L’essor des congés individuels

Parmi les mutations notables du monde du travail, le besoin croissant de flexibilité exprimé par les salariés constitue un mouvement de fond. En 2022, la possibilité de concilier vie privée et vie professionnelle était l’enjeu professionnel numéro 1 pour les cadres du privé (Ifop, Freelance.com, 2022). Cette tendance reflète un marché de l’emploi dynamique, où les carrières sont moins linéaires et où les parcours s’individualisent. Elle s’ancre dans la continuité de réformes qui tendent vers une individualisation croissante de la gestion des ressources humaines. Dans la lignée du compte personnel de formation, le compte épargne-temps universel (Cetu), à l’ordre du jour des négociations interprofessionnelles, incarne pleinement cette dynamique.

L’introduction de congés individuels peut contribuer à l’amélioration des conditions de travail et au bien-être des salariés, et encourager l’engagement et les gains de performance. Les organisations répondent ainsi à leurs obligations en termes de qualité de vie au travail, et se positionnent comme des employeurs responsables face aux évolutions du monde du travail. Avec des politiques de congés innovantes et différenciantes, les entreprises s’arment donc d’un avantage capital dans la guerre des talents qu’elles mènent de front.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Plusieurs dispositifs liés à la santé font l’objet de débats législatifs et ont été adoptés par certaines entreprises. Outre le congé menstruel, le congé rémunéré pour interruption spontanée de grossesse s’est développé ces dernières années, pour mieux accompagner les femmes concernées par une fausse couche. Le concept récent du congé “santé mentale” permettrait aux employés de prendre des congés rémunérés liés à leurs besoins en la matière - 86 % des salariés considérant l’entreprise responsable de leur bien-être mental (Alan/Harris Interactive, 2022). 

Alors que le président de la République a annoncé une réforme du congé parental, les employeurs se positionnent sur la rémunération du congé pour projet d’adoption ou pour enfant malade, et certains augmentent le nombre de jours autorisés pour l’arrivée d’un enfant. Des mesures émergent aussi en faveur des aidants, telles que la rémunération des congés des salariés assistant un proche en fin de vie, ou l’extension du congé pour deuil.

Face à la quête de sens croissante des salariés, certains employeurs choisissent de déployer des dispositifs comme le congé de respiration d’Orange ou le congé de priorité personnelle d’Accenture. Ils s’inscrivent dans une nouvelle ère du congé sabbatique, offrant aux collaborateurs la possibilité de sécuriser leur emploi, de concrétiser des projets personnels ou d'explorer de nouvelles opportunités professionnelles. Enfin, les organisations sont très attendues sur les enjeux sociaux et environnementaux : certaines structures s’engagent en ce sens en introduisant des congés supplémentaires en cas de temps de trajet responsable ou en rémunérant partiellement les congés de solidarité internationale comme l’a fait Safran.

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Si ces nouvelles formes de congés répondent à des problématiques individuelles variées, et permettent aux collaborateurs de trouver un meilleur équilibre entre leurs temps de vie, elles soulèvent la question centrale de l’équité. En effet, si ces congés sont ouverts à tous, ils reposent sur des situations spécifiques.

Or, une absence est toujours notable et aura souvent un impact sur une équipe. Les employeurs devront ainsi rester vigilants à ce que ces nouveaux droits ne génèrent pas de sentiment d’injustice ou de désengagement de la part de certains collaborateurs. Il est pour cela essentiel de clarifier ce qui constitue le cadre commun à tous et non dérogeable, et ce qui relève de l’organisation personnelle. Cette recherche de la juste mesure entre stabilité et flexibilité est aujourd’hui au coeur des préoccupations des DRH.