Emmanuel Gobin, co-président de l’ANDRH Nord-Maritime, a connu l’enfer du burn-out. Il a témoigné de son expérience lors de l’Université 2022 de l’ANDRH, qui s’est déroulée le 2 et 3 juin à Nancy, dans le cadre d’un atelier ad hoc.
Après 10 ans d’expérience dans les RH, Emmanuel Gobin, diplômé de Sciences po Grenoble et titulaire d’un DESS de gestion sociale, pense avoir trouvé, à 32 ans, un job à sa pointure : DRH adjoint d’une collectivité publique. Il a déjà fait ses premières armes auprès d’un ministère et d’un centre de recherches.
Les premiers temps sont idylliques. "Le métier est exigeant mais passionnant. Les responsabilités devenaient toujours plus importantes. C’était très gratifiant, indique-t-il. Les gens voyaient en moi quelqu’un à qui ils pouvaient transmettre leurs problèmes. On prend ça comme un levier de reconnaissance". D’autant que l’accumulation des missions et des responsabilités constituaient pour lui l’espoir de booster sa carrière.
Mais très vite, Emmanuel Gobin est pris dans un terrible engrenage professionnel, "une spirale infernale" : la tâche est immense, les heures de travail s’étirent et la vie de famille se réduit comme peau de chagrin. "Ce métier est d’une exigence énorme. J’étais dans une logique de perfection constante". Corriger pour la énième fois une micro erreur d’un tableau Excel ? Gérer des situations de crise ? Animer le dialogue social pas toujours respectueux voire conflictuel ? Méticuleux, consciencieux et engagé, il ne renâcle pas à la tâche.
"En tant que DRH, on ne gère pas son propre temps, mais celui des autres. Vous êtes tributaires des représentants du personnel pour l’organisation du CSE, des managers pour qui il faut trouver une solution ici et maintenant mais vous êtes également l’interlocuteur du DG".
Penser à tout le monde… "Je ne voulais pas que l’on voie mes faiblesses. A chaque fois, j’arrivais un peu plus tôt que mes collègues et je partais un peu plus tard". "Je passais de plus en plus de temps au travail, tout en ne me sentant pas efficace".
Gestion du personnel
La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :
- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.
L’évidence est pourtant là : les signes avant-coureurs, insomnie, perte d’appétit, grande fatigue, apparaissent. "Mais je n’ai pas voulu écouter". Vitamines, somnifères se sont succédé… "On puise dans ses ressources". Jusqu’au jour où "le corps a lâché". "Je ne voyais plus l’ordinateur, je n’arrivais plus à bouger et je me suis écroulée. Littéralement, de tout mon poids comme une déconnexion totale… Je ne contrôlais plus rien !". "J’ai juste réussi à décrocher à temps mon téléphone pour composer un numéro préenregistré, celui du médecin du travail". Emmanuel Gobin garde de ce moment un souvenir flou mais aussi le sentiment d'avoir été seul. Une chute. Le reste lui a été raconté. "Les pompiers m’ont retrouvé par terre...".
S’ensuit un arrêt maladie de trois semaines. Mais le retour au travail est pénible. "On m’a simplement dit que je n’étais pas fait pour ce métier. Or, cela faisait 10 ans que j’exerçais cette fonction de manière ultra-engagée". Il décide alors de démissionner. Parallèlement, il est suivi par un coach et finit par se reconstruire.
Après avoir exercé plusieurs autres fonctions, en tant que responsable RH de région puis DRH d’un groupe en croissance, il saute le pas, en devenant directeur général d’une association médico-sociale, spécialisée dans l’accueil des personnes handicapées intellectuelles, Les Papillons blancs. Son objectif ? "Placer l’humain au cœur de la stratégie d’entreprise" en impulsant un nouveau type de management.
L’un de ses premiers chantiers a été de négocier un accord sur la santé au travail. Il a également revu les règles de gouvernance, notamment les délégations de pouvoirs établies vis-à-vis des cadres dirigeants "afin d’être dans l’accompagnement et non plus dans le contrôle".
A son actif également, la suppression des entretiens d’évaluation qui "fixent des objectifs irréalistes aux managers" pour travailler sur une feuille de mission, à l’horizon de trois mois, en valorisant les réussites. Parallèlement, il a rejoint l’association "Envie 2 Résilience", destinée à "réparer les pépins de la vie" (choc d’un licenciement, rémission d‘un cancer…) pour "mettre cette expérience personnelle et professionnelle au service des autres".
Nos engagements
La meilleure actualisation du marché.
Un accompagnement gratuit de qualité.
Un éditeur de référence depuis 1947.
Des moyens de paiement adaptés et sécurisés.