Ils viennent du monde sportif, syndical, politique ou artistique. Et ont pris les rênes des DRH de grandes entreprises. Qu’apportent leurs expériences ? Exercent-ils leur métier de manière atypique ? Quelles sont leurs valeurs ? Premier volet de notre série d’été avec Philippe Lamblin, DRH du groupe Avril et ancien président de la Fédération française d’athlétisme.
D’entrée de jeu, le ton est donné : le rendez-vous, au si��ge du groupe agro-industriel Avril (huiles, alimentation animale), rue Montceau, à Paris, ce vendredi 2 juin, a lieu debout, autour d’une table haute. Car Philippe Lamblin, l’énergique DRH de cette entreprise de 7 200 salariés, membre du Comex, a trouvé sa voie : à 54 ans, il apporte une touche sportive à l’entreprise.
Si cet accueil peut dérouter, les proches s’y sont habitués : Philippe Lamblin est un homme d’action, rarement dans son bureau, toujours sur le terrain, auprès de ses collaborateurs en France ou à l’étranger ; le groupe étant présent dans 21 pays.
"La mission première d’un DRH doit être l’accompagnement humain, indique-t-il préférant le contact et le mouvement au reporting. Il doit être capable de sortir de sa zone de confort à tout moment". En clair : "il doit se mouiller…".
Des réflexes presque innés pour cet athlète, spécialiste du 400 mètres, enrôlé dans l’équipe France dans les années 70 qui a accumulé les trophées et les distinctions : président de la Ligue Nord-Pas-de-Calais d’athlétisme depuis 1988, de la Fédération française d’athlétisme, de 1997 à 2001 puis de l’Association européenne d’athlétisme de 1995 à 2011.
Son bureau reste pourtant sobre, peu de récompense y figurent, hormis une médaille de la Route du Louvre, un marathon reliant Lille à Lens, qu’il a co-créé, en 2005, au moment de l’implantation du musée dans cette dernière ville.
Philippe Lamblin n’a pourtant pas tourné la page sportive mais il veut mettre à profit son expérience dans l’entreprise. A commencer par la prévention santé et sécurité au travail.
Il a ainsi interdit l’alcool dans les locaux et les kits mains-libres pour téléphones des voitures des commerciaux. Surtout, il a l’ambition de diminuer de 20% par an le nombre d’accidents du travail en menant une politique volontariste de long terme qui s’appuie sur deux piliers : l’implication de tous les collaborateurs via notamment le lancement, en 2013, d’un challenge sécurité au sein des "Défis de la performance" qui encourage à partager les meilleures pratiques et la mobilisation de la ligne managériale à travers l’assignation d’objectifs individuels et l’animation de visites sécurité terrain sur les sites de production. Avec en ligne de mire l’identification des risques potentiels, la valorisation des bonnes pratiques et, le cas échéant, la mise en place d’une action immédiate pour réduire l’exposition aux risques potentiels. Près de 10 000 ont, d’ores et déjà, été effectuées et 700 collaborateurs ont été formés.
De plus, il lancé un programme pour lutter contre les TMS. Dans les abattoirs, des ostéopathes proposent, par exemple, des séances d’échauffement avant la prise de poste. Dans le centre de conditionnement, des élèves d’une école de kiné ont concocté une formation ad hoc pour prévenir des risques potentiels.
Gestion du personnel
La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :
- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.


Au quotidien encore, l’activité physique est encouragée : les salariés peuvent opter pendant la pause déjeuner pour le shiatsu, le stretching ou encore la course à pied. Ils ont également la possibilité de participer à un challenge pour la banque alimentaire, par équipe : chaque kilomètre parcouru et mesuré par le biais d’une application permet de capitaliser des points convertis ensuite en euros au profit de l’association caritative."Le sport et l’entreprise se réunissent autour de valeurs communes : le goût de l’effort, la compétition, le collectif et surtout le plaisir, affirme-t-il. Mon objectif de DRH est d’engager le maximum de collaborateurs dans les projets et les défis de l’entreprise".
Et les challenges ne manquent pas. Après un changement de gouvernance et d’organisation en 2015, le groupe agro industriel (ex Sofiproteol), producteur notamment des huiles Lesieur et Puget, franchit une nouvelle étape en distillant une nouvelle culture managériale à tous les niveaux de l’organigramme, cadres de proximité et hauts dirigeants. Il cherche aussi à faire du groupe Avril une entreprise attractive : "la pire des choses c’est quelqu’un qui démissionne", insiste-t-il. Parmi les dernières initiatives figurent ainsi l’installation d’un comité exécutif d’une vingtaine de jeunes, composé de hauts potentiels de 25-35 ans, de tous services. A charge pour ses derniers de réfléchir à l’aménagement des nouveaux open spaces ou encore sur la transformation numérique de l’entreprise. Il a également mis sur pied un plan de succession, en identifiant plus de 200 personnes susceptibles de prendre la relève des cadres de l’entreprise.
Des initiatives qui lui ont valu de remporter une autre distinction, cette fois dans la catégorie RH : le Prix de DRH de l’année, en 2015, décerné par Hudson et Cadremploi. Un véritable satisfecit et presque une revanche pour cet ancien cancre qui a redoublé plusieurs classes durant sa scolarité.
Car rien ne prédestinait Philippe Lamblin à être DRH. Il a commencé à travailler dans une collectivité locale, muni d’un Defa (Diplôme d’Etat relatif aux fonctions d’animateur), un diplôme d’encadrement figurant toujours sur son CV. Il passe en parallèle un diplôme de sciences sociales en formation continue à Lille 1 et franchit le pas du privé. En 1990, il est nommé DRH de du groupe Lesaffre, leader mondial pour les levures et autres produits de fermentation, et prend son poste en pleine grève d’un site de production. Du jamais vu pour cette entreprise. Mais les épreuves ne lui font pas peur. Philippe Avril aime le contact et démine après plusieurs séances de discussion les tensions via le dialogue social. En 2009, il rejoint le groupe Avril et apporte depuis sa contribution RH à la stratégie et à la transformation du groupe. Sans relâche...
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