Les nouveaux acteurs de la formation professionnelle

Les nouveaux acteurs de la formation professionnelle

25.04.2019

Gestion du personnel

Depuis le 1er avril, 11 opérateurs de compétences remplacent les 20 Opca existants. Qui sont à leur tête ? Quelles sont leurs motivations ? Leurs priorités ? Portraits de ces nouveaux venus dans le monde de la formation professionnelle, pas tous inconnus.

C’est désormais chose faite : tous les opérateurs de compétences ont désormais leur gouvernance. Points communs ? Elle est paritaire, elle se compose d’un représentant du collège employeurs et d’un représentant du collège salariés. Mais la gouvernance peut aussi être à trois têtes, à l’instar de l’Opco des entreprises de proximité, qui a désigné une présidente FO et deux vice-présidents issus des camps patronaux (U2P, CPME). Autre particularité : deux représentants patronaux siègent au sein d’Ocapiat, l'Opco de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Les représentants syndicaux sont, eux, secrétaire général et secrétaire général adjoint.

Enfin, tous n’ont pas encore désigné leur directeur général. L’Opco 2i (inter-industriel) a même confié cette tâche à un cabinet de recrutement. Mais la plupart des opérateurs ont signé les délégations de gestion autorisant les ex Opca à assurer la transition jusqu’au 31 décembre 2019.

Afdas

Isabelle Gentilhomme (Syndicat national du théâtre privé, à droite sur la photo) et Angéline Barth (Fédération nationale des syndicats du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle-CGT, à gauche) ont toutes les deux été reconduites, lors du conseil d’administration du 2 avril, aux postes de présidente et de vice-présidente de l’Opco. De son côté, Thierry Teboul, directeur général de l’ex-Opca reste en fonction.

Si le nom n’a pas changé, le périmètre de l’opérateur s’est élargi : l’Afdas, dédié jusqu’ici aux métiers de la culture, de la communication, des medias et des loisirs, s’ouvre désormais à sept nouvelles branches professionnelles, à savoir les secteurs du sport et du golf, des télécommunications, des agences de mannequins, des casinos, des organismes de tourisme et de l’hôtellerie de plein d’air. Au total, il agrège 45 branches professionnelles.

Points communs des branches adhérentes ? Un même rapport au public, un fonctionnement par économie de projet, des métiers atypiques dans leur rythme d’activités, des enjeux de pérennisation de l’emploi et une diversité de structures de branches et de taille d’acteurs au sein d’un même secteur.

Parmi les priorités de l’Opco, le développement des compétences dans les entreprises de moins de 50 salariés, ainsi que la conception de parcours d’apprentissage atypiques. De fait, face à la discontinuité de l’organisation du travail dans ce secteur, l’Opco mise sur la création de groupements d’employeurs pour développer ce mode de formation. 10 000 apprentis relevaient jusqu’ici du périmètre de l’Opca. Un chiffre qui pourrait doubler avec les nouveaux entrants.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Atlas : l’Opco de la finance et du conseil aux entreprises

Philippe Degonzague, président du Fafiec (à gauche sur la photo) et Céline Vicaine (CGT, à droite) deviennent respectivement président et vice-présidente du nouvel Opco qui regroupe les services financiers et du conseil aux entreprises. Il est constitué de 18 fédérations d’employeurs couvrant 15 branches professionnelles principalement de la banque, de l’assurance et du conseil. Au total, Atlas concerne 1,5 million de salariés et 110 000 entreprises dont 81 % de TPE, 17 % de PME et 2 % d’ETI et de grandes entreprises.

Parmi les enjeux RH, la transformation des métiers de services intellectuels à forte valeur ajoutée, comportant un nombre important de cadres (environ 50 %), à l’heure du numérique et de l’intelligence artificielle. D’où une attention particulière portée à la GPEC pour anticiper l’évolution des compétences.

L'Opco de la cohésion sociale

Antoine Prost (CFE-CGC, à droite sur la photo) devient président de l’Opco cohésion sociale et David Cluzeau (à gauche), vice-président, au titre du collège employeur. Antoine Prost était jusqu’ici administrateur d’Uniformation, membre du bureau et vice-président de l’Opca (de 2017 à 2019). David Cluzeau est délégué général du Conseil national des employeurs (CNEA) depuis juillet 2016, président de la commission des affaires sociales de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) et membre du Conseil national de l’éducation et de l’économie (CNEE).

Cet Opco, construit sur les bases d’Uniformation, recouvre 21 branches professionnelles, des services à la personne à l’insertion en passant par l’enseignement et la formation, la protection sociale, l’habitat social ou encore la petite enfance. Outres les branches historiques, il accueille désormais la branche des associations familles rurales (FNAFR), les structures relevant des sociétés de secours miniers ainsi que les assistants sociaux régionaux. Au total, cet Opco réunit 40 000 structures, majoritairement de moins de 50 salariés, et plus d’un million de salariés.

Parmi ses missions, la GPEC, l’accès à la formation des salariés des petites structures et l’accompagnement des entreprises en matière d’alternance.

L'Opco Commerce

Chrystelle Derrien, déléguée syndicale centrale CFDT de Castorama (à gauche sur la photo) et Marie-Hélène Mimeau, membre de la Fédération du commerce et de la distribution (à droite) ont été désignées, lors du conseil d’administration du 19 avril, respectivement présidente et vice-présidente du nouvel opérateur de compétences. Chrystelle Derrien était jusqu’ici vice-présidente de la CPNEFP (Commission paritaire nationale de l'emploi et de la formation professionnelle) et Marie-Hélène Mimeau, directrice du développement RH de Carrefour France, était présidente du Forco.

L’Opco commerce, construit sur les bases du Forco et d‘Intergros, réunit 19 branches professionnelles dont 13 étaient précédemment adhérentes au Forco. Soit 90 000 entreprises et 1,7 million de salariés.

Les membres du conseil d’administration se sont donné rendez-vous, en juillet prochain, pour un séminaire stratégique afin de fixer le cap de leur action à l’horizon 2012. "Il est primordial que la mise en œuvre se fasse sans rupture de charge, car l’enjeu des compétences est déterminant dans le commerce qui doit faire des évolutions sans précédent", a indiqué Chrystelle Derrien. Le développement de la formation dans les petites entreprises devrait figurer en bonne place des axes stratégiques; 95 % des sociétés adhérentes emploient moins de 50 salariés. Pro-A et le développement de l’alternance (contrats de professionnalisation et d’apprentissage) devraient également constituer des sujets prioritaires pour les mois à venir tant dans l’accompagnement des entreprises que des branches professionnelles. "En 2018, le nombre de contrats de professionnalisation a encore augmenté de près de 4 % malgré un contexte économique tendu, a ajouté Marie-Hélène Mimeau. Il faut maintenir cette dynamique".

Le directeur général de l’Opco est Philippe Huguenin-Genie.

Ocapiat : l'Opco de l'agriculture et de l'agro-alimentaire

Le nouvel opérateur de compétences pour la coopération agricole, l’agriculture, la pêche, l’industrie agro-alimentaire et les territoires, Ocapiat, construit sur les bases du Fafsea (Opca agricole) et d’Opcalim (Opca de l’industrie agro-alimentaire et de la coopération agricole) ont désigné deux personnes clefs pour gérer le nouvel ensemble : Dominique Braoudé, président d’Ocapiat, responsable des affaires sociales auprès du Syndicat national des fabricants du sucre (SNFS, à gauche sur la photo) et Jérôme Volle, vice-président, également vice-président de la FNSEA et président de la commission emploi.

Particularité : alors que l’ensemble des Opco ont opté pour une gouvernance paritaire, ce sont deux représentants patronaux qui siègent ici au sein de cet Opco. Les représentants syndicaux sont, eux, secrétaire général (Eric Pommageot, FGA-CFDT, à droite sur la photo) et secrétaire général adjoint (Julien Huck, FNAF-CGT). Parallèlement, Jonathan Emsellem, jusqu’ici directeur général du Fafsea, a, de son côté, été nommé directeur général d’Ocapiat.

Ce nouvel Opco couvre 41 branches professionnelles, y compris les branches des caisses régionales du Crédit agricole et de la Mutualité sociale agricole. Il compte 183 000 entreprises adhérentes et 1,3 million de salariés. Il récupère la pêche et l’exploitation des fruits et légumes ainsi que la convention des entreprises du négoce.

Parmi ses enjeux, "le développement des compétences des salariés, lié aux évolutions technologiques des métiers ; de forts besoins en recrutement; la formation d’une filière économique cohérente et complémentaire".

L'Opco Mobilité

Jean-Louis Vincent (Union du transport et logistique de France, à gauche sur la photo), ancien DRH de la SNCF Logistics, de Geodis et de Fedex, devient président de l’Opco mobilité ou "Opco-M", qui regroupe le transport routier, ferroviaire, aérien, maritime, fluvial ainsi que les services à l’automobile, à l’exception de l’aérien, des auto-écoles et des concessionnaires auto (21 branches au total). Bertrand Mazeau (FO, à droite) est vice-président. Par ailleurs, Patrice Omnes, l’actuel délégué général de l’Anfa (Association nationale pour la formation automobile), qui assurait jusqu’ici les fonctions de préfigurateur, a été désigné directeur général de l'opérateur de compétences.

L’Opco Mobilité est principalement construit sur les bases de deux Opca, l’Opca des transports et services et l’Anfa et correspond au secteur n°4 défini par le rapport Marx-Bagorski sur les opérateurs de compétences de septembre 2018.

L’objectif aujourd’hui pour cet ancien DRH est de répondre aux enjeux RH. L’Opco Mobilité proposera ainsi un accompagnement répondant aux problématiques "emploi-compétences" des entreprises adhérentes. Parmi les missions, il souhaite faire face aux difficultés de sourcing de l'ensemble de la profession. "Par exemple, le secteur des transports est de fait en tension, avec plus de 15 000 postes de conducteurs routiers à pouvoir", indique Jean-Louis Vincent. Pour ce faire, il compte améliorer l’attractivité, en développant l’apprentissage et l’alternance, dès le plus jeune âge, "soit un recrutement au berceau". Par ailleurs, il compte miser sur la formation continue et notamment les dispositifs de formation en situation de travail (Fest) et d’accès à l’emploi, via les préparations opérationnelles à l’emploi individuelles et collectives.

L'Opco des entreprises de proximité

Sylvia Veitl (FO, non présente sur la photo) préside ce nouvel Opco tandis que Philippe Gaertner (U2P, à gauche) et Eric Chevée (CPME, à droite) en sont vice-présidents. Jean-Michel Pottier (CPME) assure la fonction de trésorier. Ce nouvel ensemble réunit 60 branches (jusqu’ici présentes au sein d’Actalians et d’Agefos PME), couvrant un champ de 500 000 entreprises (4 millions de salariés). Ce dernier répond au souhait des pouvoirs publics de créer un seul Opco des services de proximité, regroupant l’Opco de l’économie de proximité porté par la CPME et l’Opco des professions de l’entreprise de proximité et de ses salariés (PEPSS) porté par l’U2P.

Parmi son champ d’action, les professions libérales, notamment les cabinets d’avocats, les cabinets dentaires ou les vétérinaires. On y trouve aussi les commerces de détail, comme la boulangerie artisanale ou le commerce de détail de l’habillement, les services de proximité, comme les salons de coiffure ou la branche des gardiens d’immeubles. Sont aussi concernés l’immobilier, les laboratoires de biologie médicale et les imprimeries.

L'Opco 2i

C’est Alexandre Saubot, ancien président de l’UIMM (à gauche sur la photo) qui devient président de l’Opco inter-industriel ou "Opco 2i". La vice-présidence est confiée à Pierre-Michel Escaffre, délégué fédéral de la FCE-CFDT (à droite).

L’Opco2i, qui récupère les branches de l’horlogerie, de la bijouterie, les industries de l’habillement, la maroquinerie, la haute couture, le cristal/verre à la main, le verre mécanique et le vitrail, hébergés initialement au sein de Wellcom, mais aussi la branche des équipements thermiques et du génie climatique, rassemble plus d’une quarantaine de branches couvrant 80 % de l’industrie française. Il se constitue principalement à partir des anciens Opca, Opcaim (métallurgie), Opca Défi (chimie, plastiques, pharmacie et pétrole) et Opca 3+ (ameublement, bois et matériaux, papier carton), avec également des branches issues d'Agefos PME et d’Opcalia. Il regroupe près de 3 millions de salariés.

Le futur directeur de ce nouvel ensemble n’est pas encore choisi. La mission a été confiée à un cabinet de recrutement. En attendant, c’est Jean-Louis Delajot, le directeur général de l’Opca Défi qui assure cette tâche par intérim. Il anime un comité exécutif avec les deux directeurs de Opcaim et d'Opco 3+. Le temps de trouver son successeur. Une convention de délégation a, d’ailleurs, été passée avec ces opérateurs afin d’assurer la continuité des services.

L'Opco des entreprises et des salariés des services à forte intensité de main-d’œuvre

Cet Opco, qui fusionne quatre Opca (le Fafih, le FAF-TT, Intergros et une partie d’Opcalia), devrait réunir quelque 4, 5 millions de salariés et 200 000 entreprises. Il correspond au secteur n°11 défini par le rapport Marx-Bagorski. Et intègre outre la branche du travail temporaire, de la prévention sécurité, de la restauration rapide, des chaînes de cafétéria, des services de l’eau et de l’assainissement, la propreté ou encore le portage salarial.

Points communs ? "Ces secteurs (…) participent, dans un contexte de transformation forte de leurs métiers, notamment liée à la transformation digitale, des enjeux de GPEC, de recrutement, de qualification, de certification et d’attractivité", lit-on dans le préambule de l’accord. Concrètement, "ces secteurs emploient de nombreux salariés ayant une formation initiale de niveau de V et infra, notait, en mars dernier, dans nos colonnes, Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’emploi. Aussi, le partage des expertises acquises dans chacun de ces secteurs, le développement de travaux communs et leur mutualisation constitueront-ils des atouts forts pour développer la sécurisation des trajectoires et des parcours professionnels des salariés de ces branches".

C’est Hervé Becam (à gauche sur la photo), actuellement vice-président confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) qui présidera ce nouvel ensemble. Jamil Ait-Idir, secrétaire de la fédération des Ports et docks de la CGT dont dépend le nettoyage industriel en est vice-président (à droite).

Cet Opco regroupe, de fait, deux projets qui n’avaient pas les faveurs du ministère du travail : Wellcom, fondé sur la base d'Opcalia, qui avait défini son projet autour de huit secteurs, de l’environnement aux télécoms en passant par la filière de la mode, du tourisme-hôtellerie, de la restauration ou encore du commerce interentreprises. Et l'Opco "des professionnels, salariés, employeurs, des services opérationnels aux entreprises et de l'emploi", réunissant les branches la propreté, du travail temporaire et de la prévention-sécurité. Plusieurs branches dont le textile, l’habillement, le cuir, qui s'étaient ralliées à Wellcom, ont depuis été réorientées vers l’Opco inter-industriel (2i).

Le conseil d’administration de mai devrait permettre aux 16 membres du bureau de désigner le futur délégué général.

L'Opco de la construction

C’est Gilles Jacquot (FNTP, à gauche sur la photo) qui devient président de l’Opco des entreprises et salariés de la construction. Raymond Reyes (FO, à droite) qui en est vice-président. Il couvre neuf branches professionnelles toutes liées aux métiers du bâtiment et des travaux publics et reprend le périmètre de l’Opca "Constructys".

L'Opco Santé

L’Opco santé, réunit huit branches liées aux métiers de la santé, du médico-social et du social, en dehors des professions libérales et agrège, parmi les fédérations d’employeurs, la Fehap (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne non lucratif) ; le Synerpa ( Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées), la FHP (Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France) ; Nexem, Unicancer, Unisss (la fédération d'employeurs des secteurs sanitaire, social et médico-social). Présanse, syndicat employeur des services de santé au travail inter-entreprises qui a participé à l’ensemble de la négociation "devrait rejoindre le conseil administration rapidement", selon le vice-président.

Son périmètre regroupe 1,1 million de salariés exerçant dans plus de 15 000 structures. La présidence revient à Sébastien Bosch (à gauche sur la photo), directeur adjoint RH d’Unicancer, un réseau hospitalier dédié à 100 % à la lutte contre le cancer ; la vice-présidence à Franck Monfort (CGT, à droite), président d’Unifaf. Le directeur général est Jean-Pierre Delphino, ex directeur général d’Unifaf.

Fin janvier, le ministère du travail avait laissé entendre qu'il était favorable à une fusion entre l’Opco santé (sanitaire et médico-social) et celui de la cohésion sociale (qui regroupe le champ de l’insertion sociale). Mais, in fine, "la volonté des signataires de l’accord constitutif de l’Opco santé a été respecté", le rapprochement n’a pas eu lieu.

Anne Bariet
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