Industrie des talents, le droit commence à se tourner vers les «soft skills», les compétences «business» et digitales, l’intelligence collective… La 4ᵉ édition du Village de la LegalTech s’en est largement fait l’écho à travers plusieurs conférences cherchant à déterminer les compétences requises pour exercer en tant que juriste aujourd’hui et surtout demain.
La « grande conférence étudiants en droit et jeunes professionnels » a braqué ses projecteurs sur les soft skills et les nouvelles pratiques du droit afin de percevoir comment les juristes exerceront en 2025 ! La neuroscientifique Marie Lacroix, fondatrice du cabinet conseil CogX, qui accompagne les entreprises dans leur transformation, est notamment venue expliquer comment apprendre à apprendre. C’est avec force d’exemples et de tests proposés à la salle, qu’elle a démontré l’état de surcharge cognitive dans lequel se trouve la mémoire des collaborateurs des entreprises, sans cesse sollicitée par des emails, des notifications, etc. Les tests représentent d’ailleurs un premier pilier d’apprentissage. La neuroscientifique a donc invité les juristes à tester leurs connaissances - plutôt qu’à relire leurs manuels – pour ne pas laisser leur cerveau se contenter de connaissances approximatives…
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
À l’heure où les juristes sont appelés à tenir le rôle de business partner, de co-développeur de solution et à sortir de leur direction pour aller à la rencontre de leurs clients internes, à conduire le changement, comment concilier collaboration et sur-sollicitation ? « Le groupe sera toujours plus pertinent que l’individu », martèle Marie Lacroix. Bien s’entourer, cultiver l’esprit d’équipe permet de gagner en productivité. Attention néanmoins aux biais cognitifs. On aurait par exemple tendance à considérer que les individus appartenant à notre propre groupe sont plus compétents que les autres, ce qui impacte nos capacités collaboratives. D’où l’intérêt des feedbacks, recommandés pour s’améliorer.
On le voit les thèmes abordés sont assez éloignés du droit et des compétences techniques. Les résultats du sondage Village de la Justice & Saven (quelles soft skills pour être un parfait juriste ?) confirment que les performances proviennent des compétences douces (attitudes, savoir-être), révélant même qu’un cinquième des recrutements échouent à cause de problèmes comportementaux. Dans un contexte où l’information est disponible, accessible, voire digérée, la connaissance académique ne constitue plus l’obstacle principal au recrutement. Le juriste doit développer des compétences nouvelles. En outre, la fonction appelle des profils différents selon qu’il s’agit d’intégrer une entreprise, un cabinet ou une legaltech. Le droit est mouvant, les carrières devraient être traversées par plusieurs changements de spécialités. Autant d’incertitudes qui planent au-dessus des jeunes (futurs) juristes auxquels les intervenants se sont efforcés d’apporter des réponses.
Il n’y avait d’ailleurs pas assez de chaises dans la salle pour accueillir le public venu assister à la présentation des résultats de l’enquête LegalEDHEC et AFJE menée auprès de 100 leaders du droit et permettant l’élaboration du référentiel-skills Marché 1.9 (2019) d’ALLL. (Advanced Law, Lawyering & Legal Transformation). 150 compétences y sont répertoriées. Dans le top 15 des skills pour être recruté, performer et progresser, les compétences douces dominent. Gérer son stress en situation d’urgence arrive en tête du classement. « Communication, capacité pédagogique, discernement, maîtrise de soi, résilience, intelligence émotionnelle et capacité à aller vers l’intelligence collective apparaissent prioritaires », indique Christophe Roquilly, professeur et directeur du LegalEdhec Research centre de l’Edhec Business School. En business skills, les résultats confirment la tendance au « business partenering ». Enfin le digital émerge et porte sur la compétence à utiliser des outils de recherche et des bases de données juridiques.
En automatisant les tâches à faible valeur ajoutée, la transformation digitale libère les juristes et rend les opérationnels autonomes. Une table ronde organisée par l’agence Seraphin.legal, s’est attachée à illustrer la co-création de solutions dédiées. Le cas de la direction juridique de la SNCF a été longuement évoqué. Plateforme de création de contrats, chatbot, signature électronique, legal design pour véhiculer des messages plus simples, micro learning pour que chacun puisse apprendre. Les outils se multiplient… que le juriste pilote.
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