Les masters en droit s’emparent des nouveaux risques des entreprises

Les masters en droit s’emparent des nouveaux risques des entreprises

04.05.2022

Gestion d'entreprise

RSE, ESS, mais aussi blockchain ou intelligence artificielle. Ces nouvelles thématiques, qui ne sont pas du droit pur, s'invitent dans les DJCE et les masters, pour le plus grand plaisir de leurs étudiants... Témoignages.

Nouvelles réglementations, nouveaux risques, nouvelles attentes sociétales : le juriste en entreprise est au cœur des défis auxquels font aujourd’hui face les entreprises. Ce sont-ils répercutés dans les formations étudiantes en droit ? Sont-elles en adéquation avec les centres d’intérêt des apprentis juristes, notamment lorsque vient le moment de postuler en master et de choisir une spécialisation ?

« La communauté des juristes et les universités ont pris conscience de la nécessité de former les futurs juristes à des matières complexes, qui ne relèvent pas forcément directement ou exclusivement du domaine juridique, mais qui sont désormais indispensables pour comprendre le bon fonctionnement des entreprises et apporter des solutions à leurs risques », explique Roxana Family, directrice de la chaire et du master droit et éthique des affaires à CY Cergy Paris Université. Une montée en puissance de sujets nouveaux portés par l’arrivée de lois françaises, comme Sapin 2, ainsi que de textes européens, notamment sur la finance verte, et de lois d’extra-territorialité. Sans oublier une évolution technologique et sociétale majeure, dont les répercussions se font sentir aussi bien sur le secteur privé que public.

Un enseignement en prise avec les enjeux professionnels

« Je pense que le propre d’un DJCE est de toujours s’adapter à la société dans laquelle nous vivons », analyse Zoé Allait, étudiante au sein du master droit des affaires et fiscalité, DJCE de l’Université Jean Moulin Lyon III / IDEA et co-présidente de l’association du DJCE de Lyon. Une adaptation qui se traduit dans le contenu du cursus notamment, avec l’arrivée d’enseignements autour des enjeux liés aux nouvelles technologies, à la blockchain et à l’intelligence artificielle.

Autre domaine à s’être installé dans les programmes du DJCE de Lyon, celui de la RSE et de l’économie sociale et solidaire. « Il y a un fort intérêt des étudiants pour ces questions. Nous avons dédié un programme de formation à la RSE, ainsi qu’à l’international, au sein de l’association du DJCE. Nous organisons des séminaires et accueillons des invités issus du monde professionnel sur ces thèmes », illustre Zoé Allait. Un intérêt des étudiants que confirme Frédéric M’Pamba, étudiant du M2 droit et éthique des Affaires de CY Cergy Paris Université et président de l’association du master.

« Il est courant que les étudiants attirés par le droit des affaires découvrent les droits humains et celui de l’environnement en cours de master, car c’est l’une des spécialités proposées. Mais nous assistons à un changement de paradigme. Dans les salons et journées portes ouvertes, nous voyons de plus en plus d’étudiants en licence vouloir faire du droit de l’environnement ou s’intéresser à la protection de l’environnement et passer par le droit des affaires pour y parvenir ». 

Beaucoup d’appelés, certains élus

Autre évolution notable, les profils de plus en plus diversifiés d’étudiants qui postulent au master droit et éthique des affaires : aux côtés du traditionnel droit des affaires ou droit de l’entreprise, de plus en plus de jeunes sont issus du droit international ou public voire d’écoles de commerce ou d'IEP. « Les formations doivent sortir des strictes matières du droit car comprendre les enjeux de gouvernance, de climat, du management des risques, implique d’avoir des notions d’économie, de sociologie, de communication, de finance ou de management, etc. », confirme Roxana Family. Le nombre élevé de candidatures à ces formations traduit leur succès. « Les étudiants s’intéressent à notre master notamment parce qu'ils entendent parler de scandales humains, comme le travail des Ouïghours, ou s’inquiètent de sujets environnementaux. Beaucoup ne s’y pensent pas éligibles, or il est intéressant d’avoir des profils variés, d’autant que les débouchés le sont ensuite. Les entreprises, les cabinets d’avocats, les magistrats et les cabinets de conseil intègrent de plus en plus les thématiques de gouvernance, conformité, éthique dans toutes leurs dimensions », souligne Frédéric M’Pamba.  

La sélection n’en demeure pas moins drastique, d’autant que les promotions sont restreintes – entre 20 et 25 étudiants dans le DJCE de Zoé Allait à Lyon par exemple. « Nous allons rechercher une maturité juridique mais aussi personnelle chez les candidats, explique Roxana Family. Embrasser ce type de formation, puis de carrière, demande une certaine curiosité et sensibilité ».

De leur côté, les entreprises semblent apprécier l’adéquation entre ces formations et leurs besoins. « Nous avons une réelle offre d’alternance au-delà des capacités d'accueil du master sélectif », confirme Frédéric M’Pamba. Un sujet sur lequel Zoé Allait apporte une nuance :

« Notre DJCE prévoit des stages de 2 à 3 mois or les entreprises cherchent souvent des stagiaires pour 6 mois. Pour répondre à cette divergence, nous souhaitons pouvoir nous rapprocher des entreprises, puisque nous sommes tous conscients de l’importance de nous confronter au monde professionnel au cours de notre formation ».

 

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Ingrid Labuzan
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