Un juriste sur deux envisage de quitter son emploi dans l’année

Un juriste sur deux envisage de quitter son emploi dans l’année

27.05.2021

Gestion d'entreprise

Les juristes se disent globalement satisfaits au sein de leur direction juridique. Pour autant, la majorité se sent stressée et souhaiterait une rémunération plus en adéquation avec le volume de travail fourni. Autant de facteurs qui baissent la moyenne du Baromètre national de satisfaction des juristes, publié cette semaine par Oxygen+, en partenariat avec l'AFJE et le Cercle Montesquieu.

Un métier qui a du sens, une bonne ambiance… Mais, en même temps : du surmenage, une charge de travail trop importante et un stress omniprésent. Découvrez l’essentiel des résultats issus du Baromètre national sur la satisfaction des juristes d’entreprise*, publié mardi par Oxygen+ en partenariat avec le Cercle Montesquieu et l’AFJE.

7 juristes sur 10 pensent que leur métier donne un sens à leur vie

La crise aurait-elle épargné la profession ? Il semblerait en tout cas qu’elle n’ait pas entaché le bien-être des juristes cette année. Ainsi, 8 juristes sur 10 se disent « satisfaits » à « extrêmement satisfaits » au travail.

9 sur 10 vont jusqu’à affirmer que c’est un « beau métier » et qu’il donne même « un sens à leur vie » pour 7 sur 10 d’entre eux.

Au sein de la direction juridique et dans l’entreprise, on retiendra que l’ambiance de travail y est majoritairement bonne (pour 80 % d’entre eux). D’ailleurs, 7 juristes sur 10 ont du plaisir à commencer leur journée de travail ! Effet Covid ou pas, les juristes estiment que le rapport télétravail-présentiel est actuellement à un bon niveau. Côté travail, 9 sur 10 considèrent disposer d’une autonomie suffisante sur leurs dossiers et 7 sur 10 affirment ne pas s’ennuyer dans leurs fonctions.

1 juriste sur 4 en situation de burn-out

Le bonheur des juristes n’est toutefois pas encore complet : 1 juriste sur 2 considère que ses avantages et sa rémunération ne sont pas en adéquation avec le volume de travail fourni. 57 % considère en outre ne pas avoir de perspectives d’évolution au sein de sa direction juridique. Autre facteur négatif, 4 juristes sur 10 ont le sentiment de ne pas être reconnus dans leur travail.

Par ailleurs, la charge de travail et la charge mentale supportées par les juristes sont « importantes » pour 8 sur 10 d’entre eux. Plus inquiétant, ils sont nombreux à ressentir du stress important dans leur fonction et 1 sur 4 se considère en situation de surmenage (« burn-out »).

Enfin, conséquence de la crise sanitaire ou non, 1 juriste sur 2 envisage de quitter son travail dans l’année si l’opportunité se présente.

Basculer vers d’autres métiers proches 

Alors, comment améliorer le bien-être des juristes ? Quelques pistes sont évoquées dans l’étude. Plusieurs choix ont été proposés aux sondés et les 5 réponses accueillant le plus de suffrages sont dans l’ordre :

  • une meilleure rémunération,
  • des perspectives d’évolution,
  • une amélioration de la reconnaissance,
  • une augmentation des ressources internes et externes de la direction juridique,
  • des horaires plus raisonnables.

Pour évoluer « autrement », Béatrice Bihr, secrétaire générale du groupe Servier, suggère aux juristes « d’apprendre à oser saisir des opportunités dans l’entreprise ». « Pour basculer vers d’autres métiers proches : comme la compliance, mais aussi vers des fonctions très différentes comme les opérations, la gestion du risque, les ressources humaines ou même la finance ».

La crise : un effet déclencheur positif

Les directeurs juridiques auraient un rôle important à jouer dans cette « poursuite du bonheur ». Selon Laure Lavorel, présidente du Cercle Montesquieu, « les directeurs juridiques doivent s’interroger sur une meilleure répartition de leurs ressources et accepter de déléguer certaines tâches à faible valeur ajoutée (gestion des contrats standard par exemple) afin de diminuer la charge de travail de leur équipe ». Et la crise pourrait avoir un effet déclencheur positif selon la directrice juridique. Grâce à elle, « les dirigeants [ont pris] conscience de l’importance du rôle des juristes dans la vie et la stratégie de l’entreprise. Les directions juridiques doivent donc saisir cette opportunité pour développer leurs ressources tant humaines que financières pour mieux remplir leur mission ».

*Le baromètre a été mené auprès de 743 juristes d’entreprise travaillant au sein de directions juridiques (dont 46% de juristes, 25% de responsables juridiques, 24% de directeurs juridiques et 5% d’autres fonctions juridiques). L’enquête a été réalisée du 5 au 21 mars 2021 de manière anonyme à l’aide de l’outil SurveyMonkey.

Leslie Brassac

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