage territorial, soit 7 000 agences et 20 000 salariés, qui pourrait constituer un point d’appui pour les professionnels sur tout l’Hexagone. Surtout, elle s’estime particulièrement compétente pour prendre en charge la protection sociale des salariés atypiques. Le Fonds d’assurance pour la formation (FafTT) et le  Fonds d'action sociale du travail temporaire (Fastt) proposant, d’ores et déjà, toute une gamme de prestations aux intérimaires, de la garde d'enfants au microcrédit, en passant par l’aide au logement. Elle revendique également "son statut de tiers employeur qui permet à des employeurs traditionnels d’externaliser la gestion administrative de leurs ressources humaines, en transférant la gestion des contrats à des intermédiaires".

Métiers en tension

Mais Prism’emploi se défend de grignoter les parts de marché du portage salarial. Car, pour François Roux, "il ne s’agit ni de la même activité, ni de la même population". "Dans le cas du portage, le salarié démarche lui-même l’entreprise cliente, il est responsable de l’apport clientèle et négocie le prix de la prestation". Il justifie également d'un niveau d'expertise, de qualification et d'autonomie suffisant pour rechercher ses clients. Soit des cadres le plus souvent. Or, ces plateformes d’intermédiation visent en priorité, "des personnes non qualifiées qui ne trouvent pas de porte d’entrée sur le marché du travail par le sacro-saint CDI". Et concerne en priorité les secteurs qui "ont du mal à recruter", hôtellerie-restauration, transports de particulier… Difficile, toutefois, de se faire une idée précise de ce gisement d’activité. Mais pour François Roux, les nouvelles formes d’emploi sont prometteuses. En témoignent les derniers pointages réalisés par la fédération : l’intérim délibérément choisi concernerait près de 20% à 22% des intérimaires. Soit l’équivalent de 150 000 personnes, représentant 100 000 ETP. De quoi renforcer son image d’acteur responsable, porteur de "flexibilité acceptable".

Anne Bariet
Vous aimerez aussi