Troubles Dys au travail, quand l'anodin devient un obstacle

Madame H., 37 ans, est recrutée par une association comme assistante de communication. Au moment de son embauche, elle signale sa dyslexie et la nécessité d’adapter son poste de travail au moyen d’un logiciel lui permettant de repérer ses erreurs. Elle avertit son employeur qu’il peut bénéficier d’aides financières, mais le poste n’est jamais adapté. Au bout d’un an, son contrat est rompu. Madame H. renonce à pouvoir travailler dans son domaine de compétences et envisage une reconversion professionnelle.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Ce témoignage, issu du rapport Gillot sur le handicap, rend compte des difficultés que peuvent rencontrer dans leur vie professionnelle les personnes atteintes de troubles de l’apprentissage, aussi appelés "troubles Dys". Invisibles pour les autres et mal connus, ces troubles cognitifs étrangers à toute déficience intellectuelle concernent 6 à 8 % de la population française. Ces troubles perturbent la vie en entreprise des salariés atteints, affectant leur concentration, leur apprentissage et leur estime de soi.

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Fautes d’orthographe et lecture hachée

Isabelle Hébert, directrice générale du groupe MGEN, a montré les premiers signes de sa dyslexie lors de son entrée au cours préparatoire. "En apprenant à lire et à écrire, j’inversais les lettres, en particulier celles qui sont symétriques, comme le b et le d. J’ai également toujours du mal à appréhender ma gauche et ma droite. Mais à l’époque, dans les années 80, on ne mettait pas encore les mots sur ce type de troubles."

Si la dyslexie reste le trouble Dys le plus couramment rencontré, il en existe de nombreux autres. Ils peuvent affecter le langage oral (dysphasie), le langage écrit (dyslexie, dysorthographie), la manipulation des chiffres (dyscalculie) ou encore la coordination du geste et les fonctions visio-spatiales (dyspraxie).

Lorsqu’ils entrent dans le monde du travail, ces salariés particuliers peuvent être confrontés à des obstacles qui entravent leur confiance en eux. Difficile en effet d’assumer en entreprise de nombreuses fautes d'orthographe, une lecture hachée ou des difficultés à s’exprimer correctement à l’oral. Autant de difficultés qui souffrent d’a priori très forts. "Aujourd’hui, ma principale difficulté en tant que dyslexique reste l’orthographe, explique Isabelle Hébert, surtout dans une entreprise comme la nôtre où l’orthographe est une valeur importante, car nous travaillons beaucoup pour des établissements scolaires".

Toutefois, être dyslexique ne devrait pas être un frein à la carrière, en particulière à l’ère du correcteur orthographique, poursuit la directrice de la MGEN. "La technologie permet de contourner les difficultés liées à la dyslexie. La possibilité de dicter son message, par exemple, est pratique et non-stigmatisante vis-à-vis des autres. C’est même plutôt perçu comme un signe de modernité !"

La mission handicap de BNP Paribas propose des moyens techniques et humains très diversifiés pour pallier les difficultés de ses salariés. "Nous travaillons avec des cabinets spécialisés dans l’accessibilité numérique, explique Clarisse Breynaert-Mauvage responsable de la mission handicap. Tous nos postes informatiques laissent l’option au salarié de choisir une police de caractère spécifique qui facilite la lecture pour les dyslexiques. Nous pouvons aussi proposer des logiciels qui aident à la lecture, d’autres qui permettent de vocaliser un texte écrit ou de dicter un texte à l’ordinateur. Nous mettons aussi à disposition des logiciels de correction orthographique plus puissants et plus précis que le correcteur par défaut."

Mais pour accéder à ces aides personnalisées, encore faut-il que le salarié se soit manifesté auprès de son entreprise. Plus encore, il doit avoir engagé des démarches pour obtenir la reconnaissance de travailleur handicapé. La loi de 2005 sur les droits des personnes en situation de handicap reconnaît en effet les troubles Dys comme des affections pouvant ouvrir droit à une compensation financière permettant d’adapter le poste de travail des salariés concernés.

Or, comme beaucoup de personnes souffrant d’un handicap invisible, les salariés atteints de troubles Dys demandent très peu à se voir reconnaître travailleurs handicapés. Il est alors impossible pour leur entourage professionnel de pallier leurs difficultés.

La solution ? La sensibilisation, selon BNP Paribas. "Ces troubles sont méconnus, il n’est donc pas toujours évident d’imaginer que des moyens de compensation sont possibles dans l’entreprise, explique Clarisse Breynaert-Mauvage. Nous organisons des ateliers de sensibilisation au cours desquels nous proposons aux salariés de se confronter aux difficultés entraînées par les troubles Dys : on leur fait lire des textes déformés afin de leur faire prendre conscience de la fatigue causée par la lecture d’un texte long pour certains de leurs collègues, par exemple. Plus on en parle, plus le bouche à oreille fonctionne et plus le sujet s’ancre comme un sujet d’entreprise."

Un sujet d’entreprise, mais plus largement un sujet de société. Aujourd’hui les troubles Dys sont mieux connus qu’il y a 20 ans, en particulier dans le milieu scolaire. Récemment, ces troubles ont même fait l’objet de recommandations portées au niveau du gouvernement. Le rapport sur le handicap de juin 2018 suggère ainsi de mieux informer les personnes Dys et les employeurs de l’existence d’aides techniques compensées financièrement, et d’agir sur l’insertion professionnelle de ces personnes par le biais de l’emploi accompagné. L’auteure du rapport, l’ancienne ministre Dominique Gillot, insiste sur la nécessité de mobiliser les employeurs et "de les considérer comme des alliés pour l’emploi des personnes handicapées".