Les ambitions environnementales du G7

10.05.2019

Environnement

Les ministres de l'environnement ont notamment adopté une charte sur la biodiversité pour laquelle les pays signataires s'engagent à lutter contre l'érosion de la biodiversité.

Peu de temps après que l'IPBES (Plate-forme intergouvernementale science politique sur la biodiversité et les systèmes écosystémiques) ait rendu son rapport alarmant sur le déclin massif de la biodiversité (v. notre article "La planète voit rouge : l'alerte de l'IPBES" du 10 mai 2019), une réunion du G7 à Metz, les 5 et 6 mai 2019, a été l'occasion pour les ministres de l'environnement de travailler sur la thématique de la lutte contre les inégalités via la protection de la biodiversité et du climat. A cette occasion, une série de déclarations et une charte sur la biodiversité ont notamment été approuvées.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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Inégalités et transition écologique et solidaire

La lutte contre les inégalités étant la priorité de la présidence française du G7, celle-ci s’est attachée aux inégalités et à la transition écologique solidaire, avec une attention particulière sur l’égalité entre les femmes et les hommes.

L'iniative GREAT

C’est dans cette optique que l’initiative « GREAT – Gender Responsive Environmental Action & Training » a été lancée - rejointe par l'Allemagne, le Canada, la France,  l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, l’Union européenne, l’Égypte, le Gabon, l’Indonésie, le Mexique, le Niger et la Norvège – afin de mobiliser les acteurs publics et privés sur l’égalité entre les femmes et les hommes face aux conséquences de la dégradation de l’environnement.

La gestion durable des déchets

Une initiative autour de la gestion durable des déchets a également été présentée et a recueilli le soutien de l’Allemagne, du Canada, de la France, des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni, de l’Union européenne, ainsi que de l’Égypte, du Niger, de la Norvège et de l’Indonésie. L’objectif : promouvoir une transition inclusive et une gestion durable des déchets tout en limitant les impacts sur les populations vulnérables.

Alertes scientifiques et mobilisation internationale sur la biodiversité et le climat
Un écho au rapport de l'IPBES

Conformément à l’engagement du Président de la République, le G7 Environnement a contribué à rehausser la place accordée à la question de l’érosion de la biodiversité sur la scène internationale d’ici à 2020. L’événement s’est tenu en parallèle de la 7e réunion plénière de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) du 29 avril au 4 mai 2019 à Paris (v. notre article "La planète voit rouge : l'alerte de l'IPBES" du 10 mai 2019).

Adoption d'une charte sur la biodiversité

Alors que les experts de l’IPBES ont alerté sur l’accélération de l’érosion de la biodiversité, le G7 a adopté la « Charte de Metz sur la biodiversité » dans laquelle les pays s’engagent, concrètement, à renforcer leurs engagements pour mieux protéger et préserver la biodiversité.

 

La charte s'articule autour de trois axes principaux :

- accélérer les efforts pour lutter contre l'érosion de la biodiversité ;

- encourager la participation d'autres acteurs et parties prenantes ;

- appuyer l'élaboration et la mise en oeuvre d'un cadre mondial de la biodiversité pour l'après 2020 (sur ce projet, voir notre actualité "Vers un nouvel accord mondial pour la nature ?" du 3 décembre 2018).

 

Cette charte, dont le rapport de l'IPBES constitue le socle scientifique, doit permettre d'élever les enjeux liés à la biodiversité au même niveau que celui du climat. Néanmoins, il s'agit d'un document sans aucune valeur contraignante. L'adoption de cette charte marque néanmoins un tournant dans la mobilisation des États présents en faveur de la biodiversité.

Des solutions concrètes pour la biodiversité et le climat

Les pays réunis au G7 Environnement ont également travaillé sur des solutions concrètes pour répondre aux pressions majeures sur la biodiversité, notamment les suivantes.

Lutte contre la déforestation

Une initiative visant à mettre fin à la déforestation grâce à des chaînes d’approvisionnement agricoles durables a été adoptée, dont la déclaration a été soutenue par l'Allemagne, le Canada, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, l’Union européenne et la Norvège. Les pays ont réaffirmé la nécessité d’améliorer la durabilité des chaînes d’approvisionnement en matières premières agricoles, afin de mettre un terme à la déforestation qu’elles occasionnent.

Protection des grands singes

Le G7 a affiché son soutien au partenariat pour la survie des grands singes (GRASP), que le Canada et l’Inde ont décidé de rejoindre, contribuant ainsi aux efforts d’autres partenaires déjà engagés dans GRASP, parmi lesquels l'Allemagne, les États-Unis, la France, le Gabon, le Royaume-Uni, l'Union Européenne, l’Indonésie et la Norvège. L’objectif est non seulement de préserver cette espèce animale menacée, mais aussi de protéger leur habitat, en mobilisant le secteur privé pour développer des modes de production et de consommation durables.

Protection des récifs coralliens

L’initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI) est un partenariat unique permettant de mobiliser les acteurs concernés et d’améliorer les pratiques de gestion des récifs coralliens, ainsi que de partager et d'échanger des connaissances sur ces écosystèmes. L’Allemagne et le Canada ont annoncé leur intention de rejoindre l’ICRI, tandis que la Norvège et l’Inde ont réaffirmé leur réengagement, aux côtés de la France, des États-Unis, du Japon et du Royaume-Uni, ainsi que de l’Égypte, les Îles Fidji, l’Inde, l’Indonésie et le Mexique qui en sont déjà membres.

Financement de la préservation de la biodiversité

Le G7 Environnement a permis de poser les jalons de l’émergence d’une véritable « finance biodiversité », à l’image de la finance climat. Les membres du G7 ont fait le constat d'une sous-utilisation des outils économiques en lien avec la biodiversité et de l'existence de système nuisibles à la biodiversité. Ils se proposent donc de soutenir et de renforcer les flux financiers les plus cohérents pour la conservation de la biodiversité.

 

Deux rapports sollicités par la Présidence française du G7 ont ainsi été présentés :
-    l’OCDE a présenté le rapport « Biodiversity : Finance and the Economic and Business Case for Action », sur l’intérêt économique de la préservation de la biodiversité et la quantification des flux financiers dédiés et la mesurabilité des différentes pressions sur la biodiversité ;
-    le WWF a produit, en collaboration avec AXA, un rapport intitulé « Into the wild : integrating nature into investment strategies », visant à intégrer, dans les décisions d’investissement, le risque posé sur la biodiversité.

 

Enfin, le Canada a proposé « l’Ocean risk and resilience alliance » (ORRAA) , visant à ce que les pays agissent sur les risques et la résilience océanique. L’ensemble des membres du G7 ont décidé de rejoindre l'Alliance et d’autres Etats devraient les rejoindre prochainement.

Des associations environnementales peu satisfaites

Les ONG environnementales (FNE, Grenpeace, Réseau Action climat France notamment) estiment que les déclarations prises ainsi que la charte sur la biodiversité sont non-contraignantes et par conséquent dépourvues de toute portée juridique. En outre, ces documents s'en tiennent à des objectifs flous qui ne sont pas orientés vers l'opérationnel, laissant aux États une très grande latitude pour atteindre (ou pas) ces objectifs.

 

Elles demandent d'aligner les enjeux de la biodiversité au même niveau que ceux concernant le climat et de décliner des programmes d'actions cohérents et soulignent la faible implication du Président de la République absent du G7 environnement, comme d'ailleurs lors de l'ouverture des travaux de l'IPBES...

Olivier CIZEL, Code permanent Environnement et nuisances
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