Le Cercle Montesquieu milite pour que davantage d’administrateurs de société soient juristes. Mais que peut apporter la profession aux conseils d’administration ? Quel est le rôle de la fonction d’administrateur indépendant ?
Béatrice Bihr souhaite faire « la publicité des juristes dans les conseils d’administration ». Et cette directrice juridique et secrétaire générale du groupe Servier, elle-même administratrice de sociétés, n’est pas la seule ce jeudi 17 mars, alors que le Cercle Montesquieu organise une table ronde sur le sujet animée par Le Crayon Média. Tous les intervenants défendent le besoin de diversité dans les conseils d’administration et plus précisément de juristes.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Le Conseil d’administration fixe le cap et la stratégie de l’entreprise. Il est responsable de sa finance, de sa bonne organisation. Il surveille la gestion des risques et nomme ainsi que révoque les dirigeants de l’entreprise, énumère Marie-Noëlle Zen-Ruffinen, avocate au barreau de Genève et administratrice de sociétés elle aussi. L’idée est à la fois d’aider et de contrôler la direction générale qui peut notamment « éprouver sa stratégie » auprès d’experts variés, résume Béatrice Bihr. Bref, les administrateurs « challengent » les dirigeants, explique Guillaume Sarkozy, lui aussi administrateur de sociétés mais ingénieur.
Attention, l’administrateur ne se substitue pas aux dirigeants en interne : « Poser des questions, notamment juridiques, ne signifie pas qu’on va les traiter. On sert plutôt à identifier le risque que l’entreprise n’a pas identifié », précise Christiane Féral-Schuhl avocate et administratrice de sociétés.
« Sur le travail de définition de la stratégie, le regard croisé des administrateurs est très intéressant », estime Christiane Féral Schuhl. D’où l’intérêt d’avoir un CA diversifié. Elle observe donc que même si « les profils financiers continuent d’être fortement demandés », « celui de juriste l’est de plus en plus ». Il semblerait que la France enregistre encore un retard en la matière par rapport aux pays anglo-saxons. En revanche, Béatrice Bihr fait remarquer que la loi Copé-Zimmermann qui a imposé un quota de femmes dans ces instances a contribué à augmenter le nombre de juristes étant donné que la profession est très féminisée.
Et tant mieux, puisque « les juristes ont toute leur place dans les conseils d’administration », sourit la directrice juridique de Servier. Elle vante leurs atouts : « Les juristes sont des gens qui, de par leur fonction, ont une vision très transerverse », ont pour habitude de « regarder vers l’avenir », savent faire preuve d'agilité et « garder la tête froide » en cas de risques élevés. Elle ajoute : « Quand on est juriste en entreprise, avoir un regard distancié sur les documents qu’on nous soumet est dans notre ADN ».
Marie-Noëlle Zen-Ruffinen poursuit : « Un juriste dans un conseil, avec le pragmatisme qui l’accompagne, donne un grand confort, notamment parce que, par déformation professionnelle, il est soucieux du détail ». Bien sûr, les compétences en performance extra-financière, compliance et gestion des risques peuvent ici être mises à contribution.
Mais attention, « vous pouvez avoir un juriste qui n’a jamais fait de fusion acquisition et qui sera autant démuni que les autres. Donc plus que la fonction, c’est le parcours qui est important », modère Christiane Féral-Schuhl. Selon Guillaume Sarkozy, une expérience en ressources humaines est un plus.
« Développer sa curiosité au-delà des compétences juridiques » est le premier conseil que donne Marie-Noëlle Zen-Ruffinen aux juristes qui seraient intéressés pour occuper de tels postes. « Il faut sortir de sa zone de confort », abonde Béatrice Bihr, qui conseille d’activer son réseau et faire savoir son souhait autour de soi pour être sollicité. Bref, décrocher un premier poste d’administrateur indépendant est « un mélange de hasard, d’audace et de compétences », résume Christiane Féral-Schuhl.
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