Pour ou contre le sureffectif dans le cabinet comptable

Pour ou contre le sureffectif dans le cabinet comptable

23.02.2023

Gestion d'entreprise

Embaucher du personnel en surnombre peut s’avérer audacieux comme périlleux. Avis argumentés.

Pour : Xavier Lafont, dirigeant de Seleco-Val-de-Loire (Walter France), 20 collaborateurs

"Dans notre cabinet de 20 salariés, nous pratiquons le sureffectif à hauteur de 10% du personnel, soit actuellement 2 salariés qui ont été embauchés en surnombre, et nous porterons ce ratio à 20% cet automne. Deux salariés nous rejoindront en effet, l'un fin juin, l'autre en septembre. Ce sont d’anciens stagiaires qui ont apprécié le fonctionnement de notre cabinet et ont souhaité revenir. Pour être en sureffectif, il faut tout d’abord éviter de perdre des collaborateurs. C’est ce à quoi nous nous efforçons, en fournissant un bon environnement de travail, avec des locaux spacieux et confortables, aménagés en concertation avec les salariés, sans open space et où chacun a son matériel propre : double-écran, imprimante, scanner…Pas besoin de changer d’étage pour imprimer, ni de se partager une gomme pour quatre ! De ce fait, nos collaborateurs ont jusqu’à 30 ans d’ancienneté pour certains, et au-delà.

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Pratiquer le sureffectif contribue au confort de travail
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Ensuite, il n’y a pas de mystère : pour garder les salariés, il faut bien les payer. La rémunération est chez nous supérieure d’environ 20% à ce que nous rapportent les candidats lors des entretiens, concernant leur précédent poste. Et nous avons un accord d’intéressement. Dans ce contexte, pratiquer le sureffectif contribue au confort de travail car les nouveaux venus ne prennent pas immédiatement en charge de dossiers mais épaulent les équipes en place, qui leur mettent le pied à l’étrier. Les nouveaux assimilent ainsi tranquillement les techniques de travail, sachant qu’il leur faut un à deux ans pour être pleinement opérationnels. Mais la nature a horreur du vide, et au bout de trois mois, les personnes en sureffectif sont déjà bien occupées. Elles participent notamment à améliorer la relation et le suivi des clients. Nous avons une spécificité : les collaborateurs gèrent en moyenne une trentaine de dossiers chacun, de A à  Z : comptabilité jusqu’au bilan, social et juridique. Nous avons également une équipe qui travaille à 80% en expertise comptable et à 20% en audit. Car le client aime avoir un interlocuteur unique. Chacun est multitâches et le sureffectif apporte un appui. A condition que les uns et les autres soient vaillants, agiles et intelligents".

Contre : Sandrine Champetier, Directrice des ressources humaines du groupe MG (450 collaborateurs et 38 associés)

"Pour commencer,  le «sureffectif», le «sous-effectif» ou le «juste effectif» sont des notions relatives, en fonction de qui les apprécie et de ce à quoi elles se rapportent : une charge de travail ? une productivité ? une rentabilité ? une qualité de services ? En cette période de pénurie de candidats ou de talents, nous n’arrivons pas à combler tous nos postes à pourvoir. Oui, nous aimerions pouvoir appliquer une stratégie de sureffectif au sein de nos structures, surtout pour pouvoir franchir sereinement le cap de la transformation de nos métiers et pour avancer plus rapidement sur les projets de l’entreprise. Dans notre système organisationnel et structurel, nous pouvons recruter les talents là où nous les trouvons géographiquement, et avoir un sureffectif sur une structure ou deux pour combler le sous-effectif d’autres sites. Nous arrivons ainsi à un équilibre mathématique mais nous ne sommes pas en sureffectif.

Comment retenir des collaborateurs qui pourraient s’ennuyer ?
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Si embaucher un ou deux candidats en plus est positif, car cela libère du temps pour le service client, la gestion commerciale et qu’en peu de temps, les candidats intégrés ont une mission bien remplie, le sureffectif à plus grande échelle pose question. Je me demande si c’est alors une stratégie viable et pertinente à moyen terme pour l’entreprise. Car dans ce monde en quête de sens, comment retenir des collaborateurs qui pourraient s’ennuyer et ne pas se sentir utiles dans un projet ? Que génère la stratégie du sureffectif ? De l’attente pour certains d’une future et potentielle activité ? De la peur pour d’autres qui craindraient d’être un jour en sous-effectif ? Dans un contexte de crise et d’inflation, est-ce raisonnable pour certaines entreprises de se lancer dans cette stratégie ? En résumé, le sureffectif peut être intéressant et pertinent dans une démarche de transformation et/ou de développement, pour prendre le temps de pivoter sur d’autres méthodes de travail ou d’autres activités avec plus de valeur ajoutée. Encore faut-il recruter les bons talents et les adapter à la stratégie de transformation et/ou de développement. Mais le sureffectif ne peut être, à mon humble avis, que transitoire et servir un objectif bien établi. En définitif, le  «juste effectif» semble être la clé s’il est en adéquation avec la stratégie de l’entreprise !"

Propos recueillis par Olga Stancevic
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