Télétravail : une "révolution" pour l’entreprise mais aussi pour les DRH

Télétravail : une "révolution" pour l’entreprise mais aussi pour les DRH

22.06.2020

Gestion du personnel

Selon une enquête réalisée par l’ANDRH en partenariat avec le Boston consulting group, les entreprises devraient jouer les prolongations sur le télétravail. Mais ce mode de travail doit aller de pair avec une évolution des pratiques managériales, de l’organisation du travail et aussi de la fonction RH.

La France vit-elle un tournant pour l’instauration du télétravail ? Tout porte à le croire à la lecture de l’enquête réalisée par l’ANDRH, en partenariat avec le BCG (Boston consulting group), et présentée vendredi. 85 % des 458 DRH, sondés entre le 2 et le 18 juin, considèrent "souhaitable" le développement pérenne de ce mode de travail dans leur entreprise.

"Un retour en arrière semble peu envisageable. On est passé sur l’autre rive", résume Audrey Richard, la présidente de l’ANDRH.

Tous ou presque (95 %) y ont eu recours pendant le confinement. Ils n’étaient que 8 % à avoir développé cette pratique avant la crise sanitaire et seulement pour un quart de leurs salariés. "On pensait que certains métiers n’étaient pas compatibles avec le travail à distance comme ceux de la relation-clients ou encore exercés dans les call-centers pour des raisons de sécurité essentiellement, observe Vinciane Beauchene, directrice associée au Boston consulting group. Mais cela n’est plus le cas".

82 % des DRH vont revoir à la hausse la part des postes éligibles au télétravail.

Modèle hybride

Le télétravail ne va pas pour autant devenir la norme, à l’instar des projets de PSA. Les DRH s’orientent davantage vers un modèle hybride : 60 % des entreprises envisagent d’avoir plus d’un quart de leurs salariés en télétravail avec une moyenne de deux jours par semaine.

"Il va y avoir un rééquilibrage entre le travail en présentiel et le travail à distance", précise Benoît Serre, vice-président de l’association.

Car cette généralisation du télétravail a aussi mis en exergue l’importance du collectif de travail. 88 % pointent l’absence d’interactions sociales, la perte du sentiment d’appartenance à l’entreprise mais aussi le risque de fracture sociale "entre cols blancs et cols bleus". 64 % mettent en garde contre l’augmentation des risques psychosociaux.

Gains immobiliers ?

Mais, en parallèle, 93 % d’entre eux estiment que le télétravail peut répondre aux attentes des salariés et augmenter l’attractivité de l’entreprise. 64 % mettent également en avant une augmentation de la productivité et 61 % une réduction de l’empreinte carbone de l’entreprise, en raison de la réduction des trajets.

Au-delà, le déploiement du télétravail à grande échelle pourrait être l’occasion de réaliser de substantielles économies de mètres carré. 35 % des sondés font référence à des gains immobiliers potentiels". Un résultat toutefois minoré, selon Audrey Richard. "Car les DRH travaillent sur ces questions. Il y a actuellement de vrais projets de réallocation des surfaces de travail". Avec à la clef "des fermetures de site ou de nouveaux modes alternatifs de travail comme le co-working".

Sujets sociétaux

Mais pour réussir ce changement d’échelle, l’entreprise doit aussi se repenser et faire évoluer plusieurs curseurs. A commencer par ses pratiques managériales. "L’erreur est de considérer que le télétravail va de soi", remarque Vinciane Beauchene.

Ce modèle signe tout d'abord la fin du modèle hiérarchique classique. 96 % des DRH estiment que le premier rôle du manager sera "de donner du sens et de motiver" ; 95  % de "faire monter en compétences les membres de son équipe" et de "leur donner des feed-back".

"La crise a aussi permis de tester de nouveaux modes de travail, comme le lean management, la méthode agile, le design thinking", explique Vinciane Beauchene. Les retours de ces expériences sont, d’ailleurs, très positifs : "70 % entendent pérenniser ces pratiques".

Surtout, les DRH se sont aventurés au-delà de leur champ habituel de compétences, en endossant un nouveau rôle, au chevet de leurs troupes. "Nous avons dû intervenir sur de nombreux sujets sociétaux, en préparant des recommandations sur le sommeil, l’alimentation, le sport. Nous avons fait intervenir des coachs sportifs, culinaires. Les DRH ont aussi pris position sur les violences conjugales".

Des initiatives qui peuvent être perçues comme intrusives en s'immisçant dans la vie privée du salarié mais considérées comme des sujets RH à part entière. "On a franchi ce cap car il répondait à un besoin". Un bouleversement de taille pour la fonction RH longtemps cantonnée à des tâches réglementaires.
 

Concertation télétravail : "Tout ne se négocie pas à Paris"

Qu’attendent les DRH de la concertation télétravail qui se déroule actuellement entre les partenaires sociaux ? Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH, rappelle qu’il existe un cadre légal au télétravail. Ce mode de travail est, de fait, encadré par les articles L1222-9 et suivants du code du travail mais aussi par l’accord national interprofessionnel (ANI) de 19 juillet 2005 (étendu en 2006). Le ministère a également publié un questions-réponses en "urgence" pendant la crise. "Il ne faut pas en rajouter. Tout ne se négocie pas à Paris", poursuit Benoît Serre qui souligne que l’ANDRH sera auditionnée "prochainement" sur le sujet par le Medef. "Attention, à ne pas s’embarquer dans des discussions au long cours. Notre préférence porte clairement sur des négociations au plus proche du terrain plutôt que sur un ANI, à condition que celles-ci se déroulent dans un cadre juridique assoupli".

 

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Anne Bariet
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