"Nous avons travaillé sur l’audit des procédures de récupération et de transfert pour toute la chaîne comptable"

23.06.2021

Gestion d'entreprise

Gestion de la crise, digitalisation, opérations de croissance externe, interprofessionnalité... Michel Martin, fondateur et président d’Orcom, nous détaille la stratégie de son cabinet.

Comment votre cabinet traverse-t-il la crise actuelle ?

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Nos équipes ont fait preuve d’une très forte réactivité. Le cabinet est resté ouvert pendant toute la crise. Nous avons accompagné nos clients sur des questions sociales, notamment avec la mise en place du chômage partiel, et sur les dispositions pour renforcer la trésorerie des entreprises (prêt garanti par l’Etat et dispositifs régionaux à connaître).

Cette période a été riche en échanges. Les associés et les responsables de mission ont appelé chacun de nos clients pour leur dire qu’on était à l’écoute, savoir s’ils avaient bien reçu notre documentation et les accompagner dans cette période difficile. Nous avons des clients dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration qui ont beaucoup souffert mais nous les avons suivis. A noter que les banques ont été au rendez-vous pour le PGE mais aussi pour l’accompagnement des entreprises en général. Il n’y a pas eu de difficultés.

A l’issue de cette crise, nous n’avons pas eu - pour le moment - de conséquences lourdes pour le cabinet sur le plan de l’activité. Notre chiffre d’affaires s’est bien tenu. Pas d’impact négatif en 2020, et en 2021, la reprise est assez forte. Les entreprises veulent repartir de l’avant, les enquêtes économiques montrent qu’elles ont la volonté de rattraper leur retard. Pour nos clients, le fait d’avoir été disponibles a été déterminant.

Où en sont vos projets de digitalisation ? Se sont-ils accélérés avec la crise ?

Un an et demi avant la crise, nous avons décidé d’instaurer le télétravail chez Orcom, ce qui a engendré les investissements nécessaires (ordinateurs et scans portables, flux suffisants…). Donc quand la crise est arrivée, nous étions prêts. Il y a eu une intelligence collective à tous les niveaux : nos équipes ont pris le rythme en s’adaptant à ces nouvelles manières d’organiser leur travail. Nous avons donc fait évoluer notre charte de télétravail.

Notre chiffre d'affaires s'est bien tenu

Le dialogue à distance (avec Skype...) a bien fonctionné. Cela change nos habitudes et nous fait gagner du temps. Cependant, nous sommes dans un métier de conseil et les collaborateurs ont besoin d’échanger de visu avec le client mais aussi entre eux. Nous faisons de l’audit, des transmissions familiales… nous avons besoin de dialogue en présentiel. Donc au niveau du cabinet, il n’y a pas eu de modification structurelle. Nous laissons une certaine liberté pour favoriser le travail d’équipe mais aussi pour former les jeunes. Un apprenti ne peut pas être en télétravail ! Il a besoin de faire quelques missions sur place.

Et au niveau des outils ? En avez-vous développé avec la crise ?

Nous étions déjà très digitalisés, avec Orcom Solutions [logiciel de gestion et de facturation en ligne] ou encore ScanBank [plateforme de récupération et de traitement des données bancaires, de Sage] qui est un outil éprouvé et efficace. Cependant, nous avons renforcé le « procédurage » car il ne suffit pas de collecter les données, il faut aussi les structurer. Nous avons donc travaillé sur l’audit des procédures de récupération et de transfert pour toute la chaîne comptable. Nous sommes même retournés à la comptabilité de trésorerie pour les petits dossiers.

Nous avons par ailleurs généralisé la signature électronique pour les procès-verbaux d’assemblées générales, les opérations au greffe, etc. C’est un vrai plus durant cette période de crise. Notre métier est très formaliste donc nous sommes gagnants.

La loi Pacte vous a-t-elle ouvert de nouvelles perspectives, en matière numérique par exemple ?

Nous avons ouvert un secteur IT (technologies de l’information) il y a deux ans, pour que l’audit des systèmes d’information soit identifié au sein du cabinet. Trois consultants (profil informatique bac +5) répondent aux questions sur la sécurité informatique. Cette expertise est très demandée en commissariat aux comptes.

Orcom a récemment acquis deux cabinets, l’un en Bretagne - Pays de la Loire et l’autre en Occitanie. Avec l’intégration d’Avenir Expert, vous vous installez sur la côte Atlantique Nord. Quelle est votre stratégie en matière de maillage territorial ?

Au niveau national, nous souhaitons avoir un maillage le plus dense possible tout en respectant la stratégie d’Orcom axée sur le conseil. Cette activité s’organise bien dans les cabinets d’une certaine taille, dotés de pôles territoriaux avec des effectifs suffisants pour développer du conseil technique et de proximité. C’est la raison pour laquelle nous n’intégrons pas de très petits cabinets.

L’acquisition d’Avenir Expert nous permet d’avoir un impact géographique nouveau et de développer des spécificités complémentaires aux nôtres : métiers de la mer, agroalimentaire. 240 personnes sont venues rejoindre nos équipes.

Le conseil s'organise bien dans les cabinets d'une certaine taille

Pour quelles raisons allez-vous sur ces secteurs d’activité ?

Nous nous implantons sur des territoires réputés pour leur dynamisme économique (de la Vendée à Quimper en passant par Vannes et Lorient). Ce sont des secteurs touristiques, avec des activités de résidence secondaire. Nous renforçons notre offre de conseil dans une logique d’attractivité commerciale. Les clients importants (PME, ETI) veulent connaître les références du cabinet par rapport à leur secteur. Or, ces secteurs spécifiques demandent une grande technicité. Il faut donc s’entourer de spécialistes.

Orcom dispose aujourd’hui de 15 pôles de compétences. Avec ses pôles complémentaires, l’objectif est d’irriguer nos savoirs (avec la grande distribution, le médico-social…). Avenir Expert est également présent à Cayenne, en Guyane. Nous avons trouvé un cabinet tourné vers l’accompagnement de sociétés internationales. 

Justement, vous avez entamé une conquête de l’international il y a quelques années avec l’achat d’un cabinet chinois et d’un cabinet franco-américain en 2017. Où en êtes-vous sur ce point ?

Aux Etats-Unis, nous sommes présents à New York, San Francisco et Boston (50 personnes) depuis 2017. Nous travaillons sur deux opérations d’implantation. L’objectif est de fournir du conseil pour les clients qui ont des démarches à l’international (implantation, outsourcing…). En Extrême-Orient, nous sommes implantés à Shanghai, Hong-Kong et Pékin. Dans ces périodes de crise, c’est plus compliqué car les entreprises ne peuvent plus développer leurs implantations mais ça repart (notamment dans le secteur du retail).

Nous sommes également présents à Londres depuis deux ans et demi. On dit qu’à l’international, il faut être présent dans dix villes qui comptent. Nous en sommes à quatre et nous travaillons pour aller plus loin. Il y a cinq ans, Orcom n’était pas à l’étranger, Aujourd’hui, 160 personnes travaillent uniquement pour l’international (sur 1 150 collaborateurs).

En avril dernier, Orcom et le cabinet d’avocats Vaccaro sont devenus associés au sein d’une SPFPL (société de participation financière de professions libérales), Orva Avocats. Comment se passe cette association ? Allez-vous pousser encore plus loin l’interprofessionnalité ?

Il y a quelques années, nous avons repris le cabinet Soucaze qui avait une branche avocats. Nous avons poursuivi ce développement en accueillant ensuite les 15 avocats du cabinet Vaccaro, implanté à Tours et Paris. Vaccaro a une stratégie de défense de ses clients, allant jusqu’à plaider. Ce qui nous a plu, c’est leur volonté d’accompagner leurs clients et pas seulement faire du conseil. Orva combine conseil et défense.

Depuis ce projet, d’autres cabinets d’avocats frappent à notre porte car ils apprécient la démarche « entreprise » (sur les process d’organisation…) qui est un bon axe pour la structuration de leur métier. On ouvrira la porte à ceux qui ont cette vision (sur les aspects techniques, commerciaux, de management). Ce premier pas réussi vers l’interprofessionnalité avec les avocats nous donne envie d’aller plus loin...

Propos recueillis par Céline Chapuis
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