Les professeurs de droit s’organisent pour ne pas lâcher leurs étudiants

Les professeurs de droit s’organisent pour ne pas lâcher leurs étudiants

06.04.2020

Gestion d'entreprise

Facebook lives, chaînes YouTube, visioconférences… De nombreux outils permettent d’enseigner à distance. Reste à assurer le suivi des élèves qui rencontrent parfois des difficultés.

Certains enseignants sont plus expérimentés que d’autres. Depuis la fermeture des Universités, le 16 mars dernier, les professeurs de droit donnent - ou continuent de proposer - leurs cours en ligne. La vie pédagogique se poursuit. Mais l’équation reste toutefois à plusieurs inconnues.

« Cette crise va forcément nous faire progresser ». Bruno Dondero, professeur de droit à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, est un habitué de l’enseignement à distance. Avant la crise du Covid-19, il réalisait déjà des « Facebook lives » depuis ses cours d’amphi. Une utilisation du numérique notamment adoptée pendant les grèves des transports en commun et le blocage des Universités, en décembre dernier. Il poursuit aujourd’hui l’exercice depuis son domicile.

Il utilise une application de visioconférence pour assurer ses travaux dirigés. L’outil lui permet de partager des documents - textes de lois, décisions, etc. -, de répondre aux questions de ses étudiants et de les mettre en situation. Que son enseignement soit prodigué en ligne ou sur les bancs de la fac, il est interactif. « J’aime demander à mes élèves d’amphithéâtre de trouver des arguments juridiques pour soutenir une position juridique et son contraire ».   

LinkedIn, YouTube, Podcasts…

Mustapha Mekki, le directeur de l’Institut national de formation du notariat (INFN), également professeur à l’Université Paris XIII - Sorbonne Cité, propose aussi un Facebook live sur l’actualité en droit des contrats. Une manière d’offrir à tous, notamment à ceux qui passeront le CRFPA, un décryptage des dernières ordonnances publiées à la suite de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19. Sur LinkedIn, il met en ligne des supports de cours. Et il alimente régulièrement sa chaine YouTube.

Francesco Martucci, professeur à l’Université Paris II Panthéon-Assas, propose aussi ses cours via une application de visioconférence, tout comme ses chargés de TD. Et pour ceux déjà filmés, en sont extraits des Podcasts. 

« Je suis un peu schizophrène »

Assurer un cours à distance n’est toutefois pas le même exercice que de le faire en présentiel. « Je suis un peu schizophrène. Je fais comme si j’étais face à un public car c’est particulier de faire cours seul dans une pièce », témoigne Mustapha Mekki. « Il faut être encore plus dynamique » pour accrocher les internautes. Et intéresser celui qui, derrière son écran, baye aux corneilles ou jette un œil à son téléphone portable.

Pour Francesco Martucci, il faut aussi gérer son temps différemment. « Une heure de cours en format vidéo équivaut à une heure et demi en présentiel ». Il se répète moins, va plus vite et a moins de questions de ses élèves. Il continue toutefois à marquer des pauses et à demander si la notion est comprise. Ou s’il doit recommencer…

Il ne faut pas se leurrer, l’enseignement à distance reste « de moins bonne qualité. C’est une évidence, les étudiants l’ont bien compris. Cela n’a pas le même charme et c’est moins interactif », estime le professeur de Paris II.

Galops d’essai en ligne

La crise « va demander une faculté d’adaptation aux étudiants et aux enseignants », concède Bruno Dondero. Mais les galops d’essai pourront être organisés à distance. Le professeur de Paris I l’a déjà proposé en décembre 2019. En donnant le sujet en ligne, à une date et à une heure précise, les étudiants étaient invités à renvoyer leur devoir sur les boîtes mails de leurs chargés de TD, quelques heures plus tard. « Sur 4000 étudiants, un seul a eu un problème », indique-t-il. 

Même chose à Paris II. Un galop d’essai sera organisé après les vacances de Pâques, précise Francesco Martucci. Cela ne lui pose pas de difficulté, l’exercice traditionnellement proposé sur table se faisant « en open book ».  Mais il pointe une possible « rupture d’égalité ». « Une minorité d’étudiants n’a pas accès à internet ». 

Le casse tête des examens, des stages, etc.

Il faudra toutefois repousser les examens finaux car le confinement risque de durer longtemps…. C’est l’avis de Francesco Martucci qui note une vraie difficulté : à Paris II, la sélection des étudiants en Master II pourrait toujours se faire en partie via le dépôt d’un dossier papier. Pour la validation des stages, encore, cela pourrait être compliqué. Interrompus pour quelques étudiants, ils ont été annulés pour d’autres. Francesco Martucci leur propose alors de rédiger un mémoire ou des articles juridiques avec lui.

« Il faut accompagner les étudiants », souligne le professeur. « Les aider à structurer leur journée et à ne pas lâcher ». Car pour faire face à l’ennui, « certains travaillent trop » au risque de s’épuiser dans la durée… « Quelques étudiants sont dans la précarité. Ils vivent dans de petits logements, parfois sans wifi ou partagent la connexion de leur téléphone portable ». Il demande régulièrement à ses élèves de lui faire remonter leurs difficultés. 

« On fait comme on peut. Le mot d’ordre c’est d’essayer de donner le maximum », conclut-il. 

 

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La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Sophie Bridier
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