Norauto : quand une association d’entraide cherche à lutter contre la précarité des salariés

Norauto : quand une association d’entraide cherche à lutter contre la précarité des salariés

01.03.2019

Gestion du personnel

Norauto a décidé de créer une association d’entraide à destination des salariés confrontés à des difficultés financières passagères. Chaque collaborateur peut verser 70 centimes par mois à ce fonds d’urgence, abondés à hauteur de 100 % par l’entreprise. Le détail du dispositif avec Stéphane Wilmotte, DRH de l'entreprise.

Le nom de l’association n’est pas encore totalement déterminé mais le concept est bien défini : Norauto, le leader des centres auto en France, filiale du groupe Mobivia (6 500 salariés), a décidé de créer une association d’entraide pour les collaborateurs. Concrètement, chaque salarié peut, sur la base du volontariat, verser 70 centimes par mois, à un fonds destiné à financer des mesures d’urgence : aide au logement, rééchelonnement des dettes de loyer, aides aux soins… L’entreprise abonde à hauteur de 100 % les dons recueillis.

Accidents de vie

A l’origine de cette initiative, un constat : "7 % à 10 % des collaborateurs vivent dans une situation de précarité", rappelle Stéphane Wilmotte, le DRH de l’entreprise. Il ne s’agit pas forcément de travailleurs pauvres, c’est-à-dire qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Mais de salariés, cadres et non-cadres, employés en CDI et à temps plein, confrontés, à un moment de leur carrière, à des accidents de vie.

"Trois types de collaborateurs peuvent être touchés par ce phénomène encore tabou dans les entreprises : les jeunes embauchés, dotés de rémunération assez faible, en quête d’un logement, a fortiori en région parisienne ; les salariés de 40-45 ans qui doivent faire face à une séparation, fragilisés sur le plan financier et les plus de 55 ans qui ont un conjoint malade ou en fin de vie tout en ayant encore des enfants à charge".

"Plusieurs dirigeants ont constaté une montée de la précarité depuis la crise économique de 2008, abonde Annie Fusil, chargée de l’accompagnement social auprès de plusieurs entreprises du Nord dont Norauto. De nombreuses personnes éprouvent des problèmes pour payer leur loyer. C’est le poste de dépense qui a le plus augmenté ces dernières années. En conséquence, le reste à vivre se réduit drastiquement. Et au moindre aléa tout peut basculer".

A l’image de ce cadre devenu SDF qui a dormi trois semaines dans sa voiture, faute de pouvoir avancer une caution de trois mois pour prendre un logement après la séparation avec sa conjointe.

S’y ajoute, avec la crise, une perte des rémunérations périphériques, "notamment des primes individuelles ou collectives, comme l’intéressement et la participation, privant de fait les salariés d'un complément bienvenu".

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

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- La gestion administrative du personnel ;
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"Bloquer une expulsion"

L’association, créée sur le modèle de celle de Francis Bouygues, il y a une quarantaine d’années pour les compagnons, permettra ainsi de répondre à ces situations d’urgence. "Une aide financière de 500 à 600 euros, par exemple, peut bloquer une expulsion et réajuster l’échéancier de paiement, assure Annie Fusil. Elle peut aussi aider à financer des soins onéreux d’un enfant malade ou faire face à la perte du revenu d’un conjoint en cas de décès".

Selon les prévisions de Stéphane Wilmotte, l’association, gérée par les salariés, pourrait recueillir entre 50 000 et 70 000 euros ; 30 % à 35 % personnes pourraient y adhérer.

Responsabilité sociale de l'entreprise

En plus de ce coup de pouce, Norauto fera appel à l’assistante sociale, qui se déplacera dans les centres de l’entreprise, à la rencontre des salariés. "L’objectif est ici de mieux appréhender ces situations en donnant quelques conseils pour gérer son propre budget". En la matière, il est vrai que quelques chausse-trappes existent. "Le versement d’une prime d’intéressement peut, par exemple, faire perdre le bénéfice des prestations sociales soumises à conditions de ressources, indique Stéphane Wilmotte. En cas de dépassement du plafond, certaines peuvent même être totalement perdues. C’est le cas des allocations de rentrée scolaire, des allocations de base de la PAJE, du complément familial à partir du troisième enfant ou encore des allocations logement… Il faut alors conseiller de placer cet argent plutôt que de le dépenser".

Un conseil parfois difficile à accepter alors que "certains salariés sont à découvert dès le 10 du mois", relève Annie Fusil.

Mais, pour Stéphane Wilmotte, "l’entreprise a ce rôle à jouer car un collaborateur qui connaît des difficultés personnelles ne se sent pas bien dans son job. Nous avons fait le choix d'accompagner et d'être fortement à l'écoute. Nous avons, de fait, une responsabilité sociale envers nos équipes". De quoi adoucir le quotidien des salariés en chassant les tracas personnels.

Anne Bariet
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