Négociation retraite : les partenaires sociaux se laissent une ultime chance pour trouver un accord

Négociation retraite : les partenaires sociaux se laissent une ultime chance pour trouver un accord

17.06.2025

Gestion du personnel

Les parties au "conclave" sur les retraites n'ont pas réussi à se mettre d'accord, hier soir, après une longue journée de discussions. Elles se laissent une dernière chance pour aboutir, lundi 23 juin, mais les points de dissension restent nombreux.

Après une très longue journée de négociation qui a commencé hier matin à 9h30, et plusieurs interruptions de séance, les partenaires sociaux participant au "conclave" sur les retraites (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Medef et CPME) sont finalement sortis de la salle de négociation à 23h30. Mais point de fumée ni blanche ni noire pour ce qui devait être la dernière séance.

Les partenaires sociaux devraient en effet se retrouver lundi 23 juin après-midi pour une "opération de la dernière chance" selon les termes de Christelle Thieffinne, la cheffe de file de la CFE-CGC. Si le moins que l'on puisse dire c'est que les feux ne sont pas au vert pour aboutir à un accord, l'animateur des discussions, Jean-Jacques Marette, semble vouloir tenter le tout pour tout après avoir entamé dans la journée des discussions bilatérales avec chacune des parties.

Comme le résume Christelle Thieffinne, "il s'agit d'une dernière tentative de l'animateur pour regrouper les grandes idées de chacun dans un document et voir si ça passe". Et les voies de passage sont étroites chaque organisation ayant des lignes rouges bien distinctes et donc, chacune, au moins un motif de mécontentement. 

Pénibilité : la réparation toujours sur la sellette

Si le document rédigé par Jean-Jacques Marette ne sera mis sur la table que lundi, les organisations syndicales et patronales ont fait part à la presse de ce qui devrait s'y trouver mais tout cela reste, bien sûr, au conditionnel. 

S'agissant de la question très sensible de la pénibilité, les trois facteurs ergonomiques (le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques) seraient bien réintégrés dans le compte professionnel de prévention (C2P) - et pour la prévention et pour la réparation - mais, dans cette dernière situation, avec un rythme d'acquisition ralenti par rapport aux six premiers critères. Une avancée catégoriquement refusée par le Medef qui reste campé sur ses dernières propositions en la matière.

Pour la CFE-CGC, le fait d'avoir "un compteur différent" pour les critères ergonomiques "ne coche pas la case de la simplification" et "les possibilités de départ anticipés sont amoindries par rapport à ce qui existait avant". S'il ne s'agit pas de la proposition formulée par la CPME, cette dernière regardera tout de même ce qui est proposé dans le document, tenant toutefois à souligner qu'elle proposait "un système beaucoup plus favorable que ce qui est mis sur la table".

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Annulation de la décote : un nouvel âge qui ne contente personne

S'agissant de l'âge d'annulation de la décote, un compromis serait proposé à 66 ans et demi au lieu des 67 ans actuels. Mais pour la CFTC, qui avait accepté de revoir ses attentes à la baisse à 66 ans au lieu des 65 ans souhaités, pas question d'accepter cette nouvelle proposition. "Rogner des mois ce n'est vraiment pas correct", s'insurge Pascale Coton, la cheffe de file, qui y voit "un chiffon rouge". Si le chiffre de 66 ans n'est pas dans le document, la CFTC n'y apposera pas sa signature. Il s'agit aussi d'une ligne rouge pour le camp patronal qui ne souhaite pas voir cet âge abaissé.

Les retraites des femmes devraient être améliorées

Un point semble toutefois faire consensus, celui de l'amélioration des retraites des femmes qui ont connu des interruptions de carrière liées à la maternité. Le salaire annuel moyen de référence serait amélioré avec une prise en compte, non plus des 25 dernières années, mais des 23 ou 24 selon le nombre d'enfants. La surcote de la pension de retraite dans la limite de 5 % serait maintenue ainsi que la majoration de 10 % si l'assurée a au moins trois enfants. La prise en compte des trimestres serait également améliorée.

D'autres propositions seraient renvoyées aux pouvoirs publics comme la question du cumul emploi-retraite. Selon Pascale Coton, un resserrement de l'accès au dispositif permettrait ainsi de récupérer 300 milliards d'euros.

Le Medef toujours vigilant sur le coût du travail

Le Medef qui, faute d'avoir bougé lors de cette séance, a tenu à rappeler qu'il avait formulé de nombreuses propositions lors de ce "conclave". "Je ne peux pas entendre que le Medef n'a pas fait de propositions" a indiqué sa cheffe de file, Diane Milleron-Deperrois à l'adresse des organisations syndicales. Elle a également rappelé que sa ligne rouge était de ne pas augmenter le coût du travail "dans le contexte économique dans lequel nous sommes". La confédération patronale écarte ainsi l'idée mise sur la table d'augmenter le forfait social de 20 à 22 %, "inacceptable" pour elle, une "ligne rouge écarlate" même pour la CPME.

Les chances d'aboutir à un accord s'amenuisent

Reste à savoir qui se retrouvera autour de la table lundi. En effet, mis à part la CPME, toutes les organisations réservent leur réponse. Reste une certitude : il n'y aura pas non plus de fumée lundi. Les organisations présentes prendront connaissance de la dernière version du texte mais pas question de continuer à discuter. A la lecture de ce document, elles s'en réfèreront à leurs instances nationales pour savoir si elles le signent ou non. "C'est le texte de la dernière chance ; on ne rediscute pas et on ne refait pas la négociation", a martelé Christelle Thieffinne.

Les chances de succès restent ténues. Comme l'a résumé, le chef de file de la CPME, Eric Chevée, "les points durs et les lignes rouges sont toujours là des deux côtés". Il estime toutefois qu'il s'agit d'une sage proposition" de la part de Jean-Jacques Marette que de prévoir une nouvelle séance "compte tenu de notre responsabilité dans la gestion du système des retraites et de l'équilibre des finances publiques" mais aussi de la nécessaire  démonstration de la capacité des partenaires sociaux "à reprendre la main" sur le régime des retraites.

Si les discussions échouent, le "conclave" aura au moins permis d'expérimenter une nouvelle méthode de négociation qui semble convenir à tout le monde. "On ne peut que remercier les équipes de Jean-Jacques Marette", a salué Pascale Coton. Même écho du côté de la CPME. "Il est intéressant d'inaugurer une nouvelle méthode qui pourrait être reproduite avec un tiers de confiance et la disponibilité de l'administration".

Tant d'efforts pour rien ? Réponse le 23 juin.

Florence Mehrez
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