La réforme des retraites a mis en lumière les difficultés des fins de carrière, y compris pour les cadres, plus fortement soumis au chômage, mais aussi parfois laissés de côté dans leur entreprise. Ce constat s’applique-t-il aussi aux juristes en entreprise ? Comment se déroule leur dernière partie de carrière ?
Les chiffres révélés à l’automne par l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) sont sans appel : quand le taux de chômage des cadres de 34 à 54 ans est de 3,6 % en moyenne, celui des plus de 55 ans monte à 6,8 %. Ils sont aussi plus durement touchés par le chômage de longue durée, qui concerne 33 % des cadres séniors inscrits à Pôle emploi, contre 17 % des cadres. Ainsi donc, l’âge apparait comme un facteur discriminant, qui n’encourage pas à la mobilité en fin de carrière.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Qu’est-ce qui fait courir un juriste sénior ? « Beaucoup d’entre eux ont des postes confortables, mais ont envie d’en changer avant qu’il ne soit trop tard, que ce soit plus difficile. Ils cherchent le nouveau challenge professionnel qui occupera les dix dernières années de leur carrière », répond Audrey Déléris, Team Lead chez Fed Légal, cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers du droit. Evidemment, à de tels niveaux de carrière, les postes de direction juridique disponibles, donc les opportunités, se font plus rares. Et d’autant plus quand les questions de recrutement sont envisagées sous un angle économique. « Les écarts de rémunération entre un juriste de 5, 10 ou 20 ans d’expérience sont colossaux. Dans le juridique, je ne pense pas que l’âge en lui-même constitue un critère discriminant, en revanche les niveaux de salaire peuvent l’être », souligne Audrey Déléris. En effet, le budget est souvent un critère premier lors d’un recrutement, plus que l’expérience exigée.
Tout n’est néanmoins pas noir sur le marché de l’emploi des juristes séniors, notamment grâce à une certaine évolution des mentalités. « De plus en plus de profils expérimentés admettent ne pas rechercher un poste de direction juridique très stratégique, dans une grande entreprise. Ils ont envie d’une petite équipe, d’un travail quotidien plus opérationnel. Les candidats sont plus ouverts et transparents que lorsque que nous avons débuté l’activité de Fed Légal, il y a 14 ans ». C’est ainsi que des directeurs juridiques expérimentés peuvent intégrer des start-ups qui souhaitent structurer une équipe juridique et être appuyées dans leur développement international.
Des changements de mentalité, Eléonore Fouquet en observe aussi. Ancienne juriste, elle s’occupe depuis 10 ans des activités de recrutement « tax and legal » en CDI, intérim et management de transition de Michael Page. « Il y a dix ans, ni les directions juridiques et fiscales, ni les juristes et fiscalistes n’étaient attirés par le management de transition. Aujourd’hui, cela devient une position de plus en plus plébiscitée. » En témoigne le salon Nouvelle vie professionnelle organisé le 21 novembre dernier. Sur le stand dédié aux 50 ans et plus, l’essentiel des demandes des visiteurs venus rencontrer les équipes de Michael Page a concerné le management de transition.
Côté juristes et fiscalistes, cette forme d’emploi, qui permet de conjuguer missions à forte valeur ajoutée et rémunération élevée avec des périodes de temps libre entre deux postes, est très appréciée. Les entreprises, elles, sont de plus en plus enclines à débloquer le budget nécessaire pour du management de transition. « Autrefois perçues comme des centres de coûts par les directions générales, les DJ sont désormais considérés comme de véritables partenaires dans le business, des partenaires que l’on est prêt à doter des compétences nécessaires, même si le coût est temporairement conséquent », explique Eléonore Fouquet. Sur ces postes, l’expérience et la technicité des candidats – et donc bien souvent leur âge – se révèlent un atout. Ainsi, des formes de travail moins conventionnelles, loin du classique CDI, sont désormais considérées comme attractives et offrent de nouveaux débouchés pour les juristes séniors.
Quant à ceux qui restent dans l’entreprise, ils peuvent aussi y trouver l’opportunité de développer de nouvelles compétences. « Je leur conseille d’élargir leur périmètre en interne, pourquoi pas sur les ressources humaines, la RSE, la compliance, les affaires publiques », précise Audrey Déléris. Des expertises qui les rendront plus attractifs pour un nouveau CDI ou, pourquoi pas, une expérience de manager de transition.
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