Retour au travail : les DRH confrontés au déménagement des salariés

Retour au travail : les DRH confrontés au déménagement des salariés

08.06.2021

Gestion du personnel

Selon une enquête dévoilée hier par l’ANDRH, plus de la moitié des DRH estiment que la crise a fait évoluer leurs pratiques managériales et 80 % qu’elle engendrera à terme plus de télétravail. Mais dans l’immédiat, les professionnels sont confrontés à des demandes de salariés qui ont déménagé des grandes villes et qui veulent pouvoir adapter leur travail en conséquence. Du jamais vu !

C’est un casse-tête supplémentaire pour les DRH : alors que les entreprises organisent progressivement, à partir d’aujourd’hui, le retour au travail sur site, les professionnels RH pourraient bien être confrontés à des rangs clairsemés. Car la crise a accentué les mobilités géographiques : "30 % des répondants interrogés nous disent faire face à des demandes de salariés qui ont déménagé ou qui envisagent de déménager et veulent un avenant à leur contrat de travail pour recourir davantage au télétravail", a indiqué hier Audrey Richard, la présidente de l’ANDRH, lors de la présentation de l’enquête de l’association "sortie de crise, emploi et dialogue social", réalisée auprès de 270 répondants, du 11 mai au 4 juin 2021.

Un "phénomène nouveau". "Les DRH sont mis parfois devant le fait accompli", ajoute la présidente de l'association.

"Exode urbain"

Tendance de fond ou épiphénomène ? Cette situation inédite est corroborée par Jean-Noël Barrot, député (Modem, Yvelines), qui a présenté le 7 mai, devant les partenaires sociaux, les ministères du travail et de la cohésion sociale, les grandes lignes de son rapport (à paraître fin-juin, début juillet) sur l’accompagnement de la sortie de crise et du rebond économique territorial. Il observe ainsi une "amorce d’exode urbain" dans les grandes métropoles. Par exemple, les départs de Paris ont augmenté de 30 % entre le second semestre 2019 et le second semestre 2020.

Evelyne Llauro-Barres, directrice générale adjointe des richesses humaines de la Maif, l’atteste : "une cinquantaine de Parisiens souhaitent s’installer à Niort (Deux-Sèvres), où se situe le siège de l’assureur. D’autres ont fait le choix de Nantes, Bordeaux, Clermont-Ferrand".

Le problème des frais transports

Reste que ces changements de domicile ne sont pas sans écueils. "L’individuel ne doit pas prendre le pas sur le collectif mais il doit aussi être pris en compte ; c'est un problème qui s'impose aujourd'hui aux DRH", poursuit Audrey Richard. "Il n’est pas envisagé qu’un salarié, qui aurait déménagé loin, fasse du télétravail, à 100 %", témoigne ainsi ce DRH en marge de l’enquête quantitative. "On demande au collaborateur de venir trois jours par semaine sur site", complète cet autre professionnel RH.

Mais quid des frais de transport ? Si de nombreux salariés concernés disent "pouvoir s'organiser et assumer leurs frais de transport et de logement", "le contrat de travail prévoit que l’employeur prenne en charge le transport à 50 % entre domicile et travail", rappelle Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH. En effet, selon le Bulletin officiel de la sécurité sociale, tout employeur privé ou public situé sur le territoire français est tenu de financer au moins la moitié du prix des titres d’abonnement souscrits par ses salariés pour leurs déplacements réalisés entre leur résidence habituelle et leur lieu de travail, effectués en transports publics.

"Des zones d’ombre existent, relève Marie Bouny, directrice de la practice Stratégie et Performance sociale de LHH. La prise en charge des frais de transports publics peut être discuté".

Par ailleurs, "l'accord national interprofessionnel signé récemment prévoit que le télétravail ne peut être imposé ni par l’une ni par l’autre des parties", poursuit Benoît Serre. Mais, dans ce contexte, que recouvre exactement la notion de volontariat ? Et que se passera-t-il si les besoins organisationnels nécessitent une adaptation des jours de présence ? Est-ce que les retards ne vont pas se multiplier ? "Le risque est de s’orienter vers un droit disciplinaire avec à la clef, des sanctions", constate Audrey Richard.

Le réaménagement des sites de travail

Les déménagements ne sont pas les seules incidences de la crise sanitaire. Plusieurs verrous ont sauté pendant les confinements successifs. Pas question de revenir à l’organisation du travail d’avant. "Sur 96 500 accords signés pendant la crise sanitaire, 25 % concernent le télétravail", rappelle Audrey Richard qui précise que 80 % des DRH souhaitent pérenniser ce mode de travail deux à trois jours par semaine. "L’organisation de demain sera forcément hybride, entre travail en présentiel et à distance".

En outre, 55 % des sondés indiquent que la crise a amené leur organisation à faire évoluer la culture managériale. "L’entreprise doit proposer un nouveau mode de fonctionnement, insiste Audrey Richard. C’est un point attendu par les salariés et les candidats". Ce qui suppose, pour Benoît Serre, "de réviser les critères de promotion et de rétribution des managers". Avec, un avantage certain pour ceux qui ont su développer de nouvelles pratiques plus en phase avec les attentes des collaborateurs. En clair : qui ont adopté des relations moins hiérarchiques et davantage basées sur la confiance et l’autonomie.

Autre conséquence de cette épidémie : le réaménagement des sites de travail. Si l’essor du télétravail devrait favoriser le développement du flex-office, d’autres projets sont dans les cartons, création d’espaces de co-working, réaménagement lié à des changements d’organisation, voire fermetures de sites. Mais une chose est sûre : aux yeux des DRH, le bureau attitré ne se justifie plus quand le télétravail se développe.

 

Retour au bureau : 43 % des DRH favorables à un pass sanitaire

Jour J pour le retour au bureau, selon le dernier protocole sanitaire. D'après l’enquête de l'ANDRH, l’une des priorités sera de ressouder les collectifs de travail malmenés pendant le crise. 75 % envisagent de programmer des moments de convivialité communs, 35 % du teambuilding et 34 % des séminaires. Mais pour l’association, ce retour sera progressif. A partir d’aujourd’hui, 23 % des entreprises privilégieront une organisation à deux jours de télétravail par semaine, et 21 % à trois jours de télétravail hebdomadaire. 13 % veulent que le retour se fasse à 100 % en présentiel. Le 1er juillet, elles seront 31 % à choisir un télétravail sur un rythme de deux jours par semaine, et 16 % à un jour par semaine ; 23 % souhaitant revenir à du 100 % présentiel à la rentrée du 1er septembre 2021.

Enfin, 43 % se disent favorables à la mise en place d’un pass sanitaire en entreprise, 41 % y sont défavorables et 16 % ne se prononcent pas.

 

 

 

 

 

 

 

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La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Anne Bariet
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