Turnover des contrôleurs de gestion et pénurie de consolideurs, sélection pointue des cadres comptables, fortes attentes salariales, prise en compte de facteurs d'attractivité autres que la rémunération... Tour d'horizon des tendances du recrutement en comptabilité-finance d'entreprise.
"Les directions financières ne se privent pas de ressources pour atteindre leurs objectifs". Le marché du recrutement en comptabilité-finance d'entreprise est toujours aussi dynamique, constate la dernière étude de rémunération de Hays. Que ce soit pour des créations de postes, des besoins en remplacement ou des recrutements en mission "pour soutenir un projet". Le recours à l'intérim est quant à lui en recul. "Les sociétés ayant confiance en l’avenir ne voient aucun frein à se projeter vers un CDI", explique Hays. De l'autre côté, les candidats sont très sollicités et se retrouvent facilement avec 5-6 propositions d’embauche. Et dans ces situations, ils retiennent en priorité un CDI. Surtout les cadres. Ces derniers "ont le marché pour eux et prennent le temps de choisir", précise Edouard Hallé, directeur adjoint chez Hays.
Quels profils tirent leur épingle du jeu cette année ? Selon l'enquête annuelle de Robert Walters (qui concerne uniquement les cadres en comptabilité-finance) (1), le directeur du contrôle de gestion et le consolideur senior sont très demandés. "Sur le contrôle de gestion, le turnover s’accélère", relève Aude Boudaud, associate director chez Robert Walters. Un manager, qui restait auparavant 5-7 ans, part aujourd’hui après 3-4 ans. De même, un contrôleur de gestion reste 2-3 ans sur son poste, au lieu de 4-5 ans il y a quelques années. "Cela crée donc une demande assez forte". Et sur les profils en consolidation, "il existe une forme de pénurie", poursuit la spécialiste. "C’est un métier d’expertise, une population de niche à attirer par la rémunération".
Conséquence : les salaires sur ces profils augmentent. Un responsable/directeur du contrôle de gestion pourrait prétendre à une rémunération comprise entre 85K et 110K euros par an en 2020 (contre 80-100K euros en 2019) lorsqu’il justifie de dix à quinze ans d’expérience, selon la grille publiée par Robert Walters (2). Les plus expérimentés verraient leur salaire s’envoler à plus de 110K euros annuels (contre 100K euros l’an passé). Un consolideur ayant 10-15 ans d’expérience pourrait gagner plus de 75K euros en 2020 (contre 70K euros en 2019).
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Selon Hays, les juniors en contrôle de gestion et en comptabilité profitent aussi d'une hausse de salaires. Un contrôleur de gestion ayant moins de trois ans d’expérience gagne entre 35 et 40K euros annuels. La rémunération d’entrée d’un comptable unique s’élève à 32-34K euros par an, et celle d’un comptable général entre 30 et 32K euros. Les comptables clients et fournisseurs justifiant de moins de trois ans d’expérience voient quant à eux leur salaire grimper à 26-30K euros annuels.
Dans les fonctions d’encadrement, les salaires progressent aussi du côté des responsables et chefs comptables. "Il y a beaucoup de candidats sur ces postes, mais la sélection est très forte, explique Aude Boudaud. Les entreprises recherchent de plus en plus des qualités managériales, des soft skills. Et pour les profils qui sortent du lot, elles sont prêtes à payer". De même, pour les directeurs comptables, "les niveaux de rémunération peuvent s’envoler car au-delà de la technique, on leur demande d’être de véritables chefs d’orchestre (améliorer les process et les systèmes, etc.)". L'étude de Robert Walters indique des salaires pouvant monter jusqu'à 100K euros, voire plus, pour les candidats les plus expérimentés.
A noter que les directeurs financiers tiennent toujours le haut du panier sur les fonctions cadres. Le salaire des plus expérimentés peut atteindre 300K euros, selon Hays.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que les attentes en matière salariale sont fortes. 75% des cadres de la fonction comptabilité-finance s’attendent à une augmentation de rémunération en 2020, selon l’étude de Robert Walters. "Ils ont la perception que le marché est fluide et se porte bien, analyse Aude Boudaud. Ils se sentent en position de force et légitimes".
Dans le détail, 42% projettent une hausse de 1 à 3%, 21% espèrent 4 à 6% et 12% envisagent même une augmentation supérieure à 7%. Et ce, à tous les niveaux de fonctions. Même si "les attentes sont plus ambitieuses chez les plus juniors", précise Aude Boudaud. Ces derniers "ont conscience que le salaire se joue en début de carrière et ont moins de gêne sur ces questions que leurs aînés".
Même si les rémunérations ont continué de grimper en 2019, la hausse n’a pas été aussi importante qu’en 2017-2018, relève Hays. "Ces deux dernières années ont été très fortes en la matière. En 2019-2020, les entreprises se disent qu'elles peuvent attirer par d'autres moyens que la rémunération", indique Edouard Hallé. D'autres éléments sont mis en avant tels que "les avantages (primes, tickets restaurant, accès à une salle de sport, conciergerie, mise à disposition d’une aide au logement, véhicule de fonction, etc.), l’évolution possible sur le poste et au sein de la société, la proposition de jours de télétravail ou un nombre de jours de RTT intéressant", détaille l’étude de Hays.
Et les candidats prennent de plus en plus en considération ces éléments. "La flexibilité est devenue un critère important pour le choix d'un poste, observe Edouard Hallé. Les grèves ont eu un impact sur le télétravail et les candidats regardent davantage la localisation du poste". Par ailleurs, "les entreprises offrent de plus en plus aux salariés des RTT pour des évènements familiaux (mariage...). Le temps de repos devient une véritable offre que les entreprises mettent en avant pour attirer".
Un constat partagé par Robert Walters. "Seuls" 36% des répondants considèrent la rémunération et les avantages comme des facteurs de motivation pour changer d’emploi. Loin devant sont cités l’intérêt des missions (à 59%), l’équilibre vie privée-vie professionnelle (à 57%) et le "management basé sur la confiance" (à 55%). "L’aspect sectoriel (environnement, énergie, image RSE…) rentre davantage en ligne de compte, et ce dès la première phase du choix pour un poste, indique Aude Boudaud. De plus en plus de candidats nous disent «je ne veux travailler que dans des secteurs qui me parlent»".
(1) 340 candidats ont répondu à l'enquête sur la partie finance-comptabilité.
(2) Les grilles de salaires sont réalisées suite aux entretiens des consultants tout au long de l'année 2019. Les salaires 2020 annoncés sont prévisionnels.
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