Les legaltechs françaises à l’épreuve de la Covid-19

Les legaltechs françaises à l’épreuve de la Covid-19

11.02.2021

Gestion d'entreprise

La crise sanitaire liée à la Covid-19 n'a pas épargné les legaltechs françaises. Certaines ont d'ailleurs dû créer des fonctionnalités spécifiques liées à la gestion de crise ou encore faire pivoter définitivement leurs offres de services pour s'adapter aux besoins croissants des directions juridiques.

La 4e édition du Baromètre des Legaltechs françaises, publié par Wolters Kluwer et Maddyness, a été présentée hier à l’occasion d’un webinar dédié. Quelles sont les tendances de cette année 2020 ? Quel impact a eu la Covid sur les services proposés ? Les directions juridiques ont-elles eu de nouveaux besoins ?

« Pour 37 % des legaltechs*, l’impact de la crise a été fort. Pour 11,1 % d’entre elles, l’impact négatif a été maximal », commente Euphrate Khantouche, directeur de produits on-line chez Wolters Kluwer. En revanche, pour 1 legaltech sur 4, la crise n’a pas eu d’impact ou un impact faible.

« Les DJ ont fait face à un dilemme »

Sans surprise, c’est le développement commercial qui a été le plus touché par la crise (66 %). Pour y faire face, certaines legaltechs ont ainsi dû développer de nouveaux services (24,7 %), avancer le développement de certaines fonctionnalités (17 %), créer des fonctionnalités spécifiques à la gestion de crise (8,6 %), voire faire pivoter définitivement leur offre de services (5 %).

De nouveaux besoins de services ont-ils émergé, à cause de la Covid, au sein des directions juridiques ? Si la digitalisation était déjà amorcée pour la plupart des directions juridiques avant la crise, « les besoins ont augmenté lors du premier confinement », acquiesce Armelle Le Veu Seroude, directrice juridique en transition et membre du Cercle Montesquieu. « Les DJ ont fait face à un dilemme : comment continuer à gérer la vie des contrats, mais aussi la gestion des actes plus corporate ? Chez soi, on n’a pas accès à tous les registres », explique-t-elle.  

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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« La digitalisation des processus métiers » a donc été le service le plus recherché durant la crise ». Cela correspond aux « plateformes de gestion de projet partagée entre plusieurs acteurs, au suivi corporate des sociétés, à la gestion des contrats, aux datarooms numérique, etc. », illustre Euphrate Khantouche. 

Alors que l’an dernier, ces offres correspondaient à moins de 20 % des services commercialisés, elles représentent désormais le double (42,2 %). Dans le détail, on retrouve en seconde position les services de création et gestion d'entreprise (9,6 %), puis de mise en relation (8,4 %), de création d'actes (8,4 %), les plateformes de médiation et d'arbitrage (6 %), ou encore les services de protection et de gestion des données (4,8 %). 

Et en 2020, les entreprises ont été les principaux clients des legaltech (49 %), devant les avocats (25 %) ou les particuliers. « Les offres ont donc été réorientées vers les entreprises et renforcées vers les avocats », ajoute Euphrate Khantouche.

Un effort appréciable pour les directions juridiques. « Le directeur juridique est à la recherche d’un outil dimensionné pour lui. Il y a des terrains où la digitalisation est importante, notamment sur la prévention de la corruption avec la loi Sapin II et les recommandations de l’AFA et la gestion RGPD, où les outils des legaltechs peuvent être d’une aide extrêmement importante », confirme Armelle Le Veu Seroude.

Le choix des legaltechs influencé par la RSE 

Enfin, l’étude souligne l’engagement accru des legaltechs dans la RSE cette année. « Un engagement non neutre, qui découle du fait que les clients-entreprises doivent elles aussi intégrer une démarche RSE, et que les investisseurs sont aussi plus regardants », explique Euphrate Khantouche.

« Lorsque votre entreprise est impliquée dans une démarche RSE, chaque direction doit s’impliquer. Cela doit se faire aussi sur le choix de nos partenaires et prestataires », approuve la directrice juridique, qui précise par ailleurs que le choix des partenaires se fait également en fonction de critères tels que la taille de l’entreprise ou leur « robustesse financière ». Car durant la période de crise que nous traversons, « la capacité de résilience est tout à fait importante ».

*Enquête menée auprès de 83 legaltechs (sociétés commerciales ayant leur siège social en France) sur la base d’un questionnaire envoyé par mail et mis à disposition sur les réseaux sociaux entre septembre et décembre 2020.

Leslie Brassac
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