[Infographie] Présidentielle 2022 : quel bilan pour E. Macron ?

[Infographie] Présidentielle 2022 : quel bilan pour E. Macron ?

05.04.2022

Représentants du personnel

Nous vous proposons un article et une infographie comparant les engagements formulés par le candidat Emmanuel Macron lors de la présidentielle 2017 aux réalisations effectives de son quinquennat.

Il n'est pas si aisé de confronter les engagements d'un candidat à son action une fois parvenu au pouvoir. En effet, qui aurait pu deviner précisément il y a 5 ans qu'un mouvement social comme les gilets jaunes allait secouer la France, qu'une pandémie planétaire allait paralyser le pays ou encore qu'une guerre majeure allait survenir en Europe ? Et, cerise sur le gâteau si l'on peut dire, que la préoccupation du chômage (qui justifiait en 2017 des propositions aussi opposées que le revenu universel et la réforme du code du travail) céderait la place à l'obsession du pouvoir d'achat ? Ces événements et ces évolutions ont bien sûr changé la façon dont l'exécutif a gouverné.

L'activité économique dopée par les fonds publics

Par exemple, ce n'était pas prévu, mais l'activité économique a été massivement soutenue sur fonds publics. A rebours des engagements d'Emmanuel Macron, notre endettement public a bondi (1), mais cette politique a permis d'éviter, via l'activité partielle et les aides aux entreprises, de très probables faillites et suppressions d'emplois. En 2022, la France connaît d'ailleurs le taux de chômage le plus faible depuis 15 ans. Une situation que l'exécutif met au crédit de ses différentes réformes, qu'il s'agisse de la formation professionnelle, de la baisse des impôts et cotisations pesant sur les entreprises ou encore du barème en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse (2). Tous ces éléments ont sans doute dopé les investissements étrangers en France, de même que le plan de relance décidé pendant la crise a relancé les investissements industriels. Mais le paradoxe de l'économie française reste sa fragilité, son manque de compétitivité à l'export et sa dépendance vis-à-vis de la consommation intérieure. Ainsi, malgré la progression de 7% du PIB l'an dernier (après -8% en 2020), la balance commerciale de la France a affiché en déficit record de 84,7 milliards d'euros en 2021, contre 64,2 milliards en 2020 (3).

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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La crise sanitaire et l'invention d'un droit "mou"

La crise sanitaire, qui a succédé sur ce plan aux oppositions syndicales, a fini aussi par avoir raison de la réforme des retraites qui, elle, était pourtant prévue. Certes, avec les ordonnances Travail, Emmanuel Macron a montré dès le début du quinquennat son envie de contourner les partenaires sociaux, d'aller vite, de contrôler étroitement l'action de son gouvernement et de laisser peu de marges au Parlement, ce qui a produit des textes assez rapidement applicables, comme la révolution du comité social et économique (CSE).

Notons que l'Assemblée nationale, fortement rajeunie et renouvelée, a été dominée par une majorité présidentielle peu au fait de ses prérogatives et notamment de la nécessité d'un contrôle de l'exécutif -une tâche finalement assurée par un Sénat resté dans l'opposition (voir par exemple la commission d'enquête sur les cabinets de conseil). Mais il n'était pas non plus prévu que l'exécutif soit amené à contrôler à ce point la vie sociale de notre pays, à coups d'ordonnances et de protocoles : un "droit mou" a été inventé pour adapter constamment les règles de vie commune aux nécessités de la santé publique (voir notre analyse sur le droit mou dans notre podcast sur l'année 2020).

Ce "droit mou" s'est traduit par une avalanche de consignes évolutives auxquelles les salariés et les entreprises ont été confrontés (télétravail voire confinement, réunions du CSE en visioconférence, gestes barrières, port du masque, vaccination obligatoire, passe sanitaire, etc.), avant qu'une décision, très politique, de levée de la plupart de ces restrictions ne soit décidée quelques semaines avant la présidentielle. Les uns voient dans cette politique une forme d'abus de pouvoir grignotant les libertés et infantilisant les citoyens, une période d'atonie démocratique qui participerait de l'actuel désintérêt public pour cette présidentielle. D'autres estiment qu'il s'agit de s'adapter de façon réaliste et souple aux conditions du moment et que cela a permis le maintien d'une activité économique et sociale vitale pour le pays comme pour les individus.

La crise sanitaire et la montée des revendications salariales

Quoi qu'il en soit, cette situation a généré également son lot de revendications, de la part notamment des salariés exposés en première ligne (les professionnels de la santé ont bénéficié de revalorisations salariales lors du "Ségur") ou en deuxième ligne (travailleurs de la distribution, du nettoyage, de l'agroalimentaire, des salariés souvent mal rémunérés, voir notre article).

Malgré les diverses primes destinées à faire face à la hausse des prix de l'énergie, et aux nombreuses mesures du quinquennat (suppression des cotisations salariales maladie et chômage avec un financement de la protection sociale de plus en plus fiscalisé donc dépendant de l'Etat, prime exceptionnelle de pouvoir d'achat, etc.), on peut estimer que la situation sociale dont va hériter le prochain président ou la prochaine présidente reste, sinon tendue, du moins incertaine du fait de cette inflation menaçante.

Les changements qui ont bousculé les acteurs sociaux

Mais si les événements majeurs de ce quinquennat ne pouvaient être prévisibles, force est de constater, en revanche, que de nombreux engagements pris par le candidat Macron, quoi qu'on pense sur le fond de ces évolutions, ont été réalisés : réforme du code du travail avec une primauté donnée à la négociation d'entreprise sur de nombreux sujets (voir notre schéma), simplification des instances représentatives du personnel (voire notre série de vidéos sur le bilan qu'en tirent les élus des CSE), réforme de l'assurance chômage et de la formation professionnelle. Des changements qui ont parfois bousculé les acteurs sociaux au point de transformer "les corps intermédiaires" en spectateurs voire commentateurs de l'action du gouvernement.

Il est sans doute encore tôt pour dresser un bilan, même si l'on voit ici et là déjà apparaître des évaluations critiques (voir notre article sur les ordonnances et la mise en place du CSE) voire déjà s'appliquer, comme dans la formation relativement au manque de financement patent, des correctifs inévitables. D'autres engagements pris en 2017, au contraire, ont été zappés comme le chèque syndical ou la lutte contre les discriminations syndicales. Vous le vérifierez dans l'infographie ci-dessous. Elle complète l'infographie interactive que nous vous avons proposée la semaine dernière sur les propositions sociales des douze candidats à la présidentielle. 

 

(1) En 2021, selon l'Insee, le déficit public a représenté 6,5% du produit intérieur brut (161 milliards d'euros), avec un endettement public de 2 800 milliards d'euros, soit 116% du produit intérieur brut.

(2) Fin 2021, le taux de chômage au sens du BIT (bureau international du travail) est en France est de 7,4% de la population active, soit 2,2 millions de personnes. Mais ce chiffre ne doit pas faire oublier qu'au total, la France compte, selon la Dares, 5,3 millions de demandeurs d'emploi (-6% sur un an), 708 000 personnes inscrites à Pôle emploi n'étant pas tenues fin 2021 de rechercher un emploi (catégorie D, par ex : formation, contrat de sécurisation professionnelle, maladie, etc. et catégorie E, par ex : création d'entreprise, contrat aidé).  

(3) Malgré les reprises d'installation en France, l'industrie continue de détruire des emplois dans notre pays, et notre balance commerciale s'est encore creusée par rapport à nos pays voisins, voir notre article

 

 

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Bernard Domergue
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