SOS salariés en détresse

SOS salariés en détresse

16.12.2020

Gestion du personnel

Le cinquième baromètre d’Empreinte humaine, réalisé entre le 2 et le 9 décembre 2020, révèle que la santé mentale des salariés est au plus bas depuis la crise sanitaire. Un tiers d’entre eux ne serait pas à l’abri d’une dépression. Les jeunes, les salariés parents et les managers sont particulièrement exposés.

La détresse psychologique des salariés ne faiblit pas. Selon la cinquième étude réalisée, entre le 2 et le 9 décembre 2020, par le cabinet de prévention des risques psychosociaux Empreinte humaine, auprès de 2 009 personnes, elle atteint un salarié sur deux, en hausse d’un point par rapport à octobre dernier. 20 % des sondés se déclarent même en situation de "détresse psychologique élevée". Au point de développer un risque important de trouble mental "sévère". Près d’un tiers ne serait pas à l’abri d’une dépression, contre 20 % au début d’automne. L'impact de l'isolement et de la crise économique sur la santé mentale est loin d'être anecdotique.

Une troisième vague psychiatrique ?

"En cette fin d’année, la santé mentale des salariés n’a jamais été aussi basse depuis le début de la crise sanitaire", alerte Christophe Nguyen, président d’Empreinte humaine qui en est à sa cinquième étude sur le sujet. Ce psychologue du travail redoute même une troisième vague, qui pourrait bien être aussi dangereuse que le virus lui-même : une vague psychiatrique qui pourrait se traduire, sil elle n’est pas maîtrisée, par une envolée des arrêts maladie pour troubles mentaux, dépressions, burn-out et potentiellement par des suicides. Or, les entreprises sont à la peine sur le sujet. Des résultats qui pèsent pourtant fortement sur l’engagement et la performance.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Perte de sens

Les jeunes de moins de 29 ans sont particulièrement exposés, relève Empreinte humaine. 70 % déclarent vivre une détresse psychologique élevée. "Les jeunes salariés sont en perte de repère, ils vivent plus fortement l’effet du confinement, de l’insécurité économique et de l’isolement social. Ils habitent généralement aussi dans des appartements plus petits". Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur leur rôle dans l’entreprise et sur la viabilité de leur premier choix d’orientation professionnelle. Mon métier est-il essentiel ?

Nouvelles priorités

De même, les salariés parents sont soumis à rude épreuve : 42 % d’entre eux travaillent en dehors des heures de travail habituelles pour assumer ces responsabilités. Une réunion improvisée ? Des demandes de dernières minutes ? Des horaires à rallonge ? Et c’est toute l’organisation familiale qui se trouve bousculée, entraînant une bonne dose de stress et même un sentiment de culpabilité.

Les femmes vivent plus douloureusement ce manque d’anticipation : 58 % seraient en détresse psychologique.

La crise a d’ailleurs un impact sur la façon dont les salariés parents perçoivent leur travail, avec une prise de recul et de nouvelles priorités : 32 % des hommes et 43 % des femmes envisagent de travailler à temps partiel dans l’avenir pour mieux assumer ces responsabilités familiales.

Le mal-être psychologique gagne également les managers : 58 % déclarent vivre mal cette période. Sous pression par rapport à la reprise économique, ils ont du mal à dégager du temps pour leurs équipes et à détecter les signaux de détresse psychologique des collaborateurs à distance… De plus, en cette fin d’année, ils appréhendent les prochains entretiens annuels d’évaluation : dotés de marges de manœuvre très faibles sur les budgets d’augmentation salariale, ils savent qu’ils ne pourront pas récompenser l’implication de leurs équipes et fixer des objectifs motivants, avec des enveloppes "à zéro".

"Salariés invisibles"

Dans ce contexte, le télétravail à 100 % fait moins recette. Seuls 55 % des sondés déclarent vouloir continuer à ce rythme, contre 69 % en octobre dernier. En cause : si le manque d’interactions sociales pèse sur le moral des salariés, l’enquête pointe en priorité les modes de management en vigueur. Jugés trop "conservateurs", ils déroutent les salariés plutôt que de les épanouir. 43 % des télétravailleurs se sentent invisibles an télétravail et notent des dérives en termes de contrôle du temps de travail. D’où la nécessité de "travailler la question de la confiance en priorité si l’on veut pérenniser ce mode de travail", assure Christophe Nguyen.

Les moments de convivialité, instaurés à distance pour conserver la dynamique d’équipe, n’y changent rien : les e-apéros, e-cafés et autres e-rituels s’avèrent insuffisants pour ressouder les liens. D’une part, parce que ces réunions obligatoires nuisent à leur authenticité. D’autre part, parce qu’elles sont encadrées et trop formelles. Loin des pauses décontractées qui permettent vraiment de décrocher… D’ailleurs six salariés sur dix se verraient bien revenir au bureau au lieu d’être en télétravail puisqu’ils ne prennent pas les transports en commun et ne prévoient pas de déjeuner avec les collègues. 64 % affirmant que le bureau est même essentiel pour le collectif de travail. De quoi remonter (un peu) le moral de leur DRH !

Anne Bariet
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