«Le métier de juriste se renouvelle totalement par une approche par les risques», M. Houlle
02.05.2023
Gestion d'entreprise

Le 13 avril 2023, Martial Houlle, secrétaire général du PMU, a été élu président du Cercle Montesquieu pour un mandat de 3 ans. Achèvement des projets initiés sous la mandature de Laure Lavorel, nouveaux chantiers et projets à réaliser… le plan d’action du nouveau président marque la dynamique qu’il souhaite donner au Cercle Montesquieu durant les années à venir.
La présidence du Cercle Montesquieu porte un nouveau visage depuis le 13 avril. Martial Houlle, secrétaire général du PMU depuis 2020 et expert en contentieux économique et en conformité, a été élu pour représenter et promouvoir la fonction de directeur juridique, le caractère stratégique de ses missions et, plus largement, défendre la place du droit économique.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Quelles actions des précédents mandats comptez-vous poursuivre au cours de votre investiture ?
Le Cercle Montesquieu est une association qui se nourrit, par essence, des qualités humaines de ceux qui s’y impliquent. Les débats entre les membres sont riches et les travaux réalisés sont de très grande qualité. Il nous appartient de mieux le faire savoir pour imposer la légitimité même de notre association et, à travers elle, de nos métiers. Les efforts engagés en termes de lisibilité, de communications interne et externe doivent se poursuivre, voire s’accentuer et se professionnaliser.
Nous continuerons donc le travail engagé par Laure Lavorel et, précédemment, par Nicolas Guérin. Chaque mandat s’inscrit dans la dynamique de la mandature précédente. C’est une course de relai où la transmission d’un président à l’autre est essentielle.
Que considérez-vous comme devant être amélioré dans la profession de directeurs juridique ?
Ce n’est pas tant une question d’amélioration que de la nécessaire prise en compte, par les directeurs juridiques, des évolutions générées par les chocs technologiques et de conformité auxquels leurs métiers sont confrontés et qui impliquent une mutation profonde.
Le rôle, les missions du directeur juridique, la reconnaissance du droit et de sa fonction dans l’entreprise sont aujourd’hui questionnés par le caractère impératif des normes de conformité qui procèdent pour beaucoup d’entre elles d’un ordre public de direction. La notion même de risque a changé. Dans cet univers de conformités multiples, le directeur juridique est, je pense, la fonction la mieux armée pour mettre en œuvre les programmes de conformité nécessaires, protéger les intérêts de l’entreprise et la tenir indemne d’un risque d’infraction de plus en plus prégnant. De ce point de vue, le droit dans l’entreprise devient stratégique, le rôle du directeur juridique étant essentiel dans un tel contexte.
La confidentialité des avis de ceux qui exercent le droit dans l’entreprise devient un outil fondamental pour les directions juridiques. Il est d’ailleurs curieux que les tenants d’une opposition farouche à ce principe tiennent un discours fondé sur des arguments juridiques du siècle dernier en feignant de ne pas voir les évolutions de conformité des 10 dernières années qui commandent de raisonner différemment.
Quels sont les objectifs que vous souhaitez remplir au cours de votre mandat en tant que président du Cercle Montesquieu ?
L’objectif essentiel consiste encore et toujours à continuer d’imposer la légitimité du Cercle Montesquieu, et de la fonction de directeur juridique à travers lui, à la fois dans le monde des professionnels du droit, de l’entreprise et à l’égard des pouvoirs publics. Toutes les actions entreprises, les travaux et réflexions engagés s’inscrivent dans cette quête de légitimité.
A cette fin, nous allons recentrer la gouvernance du Cercle avec un conseil d’administration permettant d’assurer une meilleure représentativité de nos membres où chaque commission sera représentée par un administrateur (ce qui n’est pas le cas actuellement). Le bureau a également été profondément renouvelé avec de nouveaux visages également dans cette optique.
Des comités d’orientations stratégiques seront activés autour de trois thèmes : la reconnaissance du droit - et de nos métiers - dans l’entreprise notamment face aux chocs de conformité et technologiques, la promotion des produits du Cercle et création de nouveaux produits le cas échéant, le développement des actions de pédagogie pour nos membres et d’attraction des jeunes générations (étudiants) vers nos métiers (comprenant des réflexions sur la création éventuelle de plateformes de stages et d’alternances etc.).
L’un des objectifs essentiels consistera également à poursuivre la croissance engagée du nombre de membres du Cercle, à faire du Cercle Montesquieu la 1ère association de directeurs juridiques. Toutes les pistes de croissance seront étudiées, que ce soit pour les directeurs juridiques de groupes cotés ou non, familiaux, des starts up, etc.
Les réflexions concernant l’évolution de la fonction de directeur juridique à l’égard des enjeux de conformité, de gouvernance et de RSE seront également poursuivies, ainsi que celles visant à mieux appréhender, à travers la Factory du Cercle, les évolutions technologiques qui impactent nos métiers.
Les actions visant à accentuer le rayonnement international du Cercle, notamment par le biais de partenariats avec des homologues étrangers seront poursuivies et accentuées ainsi que celles visant à consolider notre maillage géographique national. Enfin l’un de nos axes forts consistera à mieux accompagner nos membres en transition professionnelle.
Travaillez-vous avez d’autres associations pour promouvoir la place du droit dans l’entreprise ?
Dans le cadre de nos réflexions et travaux, l’AFJE est un partenaire évident, si ce n’est idéal. Nos efforts communs, dans le cadre de stratégies partagées, pour l’obtention du legal privilege le montrent.
Les enjeux auxquels sont cronfontés ceux qui exercent le droit dans l’entreprise commandent de réfléchir à un véritable partenariat industriel entre le Cercle et l’AFJE.
Nous travaillons également avec Paris Place de Droit qui porte haut et fort le combat de l’attractivité de la place de Paris et au niveau européen avec l’Ecla (European Compagny Lawyers Association) qui représente les intérêts communs des juristes d’entreprise européens.
Que conseillerez-vous aux jeunes juristes qui recherchent un emploi ?
L’exercice de juriste est un métier à part entière, singulier, technique et de plus en plus au cœur de la stratégie de l’entreprise. C’est un métier de convictions où il faut en permanence trouver l’équilibre entre la mise en œuvre d’une règle de droit impérative et les intérêts économiques et commerciaux de l’entreprise. C’est un challenge qui n’a rien de paradoxal : si l’objet social de l’entreprise ne consiste évidemment pas à faire du droit, l’entreprise ne peut poursuivre son objet social qu’au regard de la règle de droit. Placé au carrefour de telles contingences stratégiques, il faudrait être fou pour ne pas tenter l’aventure !
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