Les violences conjugales ne s'arrêtent pas aux portes du travail

Les violences conjugales ne s'arrêtent pas aux portes du travail

15.11.2019

Gestion du personnel

Absentéisme, anxiété, stress communiqué aux collègues... Les violences au sein du couple affectent forcément la vie des salariés sur leur lieu de travail. Un sondage réalisé par un collectif de grandes entreprises européennes recense témoignages et chiffres attestant de cet impact. L'étude donne des exemples de bonnes pratiques permettant de soutenir les salariés en détresse.

"J’ai été harcelée par mon ex-partenaire il y a plus de 15 ans. Je ne l’ai pas mentionné auprès de mes collègues par peur d’être jugée. Je me rappelle qu’après avoir reçu un appel téléphonique menaçant, j’étais incapable de continuer à travailler, j’étais pétrifiée par la peur et j’ai attendu 16h pour partir du bureau et déposer plainte au commissariat." Le réseau européen d'entreprises "OneInThreeWomen" (une femme sur trois) a recueilli les témoignages de victimes de violences conjugales, afin de rendre compte de l'impact de ces violences sur le monde du travail. Il a envoyé un sondage aux salariés de six grandes entreprises européennes : Kering, L'Oréal, Korian, Carrefour, BNP Paribas et OuiCare. L'étude, réalisée en partenariat avec la fondation Face ("Agir contre l'exclusion"), a été publiée hier.

16 % des femmes ayant répondu au sondage et 4 % des hommes déclarent avoir déjà été victimes de violences conjugales. Un chiffre beaucoup moins élevé que dans d'autres études sur le sujet, soulignent les rédacteurs de l'étude. Ces derniers avancent plusieurs pistes d'explication, dont le facteur culturel qui dissuade dans certains pays la prise de parole sur ce sujet. Parmi les 40 000 salariés européens auxquels ont été envoyé le questionnaire, seulement 6 639 ont accepté de répondre, principalement des femmes (74 %), "plus jeunes, mieux formées et occupant un poste probablement plus important que la population à laquelle le questionnaire était adressé", prévient l'étude.

Cette faible représentativité des répondants ne permet pas de tirer des conséquences claires en termes de coûts pour l'entreprise des violences conjugales. Toutefois, l'étude met en exergue les conséquences de ces violences sur la vie professionnelle des intéressées.

Le harcèlement se poursuit au travail

Plus de la moitié des personnes ayant subi des violences conjugales déclarent que celles-ci ont affecté leur travail. Elles citent le fait d'être en retard, absent ou moins productif du fait du harcèlement et des violences subies. Un quart des victimes ont pris des congés pour cette raison.

Pour 16 % d'entre elles, le cauchemar se poursuit jusque sur le lieu de travail. Une large partie indique avoir reçu durant leur journée de travail des appels téléphoniques et messages injurieux de la part de leur conjoint violent (87 %), parfois des emails (33 %) et/ou un harcèlement via les réseaux sociaux (27 %).

Certaines victimes ont également subi le harcèlement de façon directe sur leur lieu de travail par leur conjoint présent physiquement (44 %).

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

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- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
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Des persécutions qui affectent le collectif

Parfois, la personne violente prend contact avec les collègues de son conjoint (37%). Mais même sans être directement impliqués, les collègues du salarié victime peuvent être affectés par la situation. Un salarié sur dix ayant répondu à l'enquête dit connaître un ou une collègue ayant subi des violences conjugales. Ces témoins détectent les signes de violences à travers les troubles émotionnels ou les blessures physiques perceptibles chez la victime ou bien des confessions de cette dernière. Parmi ces collègues, 20 % affirment que la détresse du salarié victime a eu des conséquences sur leur propre travail, liées au stress et à l'anxiété ressentis à l'égard de leur collègue.

Seules 37 % des victimes de violences conjugales se sont confiées à leurs collègues. Les autres ont évité le sujet, soit parce qu'elles trouvaient cela inapproprié sur le lieu de travail (67 %), soit par peur, honte, déni ou encore crainte que cela n’affecte leur travail ou leurs perspectives de carrière.

Congés payés, assistance sociale et signalement

La première recommandation du collectif "OneInThreeWomen" aux entreprises est de continuer à développer leur programme de promotion de l'égalité femmes-hommes. Sur le long terme, la lutte contre les inégalités et les stéréotypes permet de déconstruire les "normes sociales relatives à la violence et à la masculinité", explique l'étude. Au sujet des violences conjugales, le collectif propose la sensibilisation comme levier d'action dans l'entreprise. En particulier, elle suggère à chaque entreprise de désigner un porte-parole formé à la lutte contre les violences conjugales sur chacun de ses sites.

Afin de mieux protéger les salariés, l'employeur devrait, selon le collectif, développer une politique en consultant les salariés et les syndicats. Avec comme objectif la fixation des mécanismes de soutien aux salariés : assistance sociale,congés payés ou sans solde, horaires de travail flexibles, plans de sécurité et signalement aux services spécialisés... Une politique qui pourrait inclure "des clauses contre les représailles et des clauses de confidentialité, mais également les rôles et les responsabilités de l’entreprise et des supérieurs hiérarchiques".

Laurie Mahé Desportes
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