Une nouvelle plateforme de recrutement, développée par l'Ifec mais ouverte à toute la profession, permettra de mettre en adéquation les besoins des cabinets avec les compétences, y compris comportementales, de candidats. Le défi majeur est d'alimenter cette base de données. Lancement prévu en 2024.
Enième outil de recrutement ou plateforme innovante dans le paysage, déjà encombré, des jobboards ? "Skifec", élaboré par l’Ifec (*) et la société Skillspotting, se présente comme un "moteur de recrutement augmenté". Cet outil "permet un matching optimisé entre les compétences des talents [candidats] et les attentes des cabinets, en tenant compte des soft skills, des hard skills et des diplômes", a détaillé le syndicat lors d’une conférence de presse la semaine dernière. C’est "le Tinder pro de la profession comptable", glisse Damien Charrier, vice-président de l'Ifec.
Car trouver le bon candidat est une problématique courante au sein de la profession comptable. De nombreux postes sont ouverts dans les cabinets mais ont du mal à être pourvus. Le risque est "de faire un mauvais recrutement", relève Eric Gillis, élu au conseil régional de l'ordre des experts-comptables d'Occitanie et membre du bureau national de l’Ifec. "Et un mauvais recrutement c’est reparti pour six mois. Donc il est important, dans cette période tendue, de ne pas se tromper parce qu’on sait que la deuxième chance n’arrive pas tout de suite".
L’une des particularités mises en avant par l’Ifec est l’intégration des compétences comportementales dans cette plateforme de recrutement. Le candidat répond à un questionnaire afin de déterminer ses niveaux de self-control, de communication et d’efficacité. Ce test psychométrique génèrera un rapport de 12 pages avec des axes de progression, indique Eric Gillis.
36 grandes familles de profils ont été déterminées et possèdent chacune certaines spécificités distinctives. "Elles ont été définies en combinant la motivation principale mise en avant par chacun et la stratégie cérébrale personnelle la plus évidente", précise le dossier de presse. Le candidat pourra ainsi être "décideur", "combatif", "pragmatique" ou encore "innovant". Et "orienté résultat", "projet", "détail" ou "relation".
Ces savoirs-être sont ensuite mis en lien avec les attentes des cabinets lesquels auront, au préalable, fait l’état de leurs besoins, notamment des qualités requises pour les candidats à tel poste. "On ne fait pas ça pour découvrir le mouton à cinq pattes. (…) On n’a pas la possibilité de mettre tous les curseurs à 100%", prévient Eric Gillis. "Il faut qu’on ait des profils qui soient cohérents. Donc on doit travailler sur l’équilibre des curseurs".
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Autre usage intéressant de Skifec : l’établissement d’une cartographie des compétences internes du cabinet. La plateforme peut permettre d'identifier des spécialités ou des spécialisations que l'expert-comptable n'avait pas forcément détectées auprès de ses collaborateurs.
Nicolas Bollé, expert-comptable, a testé Skifec dans son cabinet de 15 collaborateurs pour répondre aux besoins de ses clients qui demandaient davantage de conseil. Il a donc fait tester l'outil à l’ensemble de ses collaborateurs afin d’identifier ceux ayant "des skills orientés sur l’empathie, l’écoute, l’accompagnement". "Ça m’a permis de confirmer ce que je ressentais sur ceux qui avaient la capacité d’accompagner en conseil (…) et ceux qui étaient un peu plus éloignés", et peut-être former ces derniers pour les faire évoluer, raconte Nicolas Bollé. Une expérience concluante qui lui a permis de proposer de nouveaux services à ses clients.
Pour que cette plateforme de recrutement soit efficace, encore faut-il l’alimenter. "L’outil peut être merveilleux, si on ne le remplit pas, il ne sera pas opérationnel", souligne Eric Gillis. "Pour un poste, il faudrait qu’on ait [au moins] une dizaine de personnes, idéalement même une cinquantaine de personnes pour qu’on ait un effet de vase communiquant", estime Sylvain Mossière, directeur de Skillspotting. C’est la problématique de l’offre et de la demande. "S’il y a un millier de personnes et une centaine d’offres, il y aura très peu de matchings".
D’ici la fin de l’année, l’objectif affiché est d’intégrer dans Skifec plusieurs centaines de candidats voire dépasser le millier de "talents" inscrits, et d'avoir 50-100 postes à pourvoir pour ensuite "faire venir en masse" des profils en 2024. Le vivier de candidats pourrait notamment être alimenté par l'école de comptabilité et gestion Sup'expertise, indiquent les représentants de l’Ifec. Qui indiquent également qu'ils doivent rencontrer l'Apec.
Skifec sera officiellement lancé le 1er janvier 2024 et ouvert à toute la profession. D'octobre à décembre 2023, une phase test sera déployée avec des cabinets adhérents de l'Ifec. Tout va donc se jouer dans les trois prochains mois.
(*) L'Ifec a développé la plateforme Skifec en partenariat avec Skillspotting et l'exploite en exclusivité.
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