Ménopause au travail : le tabou qui freine les carrières des femmes

Ménopause au travail : le tabou qui freine les carrières des femmes

02.07.2025

Gestion du personnel

Une enquête OpinionWay pour Astellas Pharma France révèle que 87 % des femmes ménopausées déclarent avoir ressenti une gêne au travail liée à leurs symptômes tandis qu'un quart dissimulent leur état par crainte de discrimination.

Les chiffres sont éloquents. Selon une étude exclusive menée par OpinionWay pour Astellas Pharma France en mai 2025 auprès de 1 006 femmes ménopausées de plus de 50 ans, et dévoilée hier, la ménopause demeure un sujet largement tabou dans l'univers professionnel, avec des conséquences parfois dramatiques sur les parcours de carrière.

Un silence pesant

La réalité décrite par cette enquête dessine le portrait d'une souffrance silencieuse. Si 66 % des femmes interrogées estiment légitime d'évoquer la ménopause au travail - et même nécessaire pour 49 % d'entre elles -, la pratique révèle une tout autre réalité. Plus de la moitié (53 %) n'ont jamais osé aborder le sujet avec quiconque sur leur lieu de travail.

Les symptômes de la ménopause - bouffées de chaleur, troubles du sommeil, fatigue chronique, troubles de l'humeur - créent pourtant une gêne significative pour 87 % des femmes concernées. Face à cette réalité physiologique, le monde du travail semble encore largement démuni.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Des discriminations bien réelles

L'omerta qui entoure la ménopause n'est pas sans conséquences. Un quart des femmes (25 %) ont déjà dissimulé tout ou partie de leurs symptômes par crainte d'être discriminées, proportion qui grimpe à 42 % chez celles les plus affectées par ces manifestations physiologiques.

Cette méfiance n'est pas infondée. L'enquête révèle que 37 % des sondées ont déjà été victimes ou témoins de commentaires désobligeants, voire sexistes, concernant la ménopause dans le cadre professionnel. Plus inquiétant encore, 24 % estiment avoir vécu une situation de discrimination ou de souffrance au travail directement liée à leur état.

Les répercussions professionnelles peuvent s'avérer lourdes : 22 % des femmes déplorent un manque de soutien de leur hiérarchie, 9 % ont dû s'arrêter de travailler, 7 % ont été contraintes de prendre des congés. Dans les cas les plus extrêmes, 5 % estiment que leurs symptômes les ont privées d'une promotion, 4 % ont quitté leur emploi et 2 % ont été licenciées.

Des secteurs plus exposés

L'étude met en évidence des disparités sectorielles significatives. 52% des femmes évoluant dans l'industrie et 33 % dans le BTP se montrent particulièrement exposées, considérant la ménopause comme un sujet tabou au travail. Dans les grands groupes, cette proportion atteint 38 %.

"Au travail, certains symptômes deviennent particulièrement invalidants, explique le docteur Véronique Laveix-Echallier, gynécologue. L'insomnie altère les capacités de concentration et de performance. Les troubles de l'humeur ou de l'anxiété peuvent affecter les relations professionnelles, tandis que les bouffées de chaleur impactent le confort et la confiance en soi".

Un dialogue difficile mais nécessaire

Quand elles osent briser le silence, les femmes se tournent quasi exclusivement vers leurs collègues féminines (48 %) ou vers la médecine du travail (23 %). Seules 7 % s'adressent à leur manager, 6 % à leurs collègues masculins. Cette répartition révèle la persistance d'un malaise profond autour de la question.

Oser évoquer sa ménopause reste associé à son propre vieillissement.

Pourtant, les conséquences pratiques de ce silence peuvent s'avérer considérables. Comment gérer des bouffées de chaleur dans des espaces mal ventilés ? Comment concilier troubles urinaires et poste de réceptionniste ? Autant de questions concrètes qui demeurent sans réponse faute de dialogue.

Vers une prise de conscience

Face à ce constat, certains signes encourageants émergent. Les femmes de moins de 60 ans se montrent légèrement plus enclines à évoquer le sujet (51 % gardent le silence contre 55 % de leurs aînées). Par ailleurs, celles qui ont franchi le pas ne le regrettent que très rarement (4 % au maximum).

Astellas Pharma France plaide pour une approche globale incluant la formation des managers, la mise à disposition de ressources dédiées et l'intégration de la ménopause dans les politiques RH. Une évolution qui pourrait s'inspirer des progrès récents observés dans la prise en charge de l'endométriose au travail.

Anne Bariet
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