Introduite dans la campagne présidentielle par Benoît Hamon, l'idée d'un revenu universel d'existence fait l'objet de vifs débats. Parmi les thèmes de désaccord, les effets que produirait le versement d'un revenu de base sur le niveau des salaires. Un atout pour peser sur les négociations salariales ou le risque d'un gel des revalorisations des rémunérations ?
Le débat sur un revenu universel d'existence s'est invité dans la campagne présidentielle à la faveur d'une proposition de Benoît Hamon. Mais le sujet est loin d'être nouveau et l'idée d'un revenu de base est déjà expérimentée en Finlande. Si une telle mesure venait à se concrétiser, elle concernerait directement les services RH qui, outre la gestion du prélèvement à la source dès 2018, devraient faire apparaître sur les bulletins de paie une nouvelle ligne dédiée au revenu universel.
Mais mentionner ce complément de salaire en bas de la feuille de paie n'est pas neutre. Les débats sont d'ailleurs vifs sur l'impact du versement d'un revenu universel sur l'évolution des salaires. Comment ce revenu complémentaire pourrait-il peser sur les négociations salariales ?
C'est l'un des enjeux dont ont débattu hier matin l'économiste Julia Cagé (qui porte le sujet dans l'équipe de campagne de Benoît Hamon), Marc de Basquiat, promoteur d'un "revenu de liberté pour tous" et Bruno Palier, chercheur en protection sociale, lors d'une table ronde organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).
Les quatre piliers du revenu universel |
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Le revenu universel, a rappelé Marc de Basquiat, s'articule autour de quatre grandes principes :
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En proposant l'instauration d'un revenu universel, Benoît Hamon poursuit plusieurs objectifs qu'a détaillé Julia Cagé : donner davantage d'autonomie aux jeunes, mettre fin à la grande pauvreté, et revaloriser les salaires nets. S'agissant des salariés, cette somme de 600 euros serait versée dans un premier temps à ceux percevant une rémunération allant jusqu'à 1,9% Smic, avant d'être étendue progressivement aux autres salariés.
L'attribution de ce revenu universel donnerait plus d'autonomie aux salariés leur permettant notamment de peser lors des négociations salariales, assure-t-on dans le camp de Benoît Hamon. Un avis qui n'est pas partagé par tous. Certains redoutent, comme Bruno Palier, que le revenu universel impacte directement les revalorisations salariales. "On va financer une partie du salaire net avec le revenu universel, craint-il, redoutant que "les entreprises n'absorbent les hausses de salaire par ce revenu universel".
Julia Cagé est, elle, convaincue du contraire, et ce pour plusieurs raisons. Elle fait "le pari" qu'avec le revenu universel, "on donne les moyens aux individus de refuser un emploi et, dès lors, des marges de négociation". Par ailleurs, avance-t-elle, "la prime pour l'emploi et la prime d'activité n'ont pas montré cet effet là, à savoir un éventuel gel des salaires. Ces primes n'ont pas tiré les salaires vers le bas" (*). L'économiste a également insisté sur le lien à établir entre le revenu universel d'existence et une autre proposition du candidat PS à la présidentielle, celle de la mise en place d'une co-détermination au sein des entreprises qui agirait en quelque sorte comme un garde-fou. "Nous allons introduire un tiers de représentants des salariés dans les petites entreprises et la moitié dans les organes d'administration des plus grandes, avec voie décisionnelle. Cela permettra d'effectuer une pression vers le haut sur les salaires". Enfin, dernier argument pour écarter tout risque de tassement salarial, une hausse du Smic à hauteur de 5% qui créera "un appel d'air vers le haut".
Un avis que partage Marc de Basquiat. Dans son ouvrage rédigé avec Gaspard Koenig (**), il soutient la même position. "Un tel dispositif renforcerait le pouvoir de négociation de ceux qui occupent un emploi faiblement qualifié", espérant même que "les emplois les moins les qualifiés, les moins agréables devraient donc être valorisés et aménagés de manière à ce que les gens acceptent de les occuper".
La "taxe robots" et la création d'emplois |
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Benoît Hamon propose également de créer une "contribution sociale sur les robots" qui alimentera un Fonds de Transition Travail (FTT) dont la mission de créer autant d'emplois nouveaux que ceux qui disparaîtront et de financer la formation des salariés à ces nouveaux métiers. Il s'agit "de faire peser une partie du poids de la protection sociale sur le capital et non seulement sur le travail", a expliqué hier Julia Cagé. Benoît Hamon a adouci la mesure dans la dernière version de son programme, en écartant de la taxe robots les entreprises qui créeraient de l'emploi. Concrètement, "la taxe s'appliquera aux entreprises qui détruisent de l'emploi, pas à celles qui en créent ou qui sauvegardent leur masse salariale", a précisé Julia Cagé. Un élément de différenciation dont la mise en oeuvre pourrait s'avérer bien plus compliqué que sur le papier... |
(*) A noter qu'une étude de 2014 sur la prime pour l'emploi statuait à l'époque sur l'impossibilité d'évaluer son impact sur les politiques salariales et la gestion des carrières par les entreprises.
(**) LIBER, un revenu de liberté pour tous", Marc de Basquiat et Gaspard Koenig, aux Editions de l'Onde.
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