Regain d’optimisme pour les cabinets de recrutement

Regain d’optimisme pour les cabinets de recrutement

05.02.2016

Gestion du personnel

Missions haut de gamme et diversification des activités… Les cabinets conseil en recrutement ont opté pour de nouvelles stratégies afin de résister à la crise. Ils se portent mieux mais la reprise reste fragile.

Même si l’heure n’est pas encore à la grande euphorie, le marché du recrutement se porte mieux. Après deux années noires, le chiffre d’affaires des cabinets a connu un bond de 5% en moyenne, en 2015, avec une accélération sur le quatrième trimestre. Et quelques 9 300 cadres ont été recrutés (+3%), selon le bilan présenté, hier par le Syntec conseil en recrutement qui regroupe 130 structures. Le syndicat table même sur une croissance de 10% pour 2016.

Du recrutement au conseil

Mais ce rebond ne tient pas uniquement à un regain d’activité. Pendant la crise, les cabinets ont ajusté leur stratégie. Ils se positionnent désormais de plus en plus sur le segment haut de gamme : 24% de leurs missions ciblent des candidats affichant des salaires supérieurs à 80 KE, contre 18% en 2012.

Parallèlement, ils ont cherché à diversifier leurs activités. Les cabinets en recrutement grignotent de plus en plus des parts de marchés sur le conseil auprès des PME, des entreprises familiales et des ETI (entreprises de taille intermédiaire), dotées ou non de services RH : conseil en organisation des RH, accompagnement des comités de direction, en GPEC, transformation digitale…

Mais  tous les cabinets n’ont pas pu se réorganiser. Plusieurs ont fermé leurs portes. La profession compte aujourd'hui 1 300 sociétés, contre 1 600 en 2007. D’autres ont dû se résoudre à des coupes claires dans leurs effectifs, avec 30% de salariés en moins. Voire à casser les prix en proposant des tarifs oscillant entre 15% et 16% de la rémunération brute annuelle prévue pour le candidat recherché (contre 20% à 25% traditionnellement).

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Des délais d’embauche de plus en plus longs

Pour autant, la profession n’est pas tirée d’affaire. Elle doit aujourd’hui composer avec des délais d’embauche plus longs. "Les employeurs restent prudents, constate Wilhelm Laligant, président du Syntec Conseil en recrutement et directeur général délégué de HR Consultancy Partners. Ils multiplient les entretiens et les interlocuteurs. Au point où un candidat peut se voir proposer 8 rendez-vous au sein d’une même entreprise". En conséquence, l’ensemble du process, entre le sourcing et la signature du contrat, s’étire aujourd’hui sur 11,7 semaines, contre 10,8 en 2014 et seulement 8,4 en 2012.

De même, les candidats hésitent parfois à franchir le pas. Certains se désistent même des process de recrutement. "Les freins sont en premier lieu psychologiques : la peur de l’inconnu et celle de perdre leurs acquis sociaux pèsent sur leur choix, poursuit Wilhelm Laligant. Mais ils sont également réglementaires : de nombreux cadres hésitent à quitter un poste dans lequel ils sont reconnus pour prendre un CDI comportant une période d’essai". Sans garantie sur l’avenir. Les freins à la mobilité sont également dus aux incertitudes du marché.

L’arrivée des algorithmes

Enfin, ils doivent faire face à une nouvelle donne. L’arrivée des éditeurs de logiciels qui permettent de présélectionner automatiquement les candidats via des algorithmes d'évaluation sans intervention humaine, à l’instar de Cosh, une plate-forme dédiée au recrutement des fonctions commerciales ou de Rick Rut, pourrait modifier la donne. Ce phénomène est encore embryonnaire. "Ces outils ne jouent ni dans la même catégorie, ils ciblent le marché des juniors et des non-cadres, assure Antoine Morgaut, administrateur du Syntec, ni le même rôle". Impossible, en effet, pour ces logiciels "de détecter la motivation d’un candidat ou de formuler une proposition de rémunération. Ils ne peuvent pas non plus valider l'adéquation entre un prétendant à l’emploi et l'ADN de la société cliente". En somme, ces outils n'auraient pas le même niveau de finesse qu'un humain. Ils seraient plutôt complémentaires que concurrents... De quoi apaiser les craintes de la profession ?

Anne Bariet
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