Quelles solutions pour les masques usagés ?

03.02.2021

Environnement

Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, la consommation de masques a beaucoup augmenté. Une fois utilisés, ils sont jetés, au mieux dans une poubelle, au pire dans la nature ou la rue. Pour encourager les initiatives locales de recyclage ou de réutilisation qui se mettent en place, une mission parlementaire avance quelques pistes d'action.

Avec l’épidémie de Covid-19, nous faisons face à une explosion de la consommation des masques jetables. On estime la production de déchets produite par les masques usagés à environ 40 000 tonnes en 2020 en France.
Les masques de type chirurgical, constitués à 90 % de polypropylène, sont sources de pollution : émissions de gaz à effet de serre dues au transport des masques, dégradation en micro et nanoplastiques lors de leur abandon qui s’accumulent dans les sols, les rivières et l’environnement marin.
Une mission flash de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire sur le traitement des masques usagés a observé les solutions innovantes mises en place et propose quelques pistes d’action pour mieux valoriser ces déchets.
Des initiatives prometteuses de recyclage et réutilisation
Des actions nationales ont déjà été mises en place : campagnes de communication, renforcement de la répression du dépôt sauvage de masques (le montant de l’amende a été porté à 135 euros, contre 68 euros auparavant).
Des initiatives locales et prometteuses montrant que le recyclage des masques est possible émergent. Néanmoins des obstacles subsistent : un risque infectieux (le virus restant viable pendant sept jours sur les masques chirurgicaux), des installations de tri inadaptées pour séparer spécifiquement les masques (trop légers et dont les élastiques se coincent dans les machines), un coût économique très peu incitatif, le manque de visibilité sur l’évolution de la consommation de masques avec la perspective d’une amélioration de la situation sanitaire.
Une autre piste : le lavage des masques chirurgicaux. Ceux-ci maintiennent leurs performances de protection après plusieurs cycles de lavage à 60°C avec détergent.
Les leviers : points de collecte, relocalisation ou soutien
Afin d’encourager toutes ces initiatives, la mission propose plusieurs pistes d’action :
- promouvoir l’utilisation des masques lavables réutilisables pour le grand public ;
Remarque : sont concernés les masques, de catégorie 1, dont le pouvoir filtrant est supérieur à 90 %, qu’ils soient en tissu ou chirurgicaux. Les masques fabriqués artisanalement ne doivent plus être utilisés.
- assurer la collecte au domicile des particuliers où les masques doivent être jetés avec les ordures résiduelles, dans la poubelle grise ;
- développer des points de collecte dédiés (sur le modèle de ce qui existe aujourd’hui pour les piles) dans les lieux collectifs, comme les grandes entreprises, la sortie des supermarchés, les établissements d’enseignement, les lieux d’accueil du public, etc.
 
Afin de massifier les flux de masques à recycler, la mission propose de lancer une expérimentation pour développer des points de collecte dans d’autres territoires, grâce à un partenariat entre les collectivités et les acteurs du recyclage.
Dans les unités de traitement de la covid-19 à l’hôpital, des banaliseurs permettant de désinfecter les déchets de masques utilisés, considérés comme des DASRI pourraient être développés.
Pour être pertinent, le recyclage doit s’effectuer en circuit court, à l’échelle d’un territoire. Le plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) pourrait comporter un diagnostic des besoins et des structures pouvant participer au recyclage des masques.
Le recyclage des masques doit bénéficier d’un soutien et d’un accompagnement publics. Des aides ont déjà été mises en place : volet économie circulaire du plan de relance et appels à manifestation d’intérêt, notamment au niveau local. D’autres soutiens doivent être accrus : appels à projets en faveur du recyclage des masques, grâce au fonds « économie circulaire » de l’ADEME, contrats à impact qui constituent « un partenariat entre le public et le privé destiné à favoriser l’émergence de projets sociaux et environnementaux innovants », contrats à impact territoriaux sous la forme d’appels à projets des collectivités, cofinancement de la Banque des territoires, notamment pour aider au financement des installations de recyclage.
Le label « anti-gaspillage alimentaire » pourrait être étendu au-delà du seul secteur de l’alimentation pour valoriser les entreprises qui s’engagent dans le recyclage des masques.
La filière REP (responsabilité élargie des producteurs) des textiles sanitaires qui doit être mise en place d’ici 2024 pourrait intégrer les masques. Une réflexion doit être menée à ce sujet.
La question de l’éco-conception des masques se pose. Les professionnels du recyclage doivent connaître leur composition exacte et celle-ci doit être stable. Pour faciliter cette traçabilité, la mission plaide pour une relocalisation de leur production.
Faire des recherches pour faire évaluer la norme EN14683 qui prouve que les masques chirurgicaux conservent toute leur efficacité après dix cycles de lavage. Cela permettra à des fabricants de revendiquer la possibilité pour leurs masques chirurgicaux de devenir réutilisables.
Remarque : l’ANSES a publié le 23 juillet un nouveau référentiel permettant à des industriels qui souhaiteraient développer des procédés de retraitement ou de recyclage des masques de protection de certifier leur procédé.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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