Les comptes (encore) douteux des grandes institutions financières

Les comptes (encore) douteux des grandes institutions financières

16.03.2016

Gestion d'entreprise

La moitié des audits légaux des comptes des banques et assurances d'importance systémique présente un défaut, révèle un rapport. Face à ce constat qui n'est pas nouveau, les 6 plus grands réseaux comptables au monde ont un objectif d'amélioration d'ici quatre ans.

Peut-on faire confiance aux états financiers de HSBC, de JP Morgan Chase, de Barclays, de BNP Paribas, de Deustche Bank, de Credit Suisse ou encore de Bank of China ? Voilà plusieurs années que la question se pose. Et que la réponse n'est toujours pas tranchée.

Problème structurel

Pourquoi ? D’un côté, les comptes des institutions financières d’importance systémique — c’est-à-dire celles dont la défaillance entraînerait une perturbation de l’ensemble du système financier et de l’activité économique, ce qui comprend notamment les banques citées plus haut — sont a priori fiables. En effet, leurs auditeurs externes les ont certifiés, apportant ainsi une assurance raisonnable sur ces documents. Mais de l’autre côté, les inspections réalisées par les régulateurs nationaux de l’audit des comptes alimentent l’inquiétude. C’est ce que montre pour la quatrième année le PDF iconrapport de l’Ifiar (international forum of independant audit regulators), un forum qui regroupe aujourd’hui 50 gendarmes de l’audit présents en Afrique, en Amérique, en Asie-Pacifique, en Europe et au Moyen-Orient.

La surveillance de l’audit des comptes de 96 institutions financières

Dans l’édition 2015 qu’il vient de publier, qui porte le plus souvent sur le contrôle légal des états financiers 2013 ou 2014, l’Ifiar relève la présence de nombreuses carences dans le contrôle légal des comptes de 96 institutions financières d’importance systémique que ses membres ont inspecté — cette catégorie comprend potentiellement les 30 banques et les 9 assurances considérées, en novembre 2014, par le FSB (financial stability board) comme des institutions financières d’importance systémique.

 

Les institutions financières considérées comme d'importance systémique par le FSB
Banques Assurances
HSBC Allianz SE
JP Morgan Chase American International Group, Inc.
Barclays Assicurazioni Generali S.p.A.
BNP Paribas Aviva plc
City Group Axa S.A.
Deutsche Bank MetLife, Inc.
Bank of America Ping An Insurance (Group) Company of China, Ltd.
Credit Suisse Prudential Financial, Inc.
Goldman Sachs Prudential plc
Mitsubishi UFJ FG  
Morgan Stanley  
Royal Bank of Scotland  
Agricultural Bank of China  
Bank of China  
Bank of New York Mellon  
BBVA  
Groupe BPCE  
Group Crédit Agricole  
Industrial and Commercial Bank of China Limited  
ING Bank  
Mizuho FG  
Nordea  
Santander  
Société Générale  
Standard Chartered  
State Street  
Sumitomo Mitsui FG  
UBS  
Unicredit Group  
Wells Fargo  

 

Source : Financial stability board, novembre 2014 / Etude 2015 de l'Ifiar / actuel-expert-comptable. Les régulateurs nationaux de l'audit membres de l'Ifiar doivent contrôler l'audit des comptes des banques et assurances d'importance systémique c'est à dire potentiellement les PDF icon30 banques d'importance systémique et les PDF icon9 assurances d'importance systémique répertoriées par le FSB (voir le tableau ci-dessus) et les autres institutions financières qu'ils estiment d'importance systémique. Au total, c'est l'inspection de l'audit de 96 institutions financières d'importance systémique qui a été reportée dans l'étude 2015 de l'Ifiar.

La moitié des audits des grandes institutions financières présentent un défaut

Résultat : la moitié des audits des comptes des institutions financières inspectés (précisément 51 %) présentent une (ou plusieurs) carences sans que l'on sache quelles sont les organisations financières concernées ��� à noter qu'une carence représente dans ce contexte soit un problème qui concerne la mission d’audit (le cabinet n’a pas suffisamment étayé son opinion ou n’est pas parvenu à identifier une erreur comptable potentielle) soit un problème dans le système de contrôle qualité du cabinet. Deux défauts sortent du lot, en valeurs absolues : le test du contrôle interne (34 institutions financières présentent ce défaut) et l’audit des pertes sur prêts et des dépréciations sur prêts (27 institutions financières sont concernées). Ce résultat confirme, s’il en est besoin, la tendance des années précédentes même si l’Ifiar considère que l’on ne peut pas comparer les chiffres d’une année sur l’autre. Dans son rapport 2014, ce forum de 50 régulateurs nationaux relevait que 41% des dossiers d’audit des institutions financières d’importance systémique comportaient au moins une déficience.

Un engagement de progrès

Ces résultats ne sont pas spécifiques aux plus grandes institutions financières. L’Ifiar rapporte l’existence de carences d’audit dans les comptes de 43 % des entités d’intérêt public cotées que les régulateurs ont inspecté. Et là aussi, la tendance est structurelle. Certains se posent d’ailleurs des questions sur l’interprétation à donner à ces travaux. Jim Peterson, un enseignant en gestion du risque, pointait du doigt, il y a un an, l’existence de secteurs économiques qui ne tolèreraient pas, "s'il était crédible", un tel niveau de défaut (lire sa chronique). C’est peut-être l'une des raisons pour lesquelles les 6 grands réseaux en cause — BDO International Limited, Deloitte Touche Tohmatsu Limited, Ernst & Young Global Limited, Grant Thornton International Limited, KPMG International Cooperative, et PricewaterhouseCoopers International Limited — et 9 membres de l’Ifiar, dont la France, se sont fixés un nouvel objectif : diminuer d'au moins 25 % la proportion de défauts. Un résultat qu’ils souhaitent atteindre d’ici 4 ans.

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Ludovic Arbelet
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