L’ONG Ressources humaines sans frontières lance un fonds de dotation à destination des entreprises. Objectif : les inviter à se mobiliser contre le travail des enfants et le travail forcé. Le détail des actions avec Martine Combemale, directrice et co-fondatrice de l’association.
Le combat pour les droits de l’homme se joue aussi sur les lieux de travail. C’est la conviction de l’ONG ressources humaines sans frontières (RHSF), créée, en 2006, par trois professeurs de GRH, Jacques Igalens, François Silva, Jean-Marie Peretti, et Martine Combemale, spécialiste de l’audit social.
Gestion du personnel
La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :
- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.
Son objet : la lutte contre le travail des enfants, le travail forcé et les conditions abusives de travail. RHSF s’intéresse tout particulièrement à la chaîne de sous-traitance dont les dysfonctionnements ont été mis en lumière par de nombreux scandales et accidents dramatiques survenus ces dernières années : ballons Nike fabriqués par des enfants pakistanais, chantiers de la Coupe du monde de football au Qatar, effondrement au Bangladesh du Rana Plaza où étaient installés des ateliers de confection textile fournissant les grandes marques internationales, tuant plus de 1 000 ouvriers.
"Ce système de production créé les conditions de travail indécent et du travail forcé qui au bout de la chaîne touche en premier lieu les travailleurs migrants et des enfants plus vulnérables", indique Martine Combemale. Les donneurs d’ordre et les consommateurs n’en ont pas toujours conscience. "Mais plus la chaîne est longue et les intermédiaires nombreux, plus le risque est levé". "Les abus peuvent avoir lieu dans les pays émergents, en Chine, Malaisie, Bengladesh mais aussi, en France, avec le travail détaché", alerte Martine Combemale.
L’objectif de l’association n’est pas de faire des audits qui ne "seront pas suivi de faits". "Mais de comprendre les problèmes et de mettre en place des actions".
L’origine de l’association remonte à 1997. Martine Combemale est aux Etats-Unis. C’est à cette époque que le scandale Nike éclate, révélant que les enfants participent à la fabrication des produits. Deux après, l’association Fair labor association (FLA), réunissant industriels du textile et de la chaussure, syndicats, ONG de défense des droits d’l’homme, organisations de consommateurs et universités, voit le jour, à l’initiative de l’ancien président américain Bill Clinton. Elle sera chargée d’exercer un regard critique sur les conditions de travail de milliers de travailleurs agissant en sous-traitance pour les grandes marques. Martine Combemale est missionnée pour auditer les pratiques de l’industriel, notamment au regard des normes de l’organisation internationale du travail (OIT) dans les relations contractuelles de travail : interdiction du travail forcé et du travail des enfants ; garanties de sécurité et d’hygiène ; liberté d’association et de négociations collectives ; salaire décent ; non-discrimination. Un travail qui donne lieu, en 1999, à la convention 182 contre le travail des enfants de l’OIT.
A son retour, en France, en 2003, elle décide de fonder l’ONG RHSF. Elle travaille avec des ONG partenaires parmi lesquelles Global Research (Inde), International Initiative to end Child Labor, FLA (Etats-Unis) ; RSE&PED (Chine)… Ou encore avec l’agence de notation sociale Vigeo pour évaluer la politique d’achat des grands groupes.
Plusieurs entreprises françaises font appel à elle, notamment la société Petzl (équipements de montagne) ou encore Maisons du monde (ameublement).
Elle est dotée d’un budget de 160 000 euros (dont 250 000 euros sur trois ans proviennent du Fonds européen suite à un appel d’offres).
Ses actions portent aujourd’hui leurs fruits. L’immersion dans une entreprise chinoise lui a, par exemple, permis d’améliorer concrètement les conditions de travail des ouvriers. A la clef, la mise en place d’un système de gestion des ressources humaines innovant permettant de réduire les heures supplémentaires sans toucher à la rémunération des employés. "Durant cette expérience, le turn-over est passé de 100% à 5% par an", se félicite-t-elle. Une initiative qui lui a permis de décrocher le Prix du management international, décerné en 2015. L’étude de terrain dans les plantations de café et de bananes au Panama pourrait déboucher sur un projet de loi visant à améliorer les conditions de travail. Elle s’attelle, aujourd’hui, à la mise en place d’un projet européen, l’installation d’une communauté de tisseurs en Malaise à travers l’économie sociale et solidaire…
Nos engagements
La meilleure actualisation du marché.
Un accompagnement gratuit de qualité.
Un éditeur de référence depuis 1947.
Des moyens de paiement adaptés et sécurisés.