Dans ce remaniement, le secrétaire d’État à la transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu laisse sa place à Emmanuelle Wargon, qui va découvrir la transition écologique. De l’accompagnement du territoire de Fessenheim aux dispositions du plan éolien, il lui cède avant tout des promesses à tenir.
Il est en quelque sorte le "vice premier ministre à l’écologie" appelé de ses vœux par Nicolas Hulot avant l’élection présidentielle de 2007 dans le cadre de son"pacte écologique". Depuis le remaniement annoncé mardi 16 octobre 2018, François de Rugy est désormais le seul ministre d’État… Une promotion protocolaire inédite pour une personnalité de l’exécutif en charge de l’environnement.
Pour l’aider à faire en sorte que cette ascension hiérarchique dépasse le stade du symbolique, l’hôtel de Roquelaure accueille une nouvelle secrétaire d’État à la transition écologique et solidaire. Exit Sébastien Lecornu, parti travailler avec les collectivités au ministère de la cohésion des territoires. Bonjour Emmanuelle Wargon.
Énarque, celle qui était hier encore directrice générale de la responsabilité d’entreprise, des affaires publiques et de la communication chez Danone connaît parfaitement les arcanes du pouvoir. À 47 ans, elle a fait l’essentiel de sa carrière dans les ministères – santé, affaires sociales, travail – ainsi qu’au Haut commissariat aux solidarités actives. Elle aura bien besoin de ces expériences pour reprendre les nombreux dossiers ouverts par son prédécesseur.
Depuis son arrivée, Sébastien Lecornu s’était attaqué à tous les dossiers dont personne ne voulait – ou bien avait-il fait mine de le faire, selon l’interprétation de chacun –, qu'il s'agisse du projet d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo, de la transition écologique des territoires en déshérence, ou de l’éolien…
Il a contribué à poser de nombreuses problématiques. Plus rarement à faire émerger les moyens de les résoudre. Et on peut avoir l’impression aujourd’hui qu’il a cherché à s’éclipser avant que la marche ne devienne trop haute.
Environnement
La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)
À Fessenheim où la fermeture de la première centrale nucléaire a été actée, les acteurs locaux ont ainsi apprécié les déplacements de l’ex secrétaire d’État et son discours sur la nécessité d’accompagner le territoire pour qu’il se transforme. Lors de sa dernière visite au début du mois, ils se sont montrés beaucoup plus dubitatifs au moment d’évoquer les moyens permettant de passer de la théorie à la pratique.
De même, si un premier contrat de transition écologique a été signé sur le fil à Arras le 11 octobre, l’outil conçu pour aider les acteurs publics et privés d’un même territoire à travailler main dans la main pour changer de modèle économique a pour le moment du mal à tenir ses promesses. Les vingt signatures promise pour la fin de l’année devront pour la plupart être reportée et les travaux n’ont par exemple pas commencé dans les quatre régions qui vont être touchées par la fermeture d’une centrale à charbon et qui avaient pourtant été considérées comme des cibles prioritaires.
Extérieure au monde de l’environnement mais spécialistes des questions sociales, de formation professionnelle ou d’emploi, c’est sans doute pour sa capacité à mettre les mains dans le cambouis et surtout à ne pas les ressortir avant que le moteur ne soit réparé qu’Emmanuelle Wargon a été choisie.
C’est elle qui a entre autre créé le RSA aux côtés de Martin Hirsch – une ironie de l’histoire puisque son père Lionel Stoleru, lui aussi secrétaire d’État, était à l’origine du RMI. En reprenant "peu ou prou les sujets sur lesquels Sébastien Lecornu travaillait", dixit François de Rugy à l’Assemblée, ce sont cette fois-ci de nombreux dossiers qu’elle devra faire avancer simultanément.
Plusieurs plans ont ainsi été annoncés pour libérer les énergies renouvelables. Mais dans le secteur éolien par exemple, la simplification réglementaire promise au début de l’année tarde à se concrétiser. De nouvelles discussions promises avec la DGAC (direction générale de l’aviation civile) pour réduire l’ampleur des zones d’exclusion tardent à se mettre en place. Et des incertitudes juridiques pesant sur les autorisations environnementales ont même poussé en 2018 les développeurs à reporter de nombreux projets.
Pour inverser cette tendance comme bien d'autres, la secrétaire d'État pourra comme son ministre de tutelle s'appuyer sur le nouvel engagement d'Emmanuel Macron. "Il ne faut pas se soumettre à la tragédie écologique. Il faut changer nos façons de produire et de nous déplacer. Dans les semaines à venir des décisions structurantes et historiques seront prises", a promis le président de la République lors de son allocution diffusée hier soir.
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