World Efficiency : Quand les start-up rencontrent les entreprises à papa

World Efficiency : Quand les start-up rencontrent les entreprises à papa

13.12.2017

Environnement

La deuxième édition du salon World Efficiency est davantage tournée vers le travail de partenariat entre entreprises que vers les relations fournisseurs-clients… Une occasion pour les start-up et pour le monde ancien de se retrouver pour engager la transition écologique.

C’est en quelque sorte le pendant opérationnel du One Planet Summit qui se tenait en même temps à Paris, ce 12 décembre 2017. Tandis que les grands de ce monde se sont retrouvés pour mobiliser des fonds capables de financer la transition ��cologique, les participants de World Efficiency cherchent les moyens de les utiliser au mieux. Organisé du 12 au 14 décembre, l’ex Pollutec Horizons est désormais un lieu de rencontre pour les entrepreneurs en recherche de synergies et de financements. Et en la matière, tout le monde a une carte à jouer dans la révolution climatique qui s’annonce. Des jeunes pousses les plus innovantes qui sortent tout juste de leur coquille aux entreprises les mieux établies.

Algorithmes et petits oiseaux

Quand les premières cherchent à concrétiser leur projet, "leur principale de barrière est financière", estime Lucas Joppa, directeur de la recherche environnementale chez Microsoft. Cette raison a poussé l’éditeur informatique à annoncer lundi un plan d’investissements de 50 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir des projets qui mettent l’intelligence artificielle au service de la planète. Au-delà des questions d’optimisation énergétique qui sont souvent évoquées, Lucas Joppa regrette par exemple notre manque de connaissances sur les écosystèmes et sur leur évolution dans le temps. Pour voir comment évoluent les populations d’oiseaux et réaliser des inventaires précis, "on doit inventer des algorithmes capables de s’appuyer sur la reconnaissance faciale ou les détails d’images satellitaires", affirme-t-il.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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Le casse-tête réglementaire

Les seuls appuis financiers sont souvent insuffisants pour faire émerger les technologies les plus vertueuses. Pour Marion Enderlein, responsable de "l’alliance mondiale pour les technologies propres" dont l’objet est de recenser mille projets pour les promouvoir et les mettre en relation, "le principal frein à l’innovation est la réglementation". Président du fabricant de voitures autonomes Navya qui entend jouer un grand rôle dans la transformation de la mobilité en ville, Christophe Sapet abonde et regrette en particulier "un environnement réglementaire différent d'un pays à l'autre". Refusant de trop noircir le tableau, il se félicite néanmoins du fait qu’en France par exemple, on ait la possibilité d’expérimenter  certaines innovations. Dirigeante de Greentownlabs, Emily Reichert n’oublie pas par ailleurs que "la réglementation aide aussi des solutions technologiques à émerger et crée donc de nouveaux marchés". Illustration avec l’obligation de valoriser le méthane qui s’échappe des installations de stockage de déchets.

Des portes grandes ouvertes

Greentownlabs est un incubateur installé à Boston spécialisé dans les technologies propres. Il accueille spécifiquement les entreprises qui ont besoin de fabriquer des produits physiques (et non des logiciels) : capteurs, moteurs efficaces, équipements de stockage... "Notre originalité est d’avoir dans nos locaux des laboratoires qui permettent de tester des prototypes dès le début des projets", décrit Emily Reichert, notant au passage l’intérêt de sa structure et des pépinières en général pour mettre en relation des start-up et des géants de l’industrie qui ont souvent du mal à travailler ensemble. À Boston, on accueille les porteurs de projet du monde entier. À bon entendeur !

Adapter des bonnes pratiques

"Ce ne sont pas uniquement les start-up spécialisées dans les cleentechs qui doivent se mobiliser dans la transition, mais l'ensemble des entreprises", prévient Marion Enderlein. Celles du monde traditionnel ont beaucoup à apporter en matière d’innovation environnementale, soit pour valoriser leurs recherches, soit pour adapter certaines de leurs pratiques parfois très anciennes à d’autres marchés, à d’autres usages, à d’autres continents. "Nous devons ouvrir les portes, créer des réseaux, des canaux, des liens, partager les innovations là où elles sont requises", insiste Emily Reichert. Ce réflexe sera sans doute le meilleur moyen d’opérer une révolution climatique sans attendre 2050 ou 2010.

Olivier Descamps

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